C'est un témoignage rare du 16e siècle et de la vie des bords de Saône à Lyon : une pirogue-vivier arrivée au musée Gadagne en novembre 2020 est dévoilée pour la première fois depuis sa restauration ce 10 mars 2021.
Depuis son arrivée il y a 5 mois au musée Gadagne à Lyon, elle reposait silencieusement comme un secret précieux à l'intérieur de sa coque. Il aura fallu près de trois heures pour sortir cette barque exceptionnelle du coffre où elle était maintenue à l'abri. Les archéologues ont dû retirer les 200 boulons qui fermaient l'imposante caisse aux allures de sarcophage. Puis, deux épaisseurs de mousse et de plastique en dessous, la barque s'est dévoilée avec toutes ses empreintes du passé.
La pirogue-vivier a été découverte par les archéologues de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) lors des fouilles du parking Saint-Georges, situé dans le Vieux-Lyon non loin de l'Hôtel de Gadagne. Des fouilles menées en 2003 et 2004. Après plusieurs siècles d’abandon dans les fonds vaseux de la Saône, l’épave de cette embarcation datant du 16e siècle était fortement dégradée.
Elle a été restaurée pendant trois ans à l’atelier régional de conservation ARC-Nucléart (CEA - Grenoble).
Ce vestige exceptionnel sera exposé au musée Gadagne comme la pièce maîtresse de la future exposition du Musée d'Histoire de Lyon, intitulée "Les pieds dans l'eau".
Une activité portuaire importante depuis l'Antiquité autour de l'Eglise Saint-Georges
Les fouilles ont permis d'en apprendre plus sur cette zone urbaine depuis l’époque gallo-romaine jusqu’au milieu du 19e siècle, date de la construction des quais actuels en bordure de Saône.
Les archéologues ont mis au jour une quantité impressionnante de vestiges, datant de l'antiquité au milieu du 19e siècle. Au total, 140 000 fragments et 1 915 objets ont été découverts : de petits ossements liés à l’alimentation des habitants, des céramiques, des armes blanches, des éléments d’habillements, de la vaisselle, des ustensiles de maison et seize embarcations échouées sur cette zone.
Parmi les bateaux retrouvés figuraient sept bateaux-viviers datés du 16e siècle. Il faut dire que la Saône a joué le rôle d’artère principale de circulation et d’approvisionnement de la ville de Lyon. Sur la rive droite de la rivière, une activité portuaire intense existait dans le quartier Saint-Georges depuis l'Antiquité.
A quoi servait la barque-vivier ?
L'embarcation était équipée d'un réservoir où étaient placés les poissons capturés. Il s'agissait de les conserver vivants jusqu’au moment de leur consommation ou de la distribution. Le poisson pêché dans la Saône était directement vendu frais à proximité, sur le marché.