Lyon. Libération conditionnelle de l'agresseur de Marin acceptée, c'est l'incompréhension pour Audrey Sauvajon

L'agresseur de Marin, condamné en 2018, va-t-il retrouver prochainement la liberté ? Condamné à sept ans et demi de prison, il a vu sa demande de libération conditionnelle acceptée mercredi 29 avril. Audrey Sauvajon, la mère de Marin, se dit "dépitée". Le parquet a fait appel de cette décision.
 


Elle n'est pas en colère mais bouleversée et "dépitée", Audrey Sauvajon, la mère de Marin, ne cache pas son incompréhension après avoir appris la nouvelle le 30 avril. "Quelque chose m'échappe, ce n'est pas possible que quelqu'un fasse la moitié de sa peine, jamais je n'aurais imaginé que cette décision puisse tomber si rapidement!" 
 

Demande de libération acceptée, c'est l'incompréhension!


Pour Marin, dont la vie a été "brisée" et qui conserve encore de lourdes séquelles de son agression en novembre 2016, c'est aussi le choc. Le brillant étudiant en Sciences Politiques de 19 ans avait été violemment frappé à la tête pour avoir défendu un couple qui s'embrassait.
Marin avait notamment reçu plusieurs coups de béquille. Atteint d'un grave traumatisme crânien, le jeune homme s'est retrouvé 11 jours dans le coma, entre la vie et la mort.
L'auteur des faits est un adolescent alors âgé de 17 ans, au passé judiciaire déjà chargé.
Marin aujourd'hui poursuit toujours une rééducation. Il doit vivre avec de lourdes séquelles physiques, neurologiques et psychologiques. 

La nouvelle d'une libération conditionnelle de son agresseur est "difficile à digérer et Marin n'avait pas besoin de ça" confie Audrey Sauvajon qui aurait souhaité que l'agresseur de son fils purge sa peine. 
Malgré l'interdiction faîte à l'agresseur de son fils de s'approcher, Audrey Sauvajon a aussi une grande appréhension. Elle redoute que les chemins de son fils et de son agresseur se croisent à nouveau "Je ne suis pas tranquille pour mon fils, je ne sais pas ce que son agresseur est capable de faire, quel est son état d'esprit !"

Un projet de sortie de prison et "des gages de réinsertion"


En 2018, Yanis avait été condamné à sept ans et demi de prison pour "violences avec usage ou menace d'une arme suivie de mutilation ou infirmité permanente".
L'agresseur était mineur au moment des faits, le procès s'est déroulé à huis clos devant la Cour d'assises des mineurs de Lyon. Il est actuellement derrière les barreaux au centre de détention de Roanne, dans la Loire. Parvenu à la moitié de sa peine, le jeune détenu a déposé une demande de libération conditionnelle.
Cette dernière a été acceptée par la justice. La décision est tombée mercredi 29 avril. Selon son avocate, Maître Anne Guillemaut, contactée ce vendredi 1er mai, une première demande avait déjà été déposée en fin d'année dernière et rejetée. 

"Aujourd'hui Yanis a montré des gages de réinsertion devant le juge d'application des peines," explique-t-elle. Le jeune homme, selon elle, a entamé un travail psychologique et addictologie, passé des examens en prison, il a eu "un bon comportement" derrière les barreaux et il a un "projet de sortie".
Elle explique que son client a passé un CAP en électricité en prison. Selon elle "il rassemble toutes les caractéristiques pour bénéficier d'une libération conditionnelle".
Elle précise "qu'il a obtenu plusieurs permissions de sorties qui se sont bien passées! Yanis a le droit comme chacun de bénéficier d'un aménagement de peine". Maître Anne Guillemaut rappelle que son client avait écopé du maximum de la peine encourue lors du procès à Lyon. 

"Il a essayé de tuer Marin parce qu'il était contrarié"


De son côté Audrey Sauvajon, évoquant d'importants risques de récidives formulés par des experts lors du procès, ne cache pas ses doutes. "Je ne suis pas sûre qu'il ne représente plus un danger pour la société".
"Il a essayé de tuer Marin parce qu'il était contrarié! A-t-il seulement compris ce qu'il a fait? Et pourquoi cela se passerait mieux aujourd'hui? Est-ce que la colère ne va pas l'emporter?"
s'interroge encore la mère du jeune homme,  Elle ne cache pas non plus ses doutes sur la sincérité de ses excuses. "Il n'est pas extrêmement désolé de ce qui s'est passé."

Concernant la réinsertion de l'agresseur de son fils, elle explique simplement: "je n'ai pas de mépris pour ses projets mais je n'y crois pas!" Audrey Sauvajon est loin d'être opposée au principe de réinsertion, "mais ce qui est arrivé à Marin, ce n'est pas quelque chose d'anodin." 
Et Audrey Sauvajon se demande comment son fils va pouvoir "avancer" après cette décision de libération conditionnelle. Elle s'interroge aussi sur le message qui serait envoyé à l'agresseur de son fils "qui pourrait se dire qu'il s'en sort bien mieux que prévu."

Pour l'avocate lyonnaise "même si cela parait étrange pour le grand public, la libération conditionnelle n'est pas une libération sèche. Pendant la durée de la peine, le condamné doit rendre des comptes à la justice. C'est aussi un gage de réinsertion!"  
Cette  libération conditionnelle s'appliquait à partir du 5 mai mais le parquet a fait appel. Le jeune homme devrait être accueilli chez son père. Pour l'heure, pas de date d'audience et l'appel est suspensif, "Yanis reste donc pour l'instant en prison," a indiqué Maître Guillemaut.

 
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