Mort de la gendarme Myriam Sakhri : toujours pas de décision concernant un éventuel procès

Le 24 septembre 2011, la gendarme Myriam Sakhri a été retrouvée morte, caserne Delfosse à Lyon. La justice a conclu à un suicide l'année suivante, mais sa famille ne croit pas à cette thèse. Ce mardi 19 septembre, la chambre de l'instruction devait se prononcer sur la suite à donner à une information judiciaire ouverte en 2021. L'audience a été renvoyée au 24 novembre prochain.

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"On attend le procès pour ma sœur Myriam Sakhri ! Elle le mérite ! Ça fait douze ans qu'on se bat (...) On veut seulement la vérité", déclarait ce mardi après-midi l'une des sœurs de la gendarme sur les marches des 24 colonnes à Lyon. "Il est impensable qu'il n'y ait pas de procès", indiquait aussi l'avocat des parties civiles, Me Vincent Brengarth, avant l'ouverture de l'audience. 

La famille réclame un procès public, à cor et à cri, depuis douze ans. Mais ce combat est encore loin d'être terminé. La chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Lyon vient de renvoyer au mardi 24 novembre une décision sur un éventuel renvoi en procès de l'affaire de cette gendarme retrouvée morte dans une caserne lyonnaise en 2011. Encore un rendez-vous manqué avec la justice pour les proches de la militaire. Explications.

Douze ans de combat 

L'enquête de l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) avait conclu à un suicide "pour raisons personnelles". Mais la gendarme Myriam Sakhri s'est-elle vraiment donnée la mort ? Le 24 septembre 2011, il y a douze ans, la jeune femme a été découverte sans vie dans son logement de fonction, au sein de la caserne Delfosse, dans le quartier Confluence. La militaire avait une balle dans l'abdomen et son arme de service a été retrouvée à ses pieds. La famille n'a jamais cru à la thèse officielle d'un suicide. Et elle mène une longue bataille judiciaire.

Après un premier classement de l'affaire, sa famille, dénonçant la partialité des investigations menées par l'IGGN, avait porté plainte, déclenchant l'ouverture d'une information judiciaire en 2012. Celle-ci avait débouché sur un non-lieu en 2013, confirmé en appel en 2014 puis par la Cour de cassation en 2015.
Avec la réouverture en 2021 d’une information judiciaire pour "harcèlement" et "homicide involontaire", les proches de la militaire ont toujours espoir d'en apprendre davantage. La famille avait obtenu la réouverture de l'enquête il y a deux ans, notamment grâce à de nouveaux témoignages. Cette demande avait été à l'époque soutenue par le parquet général. Ces nouveaux témoignages de gendarmes transmis à la justice étayaient la thèse d'une militaire devenue "la bête noire" de son service après avoir dénoncé les propos racistes, machistes et homophobes de certains collègues.

Pourquoi l'audience a été renvoyée ?

Ce 19 septembre 2023, la chambre de l'instruction à Lyon devait décider s'il y avait suffisamment de nouveaux éléments dans ce dossier pour engager des poursuites judiciaires et ouvrir un dossier. La famille de Myriam Sakhri n'a pas obtenu de réponse.

En fait, lors de l'audience qui s'est tenue à huis clos ce mardi, le même parquet général n'a pas été en mesure de se prononcer sur le fond du dossier, selon l'avocat des parties civiles. Me Vincent Brengarth a en conséquence demandé et obtenu, un renvoi au 24 novembre.

"En avril dernier, le renvoi avait été ordonné d'office par le président de la Chambre d'instruction pour permettre au parquet général de se prononcer sur le fond du dossier. Quelques mois après, le parquet général ne s'est toujours pas prononcé sur le fond du dossier" rappelle l'avocat. "Face à cette absence de réponse, la juridiction a ordonné un renvoi," explique l'avocat.


"C'est un immobilisme qui peut interroger (...) La seule chose que nous voulons à ce stade de la procédure, c'est que le parquet général nous suive dans notre argumentation".
Et il s'interroge : "peut-on imaginer que le parquet ne requiert pas le renvoi de gendarmes dont le racisme a été constaté par les nouveaux éléments de l'information judiciaire ?" L'avocat évoque même "un embarras" dans ce dossier. "Pourquoi est-ce aussi difficile de pouvoir discuter des nouveaux témoignages, de l'ensemble des preuves qui figurent au dossier ? (...) On attend que le parquet général nous suive et qu'un procès puisse se tenir."

"Je reste convaincu que le parquet général, en prenant connaissance de la totalité du dossier et de notre argumentation, va arriver à la conclusion qu'il faut qu'il y ait des mises en examen dans ce dossier", conclut Me Brengarth. Les sœurs de la disparue n'ont pas caché leur déception. 

durée de la vidéo : 00h01mn57s
Intervenants : Nadhira Sakhri (soeur et partie civile) / Me Vincent Brengarth, avocat des parties civiles / Gérard Piegay beau-frère de Myriam Sakhri / Hassina Sakhri, soeur et partie civile (reportage de Y.Marie et L.Crozat) ©France Télévisions

"Zones d'ombre"

Douze ans après sa mort, sa famille n'a jamais cru à la thèse officielle et veut des réponses. Les proches estiment que l'affaire recèle de nombreuses zones d'ombre.

Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux le 12 septembre, la famille a souhaité interpeller Emmanuel Macron. "Il y a des zones d’ombre dans l’enquête sur la mort de Myriam, dit Zineb Harzallah, proche de la famille. Cette vidéo résume le combat d’une famille qui n’obtient toujours pas aujourd’hui les réponses demandées, ni de la part de la justice, ni de la part de la gendarmerie."

Myriam Sakhri est décédée quelques jours après avoir contacté l’Association de défense des droits des militaires et avoir contacté un avocat. La jeune femme de 32 ans s'apprêtait-elle à porter plainte ? Également pompier volontaire, Myriam Sakhri était affectée au Centre d'opérations et de renseignements de la gendarmerie (Corg) du Rhône. Ce service est chargé de répondre aux appels du public. La jeune femme d'origine algérienne se plaignait de racisme et avait notamment dénoncé des faits de harcèlement par des collègues et sa hiérarchie. Des faits dont elle aurait été victime au sein de la caserne. Elle avait engagé un avocat pour porter plainte, et une enquête interne avait été ouverte, dont elle attendait les conclusions. À sa mort, un mot retrouvé à ses côtés, écrit de sa main - "Merci à G. le connard !".

Myriam Sakhri aurait eu 44 ans le 14 septembre dernier. 

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