Le jeune photographe Bastien Doudaine était dans le cortège de la manifestation de Lyon, samedi 5 décembre, contre la loi de sécurité globale, pour couvrir l'évènement tout en le supportant. Nous l'avons suivi dans cette journée très particulière pour lui, à quelques jours d'un procès très attendu.

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Son appareil photo dans la main, il observe et accompagne les militants et les manifestants présents à Lyon ce samedi 5 décembre, venus en grand nombre protester contre la loi de sécurité globale (près de 5.000 personnes selon une estimation de la préfecture). Au-milieu des slogans comme "Darmanin démission!", et entre deux vagues de gaz lacrymogène, Bastien Doudaine scrute l'avancée du cortège, à la recherche du bon cliché.En décembre 2019, c'est lui qui avait photographié ce qu'il nomme une "agression gratuite" de la part de policiers qui se seraient acharnés à Lyon contre Arthur N., un jeune de 23 ans qui a eu 9 dents cassés et une blessure à la mâchoire supérieure.

"Pour la liberté de la presse"

Bastien est médecin à mi-temps, et photographe engagé. En plein travail, il nous explique que "l'article 24 peut être très libre d'interprétation, et peut être préjudiciable pour la liberté de la presse et pour la liberté en général en France. On ne pourrait plus filmer ou photographier les forces de police. C'est pour ça qu'il y a autant de monde aujourd'hui."

Il salue les autres photographes professionnels en les croisant et discute avec eux. En plein cortège, le voilà devant une fanfare avec des jeunes hommes qui dansent et sautent sur place. "J'essaye de chercher des angles de vue, des cadrages un peu particuliers, mais c'est un vrai challenge à chaque fois."

"Ce texte de loi me fait peur"

Avec de simples lunettes de piscine pour se protéger les yeux des gaz lacrymogènes, Bastien joue des coudes et court en première ligne, comme ses autres collègues, pour prendre en photo un groupe d'agitateurs partis provoquer les CRS, dans une rue adjacente au cortège. Il fait son travail, tout en comprenant le sens du mouvement. "Je couvre l'évènement, mais j'ai une position personnelle qui joue également. Ce texte de loi me fait peur pour la liberté de la presse. On a une légitimité à être là, pour effectuer notre travail dans de bonnes conditions." Le voilà qui court juste à temps, avant la réaction de la police qui tient à distance les provocateurs.

Les photos d'Athur, blessé, ont fait le tour des médias

Place Bellecour à Lyon, mardi 10 décembre 2019. La manifestation lyonnaise contre la réforme des retraites se termine quand un jeune homme, Arthur N., subit des coups violents à la mâchoire et se retrouve avec 9 dents cassées.
Arthur accuse les policiers de l'avoir agressé sans motifs. Les images de Bastien montrent en partie la scène. On y voit le jeune homme se faire attraper par des agents de police. On aperçoit ensuite la victime à terre, et des CRS qui semblent lutter pour le maîtriser. D'autres photos montrent ensuite le jeune homme la bouche en sang. 5 clichés successifs, qui témoignent du déroulé des faits. Sans ces photos, et la médiatisation qui s'en est suivie, la victime, Arthur, n'aurait pas pu porter plainte selon le jeune photographe. Arthur dit avoir voulu porter plainte deux fois, sans succès. Ce ne serait qu'avec la diffusion des photos dans les médias que sa plainte aurait été reçue selon lui.

Pour Bastien le photographe, tout ceci n'aurait pas pu se passer, si la loi et son article 24 étaient appliqués: "Avec cette loi, telle qu'elle est rédigée actuellement, je pense que je me serais posé la question à deux fois avant de diffuser ces images, de les montrer. Cette loi, on ne sait pas du tout comment elle peut être interprétée. La formulation est tellement large. Quand on voit des policiers passer à tabac un jeune homme, quoi qu'il ait fait, forcément ça risque de leur causer du tort que des personnes puissent voir ces photos. Ça m'aurait empêché de le faire."

Une audience très attendue est prévue ce jeudi 10 décembre au tribunal de Lyon. Deux policiers sont accusés de "coups et blessures par personne dépositaire de l'autorité publique".
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