Mort de Nahel à Nanterre. "Je ne vois pas les choses se calmer", pourquoi la colère gronde dans les quartiers

Au lendemain de la mort du jeune Nahel, les esprits continuent de s'échauffer. Pour certains observateurs qui vivent dans les quartiers, les jeunes se révoltent car ils voient bien qu'il est généralement difficile de rendre justice lorsque la police est impliquée.

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Partout en France, la tension est vive depuis la mort de Nahel à Nanterre, victime d'un tir de policier. De nombreuses villes ont subi des dégradations et des violences urbaines dans la soirée du 28 juin. La crainte de connaitre une nouvelle nuit agitée reste de mise.

Pour les acteurs sociaux, professionnels ou associatifs qui œuvrent dans les quartiers de Lyon, on est dans le même précipité qu’en 2005 ou 1990, lorsque les banlieues s’étaient soulevées pour des faits similaires. Habitante de Vaulx-en-Velin, Laetitia est impliquée dans la vie associative. Jusqu’à présent, elle ne se souciait pas vraiment des coups de chaud dans les quartiers. Mais là, c’est autre chose, un vrai choc. “Honnêtement, je comprends les jeunes qui se rebellent. C’est toutes les banlieues qui devraient se soulever pour protester contre la manière dont on est traités. Il y a un ras-le-bol général et je me sens très en colère.

Les banlieues, dernière roue du carrosse

Mustapha Ghouila, qui fût un Vénissian des Minguettes engagé lors des marches pour l’Égalité dans les années 2000, ne dit pas autre chose. “Pas grand-chose n’a été fait depuis longtemps pour les banlieues. Il est vrai qu'il y a de la bonne volonté dans les quartiers, mais c’est plutôt du côté des associations. Mais même là, c’est toujours compliqué, les subventions qui n’arrivent pas, les postes en moins, ce n’est pas de l’investissement en dur, c’est toujours avec des bouts de ficelle ! D’ailleurs, on marche toujours, preuve que la discrimination est bien présente. 

Dans les rues de Vaulx-en-Velin mercredi dans la nuit, les jeunes étaient très remontés, a constaté Abdallah Slimani, membre du projet PoliCité.

Cette colère, cet émoi suscité par ce coup de feu mortel, traduit la peur ressentie par nombre de jeunes, conscients que ce qui est arrivé à Nahel peut leur arriver aussi. “Ça peut arriver à n’importe qui, voilà ce qu’ils se disent. Depuis la mise en place de la loi du 28 février 2017 visant à élargir l’usage règlementaire des armes à feu au-delà de la légitime défense, le nombre de tirs mortels aurait augmenté de 400%. La notion d’individu représentant une menace dangereuse pour une autre personne pose le problème de l’évaluation du danger ”, explique cet étudiant qui connaît bien cet univers.

Selon lui, les jeunes ne sont pas près de s’arrêter de manifester dans les rues. “Il faut les comprendre, on a beau dénoncer des situations, rien ne se passe. Du coup, ça risque de continuer.

Pour les jours à venir, je ne vois pas les choses se calmer, mais il faut arrêter de casser ce qui nous appartient.

Mustapha, ancien du quartier

Un responsable associatif qui était sur les lieux, dans le quartier du Mas du Taureau la nuit dernière, ressent une profonde tristesse. La mort d’un jeune dans ces conditions ? "Cela ne peut plus, ne doit pas se reproduire", assène-t-il. Dans les quartiers, les ados vivent très mal ce qui vient de se passer. Mais il veut leur faire entendre raison : “ne cassez pas les infrastructures qui sont principalement utilisées par les habitants ”, supplie-t-il. Pour les jours à venir, il ne voit pas les choses se calmer. “Le plus important, c'est d’aller discuter avec les jeunes.” 

Pour Kamel Mouellef, ancien de la Grappinière, l’inquiétude prévaut. Pour lui, impossible de régler la violence par la violence, en dégradant des biens publics qui servent en premier lieu aux habitants qui n’ont que ça à leur disposition. “Oui, il faut descendre en masse dans la rue, ce qui s’est passé est inadmissible. Totalement condamnable. Mais, comprenez que si vous faites bruler une médiathèque, ils ne vont pas la reconstruire de sitôt !” Et d’enfoncer le clou. “Il y a des gens bien partout et des ordures partout. Il faut que l'on se parle et que l'on reconnaisse tout ce qui a contribué à notre pays, quelle que soit l’origine de ceux qui y ont participé. 

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