Pourquoi certains patients font-ils des formes graves de Covid ou souffrent-ils de Covid long ? Peut-être pour des raisons génétiques. C'est la conclusion d'un laboratoire genevois, qui travaille avec le Centre de Recherche International sur les maladies Infectieuses, basé à Lyon.
Nous sommes au Centre International de Recherche sur les maladies Infectieuses. Ici, on travaille depuis des années sur la sclérose en plaque. Cette maladie neurodégénérative est provoquée par une toxine, elle-même produite par des rétrovirus, c'est-à-dire des virus hérités de nos ancêtres, inscrits dans notre ADN. Les chercheurs ont observé le même phénomène chez les patients atteints de formes graves du Covid.
« Ce qu’on a vu c’est qu’on avait des similitudes troublantes entre les processus qu’on a appris à connaitre et à étudier dans le cadre de la progression de la sclérose en plaque, et ce que l’on observe dans la phase aigüe du Covid »
Les études ont mis en évidence le rôle des rétrovirus dans les cas graves du Covid et dans les Covid-longs. Les rétrovirus endogènes humains (HERV) sont des conséquences rétrovirales dérivées d’infections ancestrales et constituent 8% du génome humain. Ils sommeillent dans les gènes jusqu’à ce qu’un événement extérieur, une infection virale par exemple, vienne réveiller les protéines de ces rétrovirus.
Dans le cas du Covid, Le SARS-COV 2 serait l’élément déclencheur qui libère une protéine toxique, la HERV-W ENV.
L’étude menée avec l’université italienne montre que cette protéine est présente à forte dose dans le sang des patients souffrant de Covid-19 sévère et l’est moins chez les patients qui développent des formes bénignes ou asymptomatiques. Plus la quantité de cette protéine dans le sang est élevée, plus les problèmes respiratoires des patients sont importants.
L'hypothèse : c'est qu'il y aurait des prédispositions génétiques chez certains individus à fabriquer cette toxine en présence du Covid. A Lyon, les chercheurs du CIRI ont reproduit le phénomène sur des échantillons de sang, où la protéine est bien apparue dans 20% des cas. Pour ces chercheurs, il faut maintenant analyser comment certains individus fabriquent cette protéine toxique et d'autres pas.
« On est en train d’étudier comment, par quel mécanisme, on peut le moduler, avancer dans le traitement qui pourra représenter un avancement très très grand dans le traitement contre le Covid »
De son côté, le laboratoire genevois GeNeuro réalise des essais cliniques d’un traitement pour neutraliser les effets pathogènes des HERV chez les patients atteints de sclérose en plaque. Il se dit prêt à démarrer des études pour évaluer son candidat médicament chez les patients atteints de Covid-19. Le laboratoire présente les grandes lignes de son étude sur son site internet.
« L’enjeu maintenant c’est de faire des essais cliniques pour traiter les personnes concernées, la population à risques, et de vérifier si la neutralisation de cette protéine améliore la situation clinique de ces patients. »
Progresser dans la recherche génétique fondamentale, avancer sur un traitement potentiel des cas les plus graves et les plus handicapants de Covid-19, tels sont les enjeux des travaux conjoints des scientifiques lyonnais, genevois et italiens. Se pose aujourd’hui la question des moyens financiers nécessaires pour avancer dans cette voie. Le laboratoire GeNeuro présentera ses recherches aux investisseurs potentiels lundi 19 avril.