Le prédicateur controversé Abou Anas invité d'une conférence à Lyon dimanche

Un association musulmane invite le prédicateur Nader Abou Anas, pour une conférence publique à Lyon dimanche 8 décembre. Cet homme est connu pour avoir tenu des propos discriminants à l'égard des femmes.

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"Les causes du divorce". C'est l'intitulé de la conférence que doit tenir le prédicateur Nader Abou Anas ce dimanche 8 décembre, à l'espace Viviani, dans le 8e arrondissement de Lyon, alors que ses propos sur les rapports hommes-femmes ont plusieurs fois créé la polémique.

 

"Les hommes ont autorité sur les femmes"

Nader Abou Anas est connu pour tenir des prêches sur la plateforme Youtube, qui concentrent des dizaines, voire des centaines de milliers de vues. Mais dans un de ses anciennes prêches, exhumée par des membres de l'extrême droite, il rapporte que, selon les lois coraniques, "les hommes ont autorité sur les femmes. La femme vertueuse obéit à son mari. (...) Elle ne sort de chez elle que par la permission de son mari. (...) Qu'elle sache que les anges la maudisse toute la nuit dans le cas où elle se refuse à son mari." 
 
 

"La femme n'a pas le droit de se refuser à son époux"

Sur Twitter, la candidate RN à la mairie de Lyon Agnès Marion publie un autre extrait d'un de ses prêches polémique, dans lequel le prédicateur explique, au sujet de "la cause de séparation de beaucoup de couples", que "chaque fois qu'un homme appelle sa femme dans son lit et qu'elle s'y refuse, celui qui est dans le ciel se met en colère contre elle, jusqu'à ce que son mari soit satisfait d'elle. (...) Même en étant indisposée, la femme n'a pas le droit de se refuser à son époux." 
    

Le RN demande l'interdiction

Des personnalités du Rassemblement National de Lyon demandent l'interdiction de cette réunion publique, au regard de "ses déclarations théocratiques et misogynes". Dans un communiqué commun Agnès Marion, candidate RN à la mairie de Lyon, et Andréa Kotarac, candidat RN à la métropole, dénoncent également la présence, parmi les membres de l'organisation de la conférence, d' "associations communautaristes, certaines liées aux Frères musulmans, d'autres à la mouvance salafiste". Contactée, la candidate à la mairie ajoute : "tout le monde dénonce ses propos mais ce serait bien qu'il y ait plus que des mots. On attend une réaction du préfet."

 

"Pas de fondement juridique"

Contactée, la préfecture du Rhône indique ne pas pouvoir interdire la réunion publique de dimanche : "il n'y a pas de fondement juridique pour interdire la venue de cette personne. Nous ne pouvons interdire qu'en cas de risques de troubles à l'ordre public. Mais nous serons très attentifs aux propos tenus dans cette réunion, et au moindre propos illégal, nous transmettrons les informations au procureur de la république, qui pourra poursuivre le cas échéant", explique un membre du cabinet préfectoral. La présence de ce prédicateur n'a jamais été interdite lors d'autres réunions publiques similaires organisées précédemment en France. Si les propos de la vidéo incriminée pourraient être illégaux au regard de la loi réprimant les appels à discrimination sur le critère du sexe, la préfecture ne peut interdire préventivement une intervention pour des propos potentiellement illégaux, tout comme dans le cas récurrent des spectacles polémiques de l'humoriste Dieudonné. 

 

"On a tous dit des choses qu'on regrette"

Récemment mis en cause alors qu'il voulait participer à une marche contre l'islamophobie du 10 novembre dernier, M. Abou Anas a publié sur Twitter, le 5 novembre, un post expliquant un changement de position sur le sujet de la condition féminine : "j'ai pris conscience de l'émoi légitime qu'a suscité ma vidéo à propos de la condition des femmes. (...) J'ai beaucoup évolué et suis revenu sur de nombreux propos qui ne reflètent plus ma position sur ces questions." 
 
Contacté par notre rédaction, Nader Abou Anas précise : "on me reprend depuis une dizaine d'année sur [cette] vidéo. A l'époque, ma compréhension de l'islam n'était pas au point. (...) Je me demande pourquoi certains cherchent dans le passé lointain des gens, si ce n'est pour causer du tort. On a tous dit des choses sur lesquelles on évolue ou qu'on regrette. (...) Redisons le sans ambiguïté : les femmes font ce qu'elles veulent de leur vie. Fin."
 

"On est en démocratie"

Le prédicateur Nader Abou Anas est invité par l'association "D'clic Valence", qui organise la conférence, avec le soutien d'une dizaine d'organisations et associations musulmanes de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Une autre conférence, intitulée "Islam et le défi français", est proposée ce dimanche lors de cette réunion publique avec un second intervenant. Contactés, les organisateurs de la conférence regrettent une forme de récupération politique par le RN. Un responsable du collectif reconnaît que le prédicateur a pu commettre des erreurs. "Personne n'est parfait, on peut se tromper, on évolue, non ?" Il ajoute : "on est en démocratie. Nos conférences sont ouvertes à tous. Venez voir ! On fait ça depuis 2010, on n'a jamais eu de soucis. Il n'y a qu'à Lyon qu'on a des oppositions comme celle-là." Une réunion publique similaire, où le prédicateur avait déjà été invité, avait suscité une polémique semblable en 2017.


 




 

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