En nommant des habitants "référents" contre le moustique-tigre, la ville de Vienne cherche à améliorer la transmission des bonnes pratiques contre ses nuisances.
Ce matin, Claude Meyer fait le tour du voisinage. Il vient constater les effets des pièges anti-moustiques installés dans leur jardin. Claude est le « référent moustiques tigres » de son quartier. Un système mis en place par la commune de Vienne en Isère, pour impliquer les habitants dans la lutte contre le fléau.
Transmettre les bons gestes
Claude s’est porté volontaire auprès de la mairie pour prêcher la bonne parole autour de lui. Comme lui, ils sont 25 à avoir été désignés cette année dans différents quartiers de Vienne. Leur mission : sensibiliser leurs voisins aux bons gestes, et leur proposer des pièges à prix préférentiels, en partie pris en charge par la ville. Bien installés, les pièges peuvent réduire les nuisances, mais le plus important consiste à identifier et éliminer les « gîtes larvaires ». Tous les points d’eau stagnante, jusqu’aux plus petits, doivent être asséchés. « On a supprimé tous les sous-vases, et tout ce qui peut contenir des flaques d’eau. Il faut penser à tout, jusqu’aux pieds creux des parasoles, qui peuvent contenir quelques centilitres d'eau, dans lesquels les moustiques peuvent pondre leurs œufs, » explique Pascal Zedde, habitant du quartier.
Passe le message à ton voisin
La ville de Vienne a lancé le système des « référents » de quartier en 2023. « on avait de plus en plus de signalements d’habitants pour qui les nuisances devenaient insupportable », relate Anny Gelas, conseillère municipale déléguée à l’hygiène. On s’est dit qu’il fallait les impliquer directement, et que ça marcherait mieux si l’information était transmise d’un habitant plutôt que de la mairie. Surtout, ça crée une dynamique pour adopter les bonnes pratiques dans tout le quartier. On a commencé l’été dernier avec 23 habitants volontaires, et on espère étendre ce système à toute la ville à terme. » La ville a aussi recruté un chargé de mission pour l'été, qui encadre les référents et sensibilise le grand public en s'appuyant sur une exposition itinérante.
"On ne peut pas l'éradiquer"
En Auvergne-Rhône-Alpes, de plus en plus de communes se mobilisent, car le moustique tigre prolifère : détecté une première fois en 2012 dans le sud de la région, il a conquis tous les départements années après années. Selon Valérie Formisyn, ingénieure en santé-environnement à l'Agence Régionalle de Santé, sa progression ne peut pas être stoppée : « à terme, on s’attend à ce que toutes les communes de la région soient infectées. C’est inévitable. On ne peut l’éradiquer, mais on peut diminuer sa présence en gérant les gites larvaires, pour réduire ses possibilités de reproduction. » Actuellement, le moustique tigre est présent dans un quart des communes de la région. Il est particulièrement présent dans les zones denses, en périphérie des centre-villes, autour des maisons avec jardins, des parcs et des squares notamment. En 2024, deux habitants sur trois sont déjà exposés au moustique tigre dans la région.