Etranglés par l'épisode de Covid 19 qui tarde à se terminer, tout comme l'industrie du tourisme, les VTC lyonnais doivent aussi composer avec des pistes cyclables largement étendues par la Métropole pendant le confinement, "sans concertation" dénoncent les VTC.
C’est un mouvement qui veut taper là où ça fait mal : sur le pont de la Guillotière et sur le quai Gailleton à Lyon. L’ACIL, l’association des chauffeurs indépendants lyonnais, appelle à manifester vendredi 19 juin après-midi pour protester contre ce qu’elle appelle les "Coronapistes cyclables".
À partir de 14h30, ils viendront de toute la métropole pour protester contre ces pistes cyclables qui ont été mises en place par la Métropole à la fin du confinement "sans concertation" avec ses professionnels du transport urbain.
Des chauffeurs VTC "totalement ignorés"
À l’époque David Kimelfeld, patron de la Métropole a présenté « plan d’urbanisme tactique « pour encourager les "solutions de mobilités actives", expliquant qu’il avait été élaboré "avec les maires et les associations".
Pour Mehdi Mejeri, président fondateur de l’ACIL, cette concertation a complètement ignoré les VTC, pourtant acteurs incontournables de la mobilité à Lyon.
Victimes collatérales d'un combat politique
Forte de 600 adhérents, l’association estime être la victime d’une surenchère politique entre l’actuel patron de la Métropole et les écologistes, en situation favorable à l’issue du premier tour des élections métropolitaine et municipales.
"On n'est pas dupes", souligne d’un ton aigre-doux Mehdi Mejeri. "Toutes nos demandes auprès de la Métropole ont reçu des réponses qui n’en étaient pas, presque des retours de mails automatiques".
Des temps de trajets multipliés par 2,5
À l’heure actuelle, avec le nouveau dispositif cyclable de 12 km supplémentaires dans Lyon -prévu pour être encore étendu- sur les axes principaux (comme le quai Gailleton ou le pont de la Guillotière), l’ACIL estime qu’en heure de pointe le temps de trajet est multiplié par 2,5. Autant dire qu’il rend l’activité de VTC extrêmement aléatoire, puisque les bouchons dissuadent les clients potentiels.
C’est juste incroyable, quand le SYTRAL - l’autorité organisatrice des transports urbains, ndlr- réfléchit à des nouveaux plans de déplacement, il faut trois ans d’études. Là, ça c’est fait en même pas deux mois.
Les VTC durement touchés par la crise du Covid
"On n'est pas contre le vélo, mais on multiplie les axes sécurisés pour des deux-roues là où d’autres existe déjà. Et on observe que ces coronapistes sont très peu utilisées. La volonté d’améliorer le quotidien d’un certain nombre de cyclistes doit s’arrêter quand elle empiète sur le quotidien des autres."
Les 600 adhérents de l’ACIL sont d’autant plus remontés qu’ils ont été très durement touchés par l’épisode de Covid 19, comme l’ensemble des acteurs du tourisme et des entreprises vivant dans l’écosystème du monde des affaires. Des mois sans ressources, et un fond de solidarité qui ne compense qu’une partie des pertes. Au point que certains "sont sortis" explique Mehdi Mejeri.
Un secteur précarisé par des dispositions sans cesse changeantes
Il faut dire que le secteur est traditionnellement « balloté » par des dispositions réglementaires changeantes, des règlements ou des commissions de plateformes à géométrie variable ou des textes purement et simplement inadaptés ( comme -par exemple- le plafond de 30 000 euros de chiffres d’affaire pour les auto-entrepreneurs).
"Aujourd’hui, c’est très simple, explique Mehdi Mejeri. Crise plus coronapistes, ça donne la fin du transport à Lyon. Ce que nous voulons, c’est le retrait de ces pistes et l’étude au cas par cas de chaque aménagement."
Combativité
Pour ces professionnels de la route, qui estiment passer entre 12 et 15 heures par jour dans leur voiture pour des salaires à peine décents, la motivation est très forte. Ils annoncent un mouvement qui devrait durer jusqu’en début de soirée, et envisagent la suite avec combativité.