Le 18 mars 1962, les accords d’Evian mettent fin à plus de sept années de conflit entre la puissance coloniale et le Front de libération nationale (FLN). 60 ans après, un colloque était organisé à Saint-Priest par l'association "Ajir pour les Harkis". Une date que chacun célèbre en fonction de ses souvenirs. Et que la nouvelle génération veut également porter, à l'avenir.
Ancien Harki, Abdelkader Hamoumou déteste la guerre... S'il s'engage à 18 ans dans le conflit sanglant, c'est qu'il n'a pas le choix, à l'époque. Deux plus tard, les accords d'Evian sont signés. Consigne est donnée aux préfets de ne pas rapatrier les Harkis en Métropole.
Mais certains officiers français, préfèrent contrevenir à cet ordre.
Grâce à son capitaine, Abdelkader et 195 de ses camarades évitent ainsi les représailles qui ont précédé l'indépendance algérienne de juillet 62.
Pour nous, malheureusement, c'est plutôt un deuil
Mohamed Rabehi, délégué régional de l'association AJIR pour les Harkis
Pour les organisateurs de l'association AJIR pour les Harkis, c'est le présent et l'avenir de la communauté qui importe. "On ne voulait pas faire une journée polémique sur le 19 mars. On a nos amis qui commémorent aujourd'hui cette journée. On le comprend tout à fait. Pour eux, le 19 mars est le symbole d'autre chose. Pour eux, c'était la quille, le retour en métropole, dans une guerre où ils ne se sentaient pas concernés, donc on l'entend. Pour nous, malheureusement, c'est plutôt un deuil", explique Mohamed Rabehi, délégué régional de l'association AJIR pour les Harkis.
On a une responsabilité maintenant. Celle de transmettre une mémoire, de la faire vivre
Ces souffrances, misent sous silence durant des décennies, refont surface aujourd'hui. Petit-fils de Harki, Rayan Benattou en témoigne à sa manière : "Cette mémoire à été longtemps occultée pour moi. Ma mère est une femme très courageuse. Elle était fille de Harki. Elle a toujours décidé d'éviter de m'en parler. Elle ne voulait pas que je grandisse avec ça. On a une responsabilité maintenant. Celle de transmettre une mémoire, de la faire vivre. Faire en sorte que les Harkis ne tombent pas dans l'oubli. Et que, dans 100 ans, on parle encore des Harkis. C'est quand même ça le défi pour nous, les jeunes descendants. Etre fier de pouvoir dire aux prochaines générations : mon grand-père était Harki. Il était un brave".
Deux générations séparent effectivement Rayan et Abdelkader. Pourtant, l'histoire de la guerre coloniale les rassemble aujourd'hui. Un récit qu'ils veulent apaiser, pour aller vers une réconciliation avec l'Algérie, pays de leurs ancêtres. Même si le chemin nécessite encore un peu de patience.