Les premiers signalements datent d'une dizaine d'années. A Colombier-Saugnieu, dans le Rhône, sept chevaux étaient laissés sur un terrain, sans nourriture et sans soin. Le 18 mars 2021, la SPA de Lyon et du Sud-Est a constaté des sévices graves sur deux des équidés. Plainte a été déposée.
Un cheval était enchaîné à un arbre. Coincé, il était en train de périr par étranglement. Une pouliche montrait une plaie béante. Sur les sept chevaux laissés à l'abandon sur un terrain à Colombier-Saugnieu, deux présentaient un caractère d'urgence, à tel point qu'ils ont été confisqués sur décision du procureur de la République. Les sévices graves ayant été constatés par la SPA de Lyon et du Sud-Est, les gendarmes ont été appelés pour que les deux chevaux blessés soient déplacés sur un autre terrain, et confiés à l'association Cheval espoir 38. Cinq autres équidés sont en attente de placement, suite à un arrêté municipal.
Plainte pour actes de cruauté
La SPA de Lyon et du Sud-Est et l'association Cheval espoir 38 annoncent avoir déposé plainte pour actes de cruauté. Céline Simon, chargée de communication de l'association iséroise, raconte que la justice a déjà été saisie dans le cadre de cette affaire. "Les premiers signalements datent de 2010. Une jument avait déjà été retirée à son propriétaire en 2013. Et le 9 décembre 2020, le tribunal de police de Lyon a condamné le propriétaire de seize chevaux à plusieurs amendes, ainsi qu'à la remise de l'ensemble de son cheptel dans un délai de quatre mois" à Cheval espoir 38 et à la fondation Brigitte Bardot. Le propriétaire a immédiatement fait appel de ce jugement.
"Il a fait appel, mais il ne s'occupait pas pour autant de ses chevaux", déclare Céline Simon qui s'inquiète encore du sort des équidés. Certes, les deux chevaux blessés ont été officiellement confiés à l'association Cheval espoirs 38. Les cinq autres doivent être placés sur décision de Pierre Marmonier, le maire de Colombier-Saugnieu. "Les chevaux sont difficiles à approcher, laissés trop longtemps à l'état sauvage. Du coup, c'est compliqué pour leur prodiguer des soins, les déplacer et les mettre en sécurité".
Au moins 10 ans de maltraitance
L'association Cheval espoir 38 et la municipalité de Colombier-Saugnieu indiquent toutes deux que ce dossier de maltraitance animale remonte à plusieurs années. Céline Simon évoque l'année 2010 pour les premiers signalements. Le tribunal judiciaire de Lyon, lors de l'examen du dossier, précise que la Direction départementale de la protection des populations avait relevé quelques années auparavant des manquements dans le cadre d'un élevage de chiens.
En 2016 et 2017, les enquêteurs de la SPA de Lyon et du Sud-Est procèdent à des visites sur le site de parcage des chevaux. L'état général des animaux est alors considéré comme bon. Puis, le 3 avril 2020, l'association Cheval espoir 38 dépose plainte après qu'un vétérinaire a constaté des "conditions de détention désastreuses".
"La maltraitance animale n'est pas une priorité avec le Covid", déclare Céline Simon tout en s'interrogeant sur le délai de réaction des autorités compétentes. Un accident, impliquant une jument, va sans doute contribuer à accélérer les choses. "Pour rappeler les faits, ces animaux étaient regroupés sur un terrain sans clôture et sans nourriture, ce qui les obligeaient à divaguer sur les routes et dans les champs voisins en quête d’un repas", écrit le maire de Colombier-Saugnieu dans un communiqué de presse.
"Un drame est survenu le 11 janvier dernier lorsqu’au matin, un véhicule ambulancier a percuté de plein fouet un cheval en divagation le long de la départementale 29. Les deux personnes au volant ont été saines et sauves mais l’animal est décédé sur le coup. A ce moment-là, j’ai alerté une fois de plus les autorités : qu’adviendra-t-il la prochaine fois lorsqu’une femme, un homme ou un enfant assis.e sur le siège passager y laissera la vie ?" précise Pierre Marmonier.
L'intervention de la SPA de Lyon et du Sud-Est et les mesures de confiscation décidées le 18 mars 2021 représentent "une victoire pour nous tous, qui avons redoublé d’efforts, depuis toutes ces années. Je suis rassuré du fait qu’aucun animal ne divaguera au péril de vies humaines et que personne n’attentera plus aux vies des chevaux", conclut le maire de Colombier-Saugnieu.