L'Opéra et le musée des Beaux-Arts de Lyon arrêtent le mécénat qui les liait au géant de la filière pétrolière, Total.
La majorité écologiste de la ville de Lyon a adopté en novembre dernier une nouvelle charte du mécénat, incluant les enjeux environnementaux. Elle écarte donc le géant des opérations de mécénat à Lyon. «Total continue à aller prospecter pour rechercher des hydrocarbures, de nouveaux gisements mais surtout ce qui lui est reproché c'est d’avoir, depuis les années 70, financé un lobby très important pour contrecarrer ce qui sont des vérités scientifiques concernant le réchauffement climatique, et les effets négatifs des hydrocarbures sur le réchauffement climatique (...). C'est avec cette attitude que l'on n'est pas d'accord aujourd'hui» précise Audrey Henocque, première adjointe au Maire de Lyon.
Avec cette nouvelle charte, la ville de Lyon souhaite «mettre en avant des valeurs positives de protection de l'environnement et de justice sociale». L'objectif est clair, attirer des entreprises «qui ont envie que leur image soit associée à Lyon, capitale de l'écologie» précise l'élue.
Une décision saluée par Greenpeace
Dans un tweet, Greenpeace Lyon se félicite de la décision de la ville de Lyon.
L'organisation fait part de sa satisfaction et encourage d'autres villes à faire de même. "A l’heure de l’urgence climatique, accepter des subventions de la part d’entreprises climaticides n’est plus acceptable. Les institutions qui reçoivent des financements de majors pétrolières et gazières comme TotalEnergies doivent se poser la question de leur responsabilité dans la lutte contre le changement climatique. A Lyon, c’est désormais chose faite, après plusieurs mois d’échanges entre le groupe local Greenpeace de Lyon et la mairie, ainsi qu’avec l’opéra».
L'opposition demande de la transparence
Georges Képénékian, ancien adjoint à la culture et membre de l'opposition, pense que cette charte est une orientation justifiée mais demande «de la prudence et de la transparence». Pour l'élu, la nouvelle charte est trop fermée «Elle est en train de définir les bons et les mauvais. Ceux qui ont un bilan environnemental acceptable et ceux qui ne l'ont pas. C'est penser aujourd'hui qu'une entreprise est figée dans ses choix (...). Il s'est créé une commission qui n'est constituée que de membres de la majorité et qui décident au cas par cas l'application de cette charte. C'est complètement obscur. Je trouve que ce n'est pas le bon schéma».
Entre 2004 et 2017, le musée des beaux-arts de Lyon a bénéficié de 2,462 millions d'euros de la part de Total.
De son côté, Total a pris acte de la décision. «Il est tout à fait normal qu'au bout d'un certain temps, il soit mis un terme à ce type de collaboration afin de permettre une ré-allocation des budgets, et l'ouverture à d'autres bénéficiaires» réagit le groupe.
Aujourd'hui, 150 partenaires contribuent à des opérations de mécénat pour la ville de Lyon à hauteur de 3 millions d'euros chaque année.