Dix grévistes qui participent au mouvement des éboueurs depuis 15 jours vont comparaître mercredi au palais de justice à Lyon. La direction de l'entreprise leur reproche d'avoir commis des fautes graves. Leur syndicat considère qu'il s'agit d'intimidation et évoque une atteinte au droit de grève.
Au 16 e jour de grève des services de collecte des déchets ménagers par les salariés du délégataire Pizzorno, la tension monte encore d’un cran. Dans le Progrès de lundi, le directeur de la propreté urbaine du groupe Pizzorno ne cachait son idée d’assigner 10 salariés devant la justice en les menaçant de licenciement pour faute grave. C’est chose faire depuis ce mardi. Dix salariés grévistes ont été presque choisis au hasard pour comparaitre ce mercredi en « référé heure par heure » devant les juges du tribunal de grande instance. Presque car deux d’entre-eux ne sont autres que les délégués syndicaux Solidaires leaders du mouvement, indique Frédéric Leschira, responsable de Solidaires 69.
Ce mardi matin, tous ont reçu à leur domicile une convocation par huissier. Dans de nombreuses familles, la démarche a eu l’effet escompté, fait remarquer un responsable syndical. Tous ont peur. « Des chauffeurs de camions ou des ripeurs qui gagnent en moyenne entre 1200 et 1400 euros nets par mois !
Pour les grévistes, cette convocation devant les juges constitue une mesure d’intimidations pour effrayer les salariés qui réclament une hausse de leurs salaires. Dans un jugement en référé heure par heure, Pizzorno doit apporter la preuve que chacune des dix personnes convoquées a commis une faute. Or, dans le dossier transmis par les huissiers, une centaine de pages selon le syndicaliste, aucun nom n’est formulé. Par ailleurs, il y a des photos qui sont jointes, sur lesquelles on voit des un gréviste portant un gilet jaune parler à un chauffeur dans un camion dans une rue du 6e arrondissement de Lyon. « En quoi cela est-il une faute, une preuve de blocage ? », s’insurge Frédéric Leschira. Pour Frédéric Leschira, cette convocation au palais de justice n’est ni plus ni moins une atteinte au droit de grève.
Dans un communiqué, la direction de Pizzorno justifie son action en justice par le fait que "depuis le 2ème jour de grève, le Groupe fait constater par huissier de justice des actes de violence et de malveillance survenus à l’encontre de ses personnels non-grévistes, de son matériel et de ses installations. Ces faits ont justifié une assignation en référé aux fins d’expulsion des salariés grévistes "
Ce mardi, la négociation est plus que jamais en panne. Lundi, des grévistes de Pizzorno se sont rendus devant l’hôtel de métropole et ont rencontré son président, David Kimelfeld. Ce dernier a notamment déclaré qu’il voulait pousser la société à régler le conflit et assumer ses responsabilités. Dans un communiqué, la métropole évoque « des pénalités financières prévues dans le contrat si la grève n’était pas terminée ce jeudi. »