Jean-Marc Morandini décentralise son émission ce mercredi 24 novembre à la Guillotière, dans le 3e arrondissement de Lyon. Le quartier a connu plusieurs descentes de police pour traiter l'insécurité et l'incivilité. L'animateur a choisi comme invité un élu du RN, Rassemblement national. Les Daltons et les antifa ont menacé de perturbé l'émission.
Décentraliser ses émissions sur le terrain, de nombreuses chaînes le font. CNews, via l'émission de Jean-Marc Morandini a choisi de la faire à la Guillotière, dans le 3e arrondissement de Lyon.
Le quartier était sous le feu des projecteurs ces derniers mois en raison de l'insécurité et l'incivilité.
Le collectif ''Guillotière en colère'' avait poursuivi l'Etat.
Mais que l'animateur de l'émission Jean-Marc Morandini invite un élu du Rassemblement National, en l'occurrence Jordan Bardella, est-il une provocation, sachant que d'autres intervenants sont prévus ? Nous avons posé la question au politologue Daniel Navrot.
''Nous assistons à une course à l’échalote où l'objectif est de capter de nouveaux téléspectateurs, de faire le buzz. Ce buzz sera démultiplié sur les réseaux sociaux. Le fait que Jean-Marc Morandini fasse l'émission avec Jordan Bardella est très significatif. Il va là où il y a un risque d'incident. C'est une forme d'instrumentalisation d'un événement, voire une volonté de le créer. C'est mettre de l'huile sur le feu''.
Un média est libre de faire son émission où il le souhaite. Il est libre de choisir ses invités. Mais la méthode interroge.
''Dans les années 80, poursuit le politologue Daniel Navrot, au Canada, du temps des médias communautaires et participatifs, il y avait ce que l'on appelait des shows de chaises. Ce sont des émissions en plateau qui pouvaient durer des heures et qui étaient très peu coûteuses. Mais les téléspectateurs se sont lassés. Les émissions ont commencé à se faire sur le terrain. En l'occurrence, à la Guillotière, l'émission est in vivo, sur le terrain mais dans un contexte tendu on peut s’interroger ''.
Les Daltons et les antifa ont menacé de perturber l'émission
Les Daltons et les antifas ont menacé de perturber l'émission. Les forces de l'ordre ont donc été mobilisées pour sécuriser le quartier et l'émission.
''L'émission n'est pas vraiment in vivo car le fait d'avoir annoncé l'émission a obligé les autorités à sécuriser, analyse Daniel Navrot politologue. La relation entre Jordan Bardella et les gens qu'il croise ne sera pas naturelle mais formatée''.
''Morandini crée une situation complexe''
''Ni les Daltons ni les antifas ne font la loi, poursuit Daniel Navrot. Mais avec cette émission in situ, Jean-Marc Morandini crée une situation complexe. C'est une sorte de piège où la situation n'est pas claire, elle est même très obscure. Les responsabilités des uns et des autres sont engagées et entremêlées. Inviter Jordan Bardella (RN) est un choix politique de CNews. Il ne pouvait pas inviter Eric Zemmour, il l'avait déjà fait à Drancy. Pourquoi avoir invité Jordan Bardella et pas un candidat des LR ou de gauche ? C'est la ligne rédactionnelle générale de la chaîne qui ne signifie pas forcément un soutien à un candidat. Tous les grands médias font des choix politiques, au sens noble. Là nous ne sommes pas dans la noblesse''.