Entre une place Bellecour quasi déserte et une gare de la Part-Dieu grouillante de voyageurs, les avis étaient mitigés après la soirée électorale de ce dimanche 9 juin. Si la montée de l'extrême droite n'est pas qualifiée de surprise par les Lyonnais, la stratégie du président quant à la dissolution les a interloqués.
Les avis sont tranchés ce lundi matin sur la place Bellecour. Les Lyonnais réalisent qu'ils vont devoir retourner aux urnes pour élire de nouveaux députés, nationaux cette fois.
Une montée de l'extrême droite prévisible selon les Lyonnais
Le premier lyonnais interrogé ne mâche pas ses mots. "Macron a déconné sec, dit-il, lui et son gouvernement, ils ont assommé les retraités, ils ont assommé les chômeurs. Il y a un ras-le-bol général. Moi je vous le dis, le FN va sortir en 2027." Quand on lui demande si c'est selon lui une bonne nouvelle, il répond "on verra, il faut leur laisser une chance. La dernière fois que j’ai voté, c’était en 2017, Maintenant, ce qu'il peut arriver, je m’en moque complètement." L'homme de 64 ans, interrompt la conversation, il doit aller travailler dans une entreprise de nettoyage.
Place Bellecour toujours, un autre homme, Jean-Luc, autour de la soixantaine analyse le résultat des élections. "Je suis surpris que Macron arrive en deuxième position. La poussée de l’extrême droite, ce sont les électeurs de Macron qui sont mécontents de sa politique."
Pour Lou, une jeune femme d'une vingtaine d'années, cette élection ça n’a pas été facile. "Déjà, je ne savais pas pour qui voter, et puis il y a TikTok et les réseaux sociaux qui ont impacté les gens, notamment les jeunes à voter pour Bardella.
Pour la dissolution, je pense que Macron n’avait pas le choix, mais ça va ramener du Front National à l’Assemblée Nationale", conclut-elle.
Sur le parvis de la gare de la Part-Dieu, Philippe la petite quarantaine s'arrête pour nous donner sa vision de la situation. "En France, la montée de l’extrême droite, on la voit arriver depuis des années, à chaque élection. On voit que ce parti-là (le RN) engrange de plus en plus de voix. J’aimerais bien la combattre, rétablir ce qui me paraît mieux à moi pour le pays, une plus grande démocratie, avec une plus grande acceptation de l’autre."
En revanche, ce que les Lyonnais n'ont pas vu arriver, c'est la dissolution de l'Assemblée Nationale par le président.
La dissolution surprise
"Ça m’a surpris, je ne m’y attendais pas", dit Francois, "j’irai voter pour les législatives, c’est important, pour essayer de mettre en place ce dont on a envie pour le pays."
Tout aussi pragmatique mais plus inquiète Maryline, partage ses craintes pour l'avenir. "Ce qui me surprend dans la décision politique, c’est de mélanger le résultat des européennes et l’engagement des Français pour l’Assemblée Nationale de demain, indique-t-elle. Je crains qu’il y ait un amalgame entre les enjeux. Au niveau européen, il n’y avait pas trop d’enjeux, alors que là c’est différent. Les enjeux nationaux français le RN à la tête du gouvernement, et Bardella, premier ministre, ça m’inquiète."
Selon elle, "cette poussée du Front National (involontairement, elle redonne au parti son ancien nom), ce sont les Français qui demandent un électrochoc pour que la politique change." C'est très clair dans sa tête et dans ses propos, "Le gouvernement Macron ne fait pas face aux difficultés des Français, les gilets jaunes n’ont pas été entendus." Elle poursuit "Je vois dans ma famille, tous les gens qui ont entre 70 ans et 90 ans, ils ont voté RN et ça, ça m’inquiète pour l’avenir de mes enfants et de mes petits-enfants."
À peine sorti de l'adolescence mais déjà titulaire d'une carte d'électeur, Midreck s'exprime lui aussi sur une soirée qui a pris une tournure étrange. " Je reconnais que les élections ont été très mouvementées. Il y a beaucoup d’évènements sociaux qui arrivent en ce moment et je pense que la montée de l’extrême droite, c’est une réponse à tout ce qu’il se passe, tout le monde en a en a marre. Il a fait un coup de poker pour voir s'il peut reprendre un peu la main au niveau de l’Assemblée Nationale."
La stratégie présidentielle désarçonne Emilie, également, "rebattre les cartes ou dérouler le tapis rouge au FN..., elle laisse sa phrase en suspend, son regard dubitatif et sa moue répondent pour elle. La dissolution m’a surpris, plus que la poussée du FN car ça existe dans d’autres pays européens. Mais, en tout cas, il va falloir le contrer rapidement", conclut-elle.
Les élections législatives se dérouleront le 30 juin pour le premier tour et le 7 juillet pour le second.