Près de 400 taxis de la Haute-Garonne sont rassemblés dès ce mardi 26 novembre à Toulouse (Haute-Garonne). Les artisans protestent contre la baisse de la rémunération que leur accorde la Sécurité Sociale pour le transport de personnes vers les établissements de santé. La grève pourrait se prolonger plusieurs jours.
Le rendez-vous était matinal. À 6h30 ce mardi 26 novembre, plusieurs centaines d'artisans taxi de la Haute-Garonne ont convergé vers les allées Jean-Jaurès de Toulouse. Prêts à dérouler le plan d'action peaufiné depuis plusieurs jours via les réseaux sociaux. Au programme, pas d'opérations escargots jugées impopulaires, mais une démonstration de force ciblée sur plusieurs lieux de santé de la ville.
La CPAM en ligne de mire
Dès 8h, une centaine de voitures taxi ont pris la direction de la Caisse Primaire d'Assurance Maladie. Véhicules stationnés devant l'édifice, sit-in, distribution de tracts aux allocataires, et représentants syndicaux reçus par la direction. Le message est clair, les taxis refusent l'entrée en vigueur de la future convention organisant le transport des patients. Prenant acte des perturbations, la Caisse a décidé de fermer l'accueil au public pour la journée.
"Pédagogie"
Par groupes d'une cinquantaine de véhicules, les taxis du département se sont également installés aux entrées des deux hôpitaux de la ville, du Pôle Oncologie ainsi que de la clinique Pasteur, afin de "filtrer" les entrées et "faire de la pédagogie" auprès des usagers qu'ils souhaitent sensibiliser aux conséquences des changements en cours.
Menace sur l'emploi des artisans taxi
"C'est simple, on veut se débarrasser de l'artisanat". Stéphane Abeilhou ne décolère pas. Jusqu'au bout, le porte-parole du syndicat de taxis OST31, le principal en Haute-Garonne, a espéré que la profession serait entendue par les décideurs politiques nationaux. Mais l'ultime réunion de conciliation lundi 25 novembre au soir dans les locaux parisiens de la CNAM s'est soldée par un échec. Les taxis de toute la France ont donc décidé de crier ensemble leur désarroi.
La faute au "trou de la Sécu"
Confrontée à un déficit de 15 milliards d'euros de sa branche maladie en 2024, la Sécurité Sociale cherche les économies à tout prix. La Caisse nationale d'assurance maladie consacre plus de 6 milliards d'euros par an aux transports de patients. C'est trop selon la Caisse, qui a choisi de réduire ses remboursements aux transporteurs conventionnés dès 2025. "Mais nous ne représentons que 1.8% des dépenses totales de la Sécu" tient à préciser Stéphane Abeilhou.
40% de revenus en moins au 1er janvier 2025
Stéphane Abeilhou a fait ses comptes. En Haute-Garonne, le versement de la Sécurité sociale aux taxis passera de 1,62 € à 1,10 € le kilomètre. Soit une baisse moyenne de 30 à 40 % du chiffre d’affaires annuel des artisans. "Plusieurs dizaines d'entreprises ne s'en remettront pas" se désole le porte-parole du syndicat OST-31.
Un dixième des taxis pourrait se retrouver au chômage, soit plus d'une centaine d'emplois supprimés en Haute-Garonne.
Stéphane Abeillhou, porte parole OST-31
Le monde rural encore plus touché
En France, les transports sanitaires couvrent l'essentiel des revenus des artisans taxis. Mais la pilule sera plus dure à avaler en milieu rural et périurbain, là où le transport de patients représente 80 à 100% de leur activité. Le porte-parole des taxis y craint des drames à venir. "Je connais des collègues qui n'osent pas dire à leur femme qu'ils se droguent pour tenir".
Vous savez, il y aura des suicides.
Stéphane Abeilhou, porte-parole du syndicat de taxis OST-31
Transport partagé : au risque des patients, et des transporteurs
Autre sujet de discorde entre la CNAM et les artisans taxis conventionnés : la multiplication des transports partagés souhaités par la Caisse. Plusieurs patients sont alors véhiculés en même temps pour leur rendez-vous vers les établissements sanitaires.
Pour Stéphane Abeilhou, c'est une fausse bonne idée d'économies. "Imaginez, je transporte une personne âgée, et une future maman. Pendant que j'accompagne la personne âgée en soins, la maman accouche seule dans la voiture, et ça se passe mal. Qui sera responsable ? Qui va payer ?"
Demain, les patients devront se payer le taxi s'ils veulent un service correct. Qui en a vraiment les moyens ?
Stéphane Abeilhou, porte-parole des taxis OST-31
Nouvelle mobilisation la semaine prochaine ?
En parallèle aux démonstrations de force partout en France, les représentants des taxis sont également entrés à nouveau en discussion ce mardi avec la direction de la CNAM. Et les organisations syndicales lancent un ultimatum : "si rien ne bouge, nous envisageons déjà une nouvelle journée d'action dès la semaine prochaine".