L'épicerie-coopérative lyonnaise située à Gerland (Lyon 7e) souhaite convaincre plusieurs centaines de nouveaux coopérateurs de rejoindre ses rangs et ses rayons. Pour permettre à davantage de familles de bénéficier d'une alimentation produite localement à des prix accessibles.
Créée il y a un an, l’épicerie coopérative Demain souffre de la situation sanitaire. Comme bon nombre de commerces, la fréquentation de la boutique est en baisse alors que le modèle économique repose sur un certain nombre de coopérateurs. Mais voilà, depuis le mois de mars, les ventes ne suivent pas. Et l’épicerie solidaire manque de souscripteurs. « Par rapport aux 520 adhérents coopérateurs inscrits à ce jour, il en faudrait au bas mot trois cents de plus pour faire tourner l’épicerie », constate, contrit, Matthieu Duchesne, l’un des deux salariés de l’enseigne.
La coopérative : un fonctionnement responsable
Pourtant, l’aventure a bien commencé. En octobre de l’année dernière, tout est fin prêt. La coopérative avait son local, 160 m2 dans un quartier récent du 7 e arrondissement de Lyon. Les coopérateurs sont nombreux à se lancer dans le projet. Ils prennent des parts dans la coopérative, entre 10 et 100 euros, et deviennent « actionnaires » de la SAS à capital variable. Sommes qu'ils récupèrent s'ils "sortent" de la structure.
Etre coopérateur, c’est participer à la vie de la microsociété. Définir sa stratégie, choisir les fournisseurs, de préférence bio et producteurs locaux a fortiori. C’est aussi prendre part à la vie du magasin en donnant trois heures de son temps par mois, que ce soit pour tenir la caisse, faire l’accueil, réceptionner des marchandises, assurer les réassorts dans les rayons, s’occuper de l’agencement et des améliorations à apporter. Bref, mettre les mains dans le moteur.
Avec près de 2 000 références pour une soixantaine de producteurs, Demain monte en puissance et ambitionne de rejoindre les coopératives de quartiers qui ont lancé le mouvement, La Louve à Paris (dans le 18 e arrondissement de la capitale, 7 000 coopérateurs et 7 millions d’euros de CA), ou encore La Cagette à Montpellier (3 000 coopérateurs et 2 millions de CA). « L‘arrivée de plusieurs centaines de coopérateurs supplémentaires permettrait de passer la phase actuelle de l’épicerie pour tendre vers une moyenne surface. Pour y arriver, il faudrait être 3 000 coopérateurs. Cela nous permettrait d’obtenir des prix plus intéressants tout en conservant la qualité des achats », considère Matthieu Duchesne, un ancien responsable de point de vente chez KFC.
Ouvert de 11 heures à 20 heures du mardi au samedi, le magasin joue la souplesse. Bientôt, il devrait être ouvert le lundi également. Et si les prix sont aujourd’hui de 10 à 15 % moins chers que dans les circuits bio traditionnels, les coopérateurs de Demain s’évertuent à égaler les prix marchés pratiqués par les autres professionnels. « C’est jouable si nous sommes suffisamment nombreux pour acheter davantage de produits tout en optant pour des producteurs les plus proches possible de la métropole lyonnaise », espère Matthieu. Pour les deux salariés comme les centaines de coopérateurs, contribuer à la vie de la coopérative rime avec implication et engagement pour ne plus subir les politiques de distribution des enseignes. Pour se réapproprier l’alimentation dans un esprit dominé par sa localisation, sa pertinence, la qualité, la valeur de ce que l’on mange pour se nourrir, loin des standards de la consommation marchande.