Municipales 2020 : à Lyon, Collomb s'allie à la droite pour faire barrage aux verts, il perd son investiture LREM

"Gérard Collomb a franchi une ligne rouge" après l'annonce d'une alliance avec les Républicains pour les élections municipales et Métropolitaines à Lyon, les réactions les plus vives s'enchaînent.

 

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À la Métropole et à la mairie de Lyon, Gérard Collomb, Yann Cucherat (LREM), Etienne Blanc (LR) et François-Noël Buffet (LR) se sont alliés pour rassembler toutes les forces pour faire barrage aux Verts. LREM a donc décidé de retirer l'investiture à Gérard Collomb. 

Il sera l'invité du 19/20 Auvergne-Rhône-Alpes ce vendredi 29 mai.

Pourtant favori dans les sondages, Gérard Collomb était arrivé en troisième place du suffrage métropolitain (17,29 %). Son poulain, Yann Cucherat, avait, lui aussi fini troisième à Lyon avec 14,92 %. Ce sont les Verts qui ont obtenu un score record de 28,46 % à Lyon et de 22,62 % dans la métropole. La droite était deuxième avec 17,01 % à la mairie et 17,67 % à la Métropole de Lyon.


Collomb s'allie avec la droite 

Lors d'une conférence de presse, ce jeudi 28 mai, Gérard Collomb a officialisé cette alliance avec Les Républicains. Il abandonne donc la Métropole. C'est François-Noël Buffet (LR) qui conduirait la liste pour les élections du 28 juin.  À la mairie de Lyon, c'est l'inverse. La liste d'Etienne Blanc (LR) fusionnera avec la liste LREM au profit de Yann Cucherat, candidat à la tête de la ville. "C’est dans l’ADN de cette ville de transcender les clivages", a affirmé Etienne Blanc pour justifier son retrait, lors de la conférence de presse.


Un rapprochement pressenti depuis quelques mois

Si le rapprochement entre Gérard Collomb et la droite était pressenti, personne ne s'attendait, en revanche, à ce que le baron investi par LREM renonce à briguer la présidence de la Métropole au profit de François-Noël Buffet (LR)."C'est un moment qui peut surprendre car nous venons de familles politiques différentes", a convenu l'ex-ministre de l'Intérieur, en prenant la parole aux côtés de ses nouveaux partenaires. "Mais aujourd'hui nous voulons une union pour affronter la crise qui s'annonce et permettre la reconstruction de Lyon"


Un accord Collomb-Wauquiez ?

"Je l'ai proposé dès notre première rencontre", assure Gérard Collomb lors d'une conférence de presse commune, organisée au lendemain d'une entrevue avec le patron de la région, Laurent Wauquiez. Un timing qui n'a pas échappé à leurs adversaires. "C'est un accord entre Collomb et Wauquiez, une alliance contre nature, qui prend la crise actuelle comme alibi, au mépris des électeurs", dénonce David Kimelfeld, candidat LREM dissident à la présidence de la métropole qu'il dirige depuis 2017.


LREM réagit

"Gérard Collomb franchit une ligne rouge" a vivement réagit Stanislas Guerini, le délégué général de LREM. "Je ne peux cautionner un tel accord politique. Je prends acte du retrait de Gérard Collomb de l’élection à la Métropole et demande à la Commission nationale d’investiture de se réunir le plus rapidement possible afin que soit examinée la désinvestiture de Yann Cucherat à Lyon." Le secrétaire d'Etat, Olivier Dussopt (LREM) acquiesce.

 

Les réactions s'enchaînent à gauche comme à droite

Le président du groupe Socialiste et Démocrate, Jean-François Debat, réagit dans un communiqué "Gérard Collomb s'accroche coûte que coûte au pouvoir. A Lyon et dans la Métropole, une alliance avec la droite dure de Laurent Wauquiez vient, toujours plus, confirmer la dérive politique pathétique de Gérard Collomb mais aussi l'ancrage résolument à droite du parti LREM. Comme les faits le démontrent depuis 3 ans, LREM prouve qu'il n'est au final qu'une des composantes libérales de la droite."
 
En 1998, Gérard Collomb, alors conseiller régional, s'était opposé à Etienne Blanc lorsque ce dernier nouait des alliances avec le Front National pour faire élire Charles Millon à la présidence de la région Rhône-Alpes. "Aujourd'hui, ils sont main dans la main et appellent à un «front républicain" pour faire battre la gauche et les écologistes. Qui peut croire que l'alliance du PS et des écologistes -qui au passage dirigent Lyon ensemble depuis 19 ans- serait un danger pour la République ?" ajoute Jean-François Debat.

Cet accord signe pour lui un naufrage tant politique que personnel.

Yann Crombecque, le premier secrétaire fédéral du PS du Rhône, estime pour sa part, que " Gérard Collomb a définitivement marqué sa fin de carrière politique à droite. Cet accord signe pour lui un naufrage tant politique que personnel."

Les petits arrangements avec la droite ont été de toutes les victoires de Gérard Collomb.

Pour la section PCF de Vénissieux, "l'accord entre Gérard Collomb, Etienne Blanc et François Noël Buffet, unissant la REM et LR, n'étonne que ceux qui ne voulaient pas voir. "Les petits arrangements avec la droite ont été de toutes les victoires de Gérard Collomb. Comme en 2014, il a préféré s'en prendre à Michèle Picard plutôt que de soutenir la gauche à Saint-Fons", justifie Serge Truscello.

