Plusieurs centaines de taxis de la Haute-Garonne se rassemblent dès ce mardi 26 novembre à Toulouse (Haute-Garonne). Les artisans protestent contre la baisse de la rémunération que leur accorde la Sécurité Sociale pour le transport de personnes vers les établissements de santé. La grève pourrait se prolonger plusieurs jours.
"C'est simple, on veut se débarrasser de l'artisanat". Stéphane Abeilhou ne décolère pas. Jusqu'au bout, le porte-parole du syndicat de taxis OST31, le principal en Haute-Garonne, a espéré que la profession serait entendue par les décideurs politiques nationaux. Mais l'ultime réunion de conciliation lundi 25 novembre au soir dans les locaux parisiens de la CNAM s'est soldée par un échec. Les taxis de toute la France ont donc décidé de crier ensemble leur désarroi.
La faute au "trou de la Sécu"
Confrontée à un déficit de 15 milliards d'euros de sa branche maladie en 2024, la Sécurité Sociale cherche les économies à tout prix. La Caisse nationale d'assurance maladie consacre plus de 6 milliards d'euros par an aux transports de patients. C'est trop selon la Caisse, qui a choisi de réduire ses remboursements aux transporteurs conventionnés dès 2025. "Mais nous ne représentons que 1.8% des dépenses totales de la Sécu" tient à préciser Stéphane Abeilhou.
40% de revenus en moins au 1er janvier 2025
Stéphane Abeilhou a fait ses comptes. En Haute-Garonne, le versement de la Sécurité sociale aux taxis passera de 1,62 € à 1,10 € le kilomètre. Soit une baisse moyenne de 30 à 40 % du chiffre d’affaires annuel des artisans. "Plusieurs dizaines d'entreprises ne s'en remettront pas" se désole le porte-parole du syndicat OST-31.
Un dizième des taxis pourrait se retrouver au chômage, soit plus d'une centaine d'emplois supprimés en Haute-Garonne
Stéphane Abeillhou, porte parole OST-31
Le monde rural encore plus touché
En France, les transports sanitaires couvrent l'essentiel des revenus des artisans taxis. Mais la pilule sera plus dure à avaler en milieu rural et périurbain, là où le transport de patients représente 80 à 100% de leur activité. Le porte-parole des taxis y craint des drames à venir. "Je connais des collègues qui n'osent pas dire à leur femme qu'ils se droguent pour tenir".
Vous savez, il y aura des suicides.
Stéphane Anbeilhou, porte-parole du syndicat de taxis OST-31
Transport partagé : au risque des patients, et des transporteurs
Autre sujet de discorde entre la CNAM et les artisans taxis conventionnés : la multiplication des transports partagés souhaités par la Caisse. Plusieurs patients sont alors véhiculés en même temps pour leur rendez-vous vers les établissements sanitaires. Pour Stéphane Abeilhou, c'est une fausse bonne idée d'économies. "Imaginez, je transporte une personne âgée, et une future maman. Pendant que j'accompagne la personne âgée en soins, la maman accouche seule dans la voiture, et ça se passe mal. Qui sera responsable ? Qui va payer ?"
Pas de blocage
Les taxis du département ont donc décidé de converger dès ce 25 novembre vers Toulouse, afin de dire leur colère, et "faire de la pédagogie" auprès des usagers.
Demain, les patients devront se payer le taxi s'ils veulent un service correct. Qui en a vraiment les moyens ?
Stéphane Abeilhou, porte-parole des taxis OST-31
Au programme, pas d'opérations escargots jugées impopulaires, mais plusieurs distributions de tracts devant les centres hospitaliers, et démonstration de force devant la Caisse primaire d'assurance maladie. Et les organisations syndicales lancent un ultimatum : "si rien ne bouge, nous envisageons déjà pour mercredi 26 novembre une grève totale des transports sanitaires, partout en France".