Le plan social de Boiron, leader de l'homéopathie basé à Lyon, prévoit la suppression de 646 postes et la fermeture de plusieurs sites français. Près de 300 salariés manifestent, mercredi 16 septembre devant le siège de Messimy près de Lyon.
"Résultat en hausse, on l'a dans l'os" ont écrit les manifestants sur une immense banderole. Le spécialiste de l’homéopathie Boiron veut réduire ses effectifs : le plan social prévoit la suppression de 646 postes sur un total de 2.500 salariés, et par ailleurs la création de 134 autres postes.
Ce mercredi 16 septembre, près de 300 personnes manifestent devant le siège à l'appel d'une inter-syndicale CFE-CGC, CFDT et FO, au moment où un comité social et économique (CSE) examine le plan de restructuration. Les syndicats dénoncent la disparition d’environ 25% de l’effectif total.
L’entreprise, leader de la fabrication des médicaments homéopathiques, souhaiterait également fermer 13 établissements de préparation-distribution, dont celui de Grenoble (Isère), sur les 27 présents en France.
Les autres sites qui devraient fermer sont basés à Montrichard (Loir-et-Cher), Avignon, Belfort, Brest, Limoges, Niort, Bois d’Arcy, Ivry, Pau, Rouen, Strasbourg et Toulon. "Sur la branche distribution, on se sépare de la moitié des salariés. Même pour les collègues qui restent aujourd'hui, ça ne nous envoie pas une volonté de l'entreprise de pérenniser cette partie de l'activité" craint Vincent Mounier, délégué central Force Ouvrière.
"Les licenciements ne sont pas la seule issue possible"
"La direction a beaucoup plus à perdre qu'à gagner en faisant ce plan. Dans certaines régions, il n'y aura plus les laboratoires Boiron, en Normandie, dans le Limousin, l'Alsace. Ces établissements font des préparations, servent les clients. Il ont aussi un rôle de lobby, de représentation, auprès des politiques, des universitaires, des médecins. La société fait encore de gros bénéfices. Ce plan n'était pas nécessaire financièrement. On aurait pu faire un plan de départs volontaires, on a beaucoup de salariés qui ont plus de 55 ans" affirme de son côté Alain Cohard de la CFE-CGC.Il ajoute: "Nous avons fait faire une expertise des finances de l’entreprise, le résultat est formel: elles sont saines. Si on veut faire une restructuration, les licenciements ne sont pas la seule issue possible".
La direction de Boiron met en avant la fin du remboursement par l'Assurance maladie de l’homéopathie en 2021: "Un prétexte" selon Alain Cohard, pour qui "ce plan de licenciement massif est dû avant tout à des mesures purement financières dictées par l’actionnariat."
"Une nouvelle donne"
Le plan de restructuration a été annoncé en mars 2020 et ne concerne que la partie française des quelque 3.700 salariés du groupe dans le monde. Pour la direction, il serait nécessaire afin de "pérenniser l'entreprise et assurer son avenir et celui des salariés qui restent. Dans ce projet, il y a la création de 134 postes et une nouvelle organisation de nos équipes commerciales pour pouvoir s'adapter à cette nouvelle donne."
"Une campagne de dénigrement"
Pour Christophe Bayssat, Directeur adjoint de Boiron, "ce plan est effectivement important. Il est dû à la baisse d'activité que nous subissons, suite à l'annonce du déremboursement du gouvernement au 1er janvier 2021. Toute la campagne de dénigrement contre l'homéopathie nous a déjà fait perdre plus de 20% de notre chiffre d'affaire en France. On a demandé au gouvernement un moratoire, on a insisté depuis longtemps."En avril 2019, la directrice générale du groupe, Valérie Lorentz-Poinsot, nous confiait déjà ses craintes sur le déremboursement de l'homéopathie et ses conséquences prévisibles sur l'emploi. Elle mettait également en avant les "nombreuses études" qui confirment l'efficacité de l'homéopathie.