Il vient de créer la droite plurielle.

Sandrine Runel, tête de liste "La Gauche Unie", dans le 8e arrondissement de Lyon et candidate malheureuse au premier tour des élections municipales, estime que Gérard Collomb "vient de créer la droite plurielle à Lyon". "De cet accord Colomb/Wauquiez, il n’y a rien à attendre", déplore-t-elle.

Cette droite emmenée par François-Noël Buffet épouse le bilan de Gérard Collomb des dernières décennies.

Si la gauche dénonce une "droitisation" de Gérard Collomb, l'extrême droite, elle, y voit plutôt un rapprochement des Républicains vis à vis de la politique de l'ex-minitre. Andréa Kotarac, candidat LR à la Métropole, déplore que "l’accord LR/LREM révèle finalement que cette droite emmenée par François-Noël Buffet épouse le bilan de Gérard Collomb des dernières décennies."

Nous avons refusé de participer à cette mascarade.

Olivier Pirra, tête de liste du parti chrétien-démocrate dans le 5ème arrondissement de Lyon, a rappelé qu'il ne souhaitait pas s'associer à ce rapprochement. Il est pourtant un allié historique des Républicains. "Fidèle à nos convictions, nous avons refusé de participer à cette mascarade qui reviendrait tôt ou tard à soutenir la Macronie, alors que nous dénonçons avec constance la politique de la majorité présidentielle si néfaste pour la France et les Français", a-t-il maintenu.


Défections dans son rang

Certains candidats alliés à Gérard Collomb au premier tour des élections ont fait savoir qu'ils ne soutiendraient pas cette alliance avec la droite. C'est le cas de la Liste de Julien Ranc (circonscription Ouest pour les métropolitaines) qui se désolidarise du maire de Lyon. "Nous avons décidé de reprendre notre totale indépendance et d'entamer le rassemblement de la famille centriste et progressiste de notre circonscription sur une seule et même liste. Des discussions sont déjà en cours avec David Kimelfeld dans ce sens", a précisé le candidat.

Du côté de la mairie de Lyon, Dounia Besson, Gérard Claise, Nicole Gay, Thérèse Rabatel, quatre adjoints de Gérard Collomb ont pris la décision de démissionner après l'annonce de cette alliance. "Il n’est en effet plus possible pour nous d’œuvrer dans ces conditions avec Gérard Collomb et Yann Cucherat pour ce dernier mois de mandat. Il n’y a plus de sens pour nous et pour notre groupe Lyon gauche solidaires à notre travail commun, restant des élu-es portant des valeurs de gauche, sociales et écologiques. Nous ne pouvons pas nous renier", ont-ils déclaré.


La gauche et les écologistes sur la bonne voie?

Hubert Julien-Lafferrière, Député du Rhône dans la 2e circonscription, avance ses billes, et se dit pour une alliance des progressistes et des écologistes à Lyon et dans la Métropole. "Cet accord représente le contraire de ce qui a été mon engagement de deux décennies. Gérard Collomb avait su rassembler la gauche, les écologistes et le centre. C’est pourquoi je regrette profondément aujourd’hui les caricatures qui voudraient faire des forces écologistes un épouvantail, une "menace rouge-verte".


Les écologistes s'affirment en opposition à cette alliance

Grégory Doucet le martèle :"les Lyonnaises et les Lyonnais ont affiché le 15 mars une forte envie de changement écologique pour leur ville." "Plus que jamais nous avons le choix, le 28 juin, entre un projet écologique, humaniste et ambitieux ou un projet du passé qui n'a pour seule ambition que de s'opposer au nôtre."
 

Le choix entre cette coalition anti-climat et sans projet politique et les listes écologistes.


Quant à Bruno Bernard, il estime que "cette alliance entre LR et LREM clarifie les choses. Les grands Lyonnais ont dorénavant le choix entre cette coalition anti-climat et sans projet politique et les listes écologistes ouvertes à toutes celles et ceux qui ont compris les enjeux d'aujourd'hui : réduire les inégalités territoriales et sociales, mettre fin aux pics de pollution, développer une économie de proximité au service de l'humain et de l'environnement, protéger les plus fragiles d'entre nous, pour nos villes et nos métropoles"
 
"Les écologistes travaillent désormais à rassembler toutes celles et ceux qui se retrouvent dans un projet écologique et solidaire", conclut-il.

 

 Divorce prononcé avec David Kimelfeld

Le rival de Gérard Collomb et actuel président de la Métropole, David Kimelfeld avait balayé mardi l'appel du pied de son ancien mentor. Il excluait la possibilité d'un accord avant le second tour de l'élection métropolitaine. 

Un accord politicien hors sol

"Je ne ferai pas d’accord politicien hors sol comme m’y invitent Gérard Collomb (le candidat LREM, ndlr) et François-Noël Buffet (celui de LR), en voulant organiser un rassemblement pour éviter le soi‑disant péril vert", a écrit M. Kimelfeld dans un communiqué.

David Kimelfeld dernier estime que "cette nouvelle donne rebat toutes les cartes". Et il compte bien en discuter avec les Verts dans les prochains jours.
 
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