Après les dernières révélations contre l'abbé Pierre relatant des violences sexuelles et notamment des viols, la Fondation abbé Pierre annonce changer de nom. Emmaüs France et International dévoilent des mesures et une nouvelle onde de choc après les premiers témoignages rendus publics en juillet dernier.
Dans un communiqué publié ce 6 septembre, la Fondation Abbé Pierre a annoncé avoir décidé de changer de "dénomination" et a souligné avoir "initié les démarches prévues à cet effet", dans un communiqué. Cette annonce intervient après la révélation de 17 nouvelles accusations de violences sexuelles à l'encontre du prêtre. Ils viennent s'ajouter aux 7 témoignages rendus publics en juillet 2024.
Dans un document de synthèse de 26 pages, le groupe Egaé chargé d'ouvrir et gérer un dispositif d'écoutes, relate des faits similaires à ceux révélés en juillet dernier. Ces témoignages sont cette fois plus nombreux, et couvrent une période longue de plus de cinquante ans, des années 1950 à 2000. Le rapport présente aussi des faits "graves d'une autre nature", comme des contacts sexuels répétés sur une personne vulnérable et des baisers forcés et autres contacts sexuels sur une enfant âgée de 8 à 9 ans.
Les différentes associations ont affirmé leur volonté de mener un travail sur "l'héritage de l'Abbé Pierre" et "sa place au sein des organisations". "Notre Mouvement sait ce qu'il doit à l'Abbé Pierre", ont précisé les associations dans le communiqué, se déclarant désormais "confronté(e)s à la douleur insupportable qu'il a fait subir".
Colère et déception
Joint par téléphone, le responsable de la communauté Emmaüs de Vénissieux ne cache pas sa colère, qui n'a pas disparu depuis les premières révélations d'il y a un mois et demi. "Ce sont des actes qui n'auraient jamais dû avoir lieu. Il y a aussi beaucoup de déception, mais on continue d'avancer car les bénévoles comme les compagnons savent que notre travail est important, que nos actions et le système Emmaüs fonctionnent", explique Pierre Fanello.
"C'est une chute du piédestal sur lequel était l'abbé Pierre", ajoute-t-il. Mais l'engagement reste, les bénévoles continuent d'apporter leur aide et les clients répondre toujours présents, selon le responsable. À Vénissieux, 120 bénévoles et 90 compagnons composent la structure. La question du rapport à l'image de l'abbé s'avère difficile à trancher. La communauté doit-elle se défaire des posters de l'abbé Pierre qui ornent les murs des locaux ? "On a beaucoup de discussions en interne: tout le monde n'est pas d'accord à l'idée d'effacer toute référence à celui qui a été à l'initiative d'un mouvement qui marche et est reconnu depuis 70 ans", rapporte Pierre Fanello.
Au niveau national, le conseil d’administration d’Emmaüs France a décidé de proposer le retrait de la mention "fondateur abbé Pierre" du logo d’Emmaüs France à l’occasion d’une Assemblée générale extraordinaire, qui se réunira au mois de décembre prochain.
Sous la conduite d’Emmaüs International, une commission d’experts indépendants sera constituée, "afin notamment de comprendre et d’expliquer les dysfonctionnements qui ont permis à l’abbé Pierre d’agir comme il l’a fait pendant plus de 50 ans", précise l'organisation.
Le dispositif d'écoute géré par le groupe Egaé reste ouvert jusqu'au 31 décembre.