OL Group n'a pas encore changé de main, comme cela devait être initialement annoncé le 30 septembre. Officiellement, ce sont des étapes techniques qui retardent l'annonce de la prise de contrôle par le milliardaire américain John Textor. OL group, valorisé 800 millions d'euros, est un cas unique en France d'entreprise centrée sur le sport et le loisir.
La prise de contrôle par le milliardaire américain John Textor d'OL group, maison mère du club de football rhodanien Olympique lyonnais, n'a pu aboutir avant la date annoncée initialement du 30 septembre.
Pour le groupe valorisé à hauteur de 800 millions d'euros, pas de quoi s'affoler, il s'agit uniquement d'un retard dû à des problématique techniques tels que "documentation juridique, notamment pour les principaux financements d'Eagle Football", holding à travers laquelle l'américain doit racheter le groupe, coté en bourse. Bref, finaliser le montage financier.
"un accord ferme" pour Jean-Michel Aulas
Dans un communiqué, le groupe explique qu'il "informera le marché dès que ces discussions auront abouti et qu'une nouvelle date aura été fixée. Ces discussions devraient aboutir dans les tout prochains jours".
Dans un entretien au quotidien sportif l'équipe en date du 20 septembre, Jean-Michel Aulas, "JMA", président d'OL Group ne laissait d'ailleurs aucune place au doute en affirmant : "Il ne faut pas laisser penser que les choses pourraient ne pas se faire. L'accord signé est un accord ferme sans condition suspensive depuis le début. (...) Rien ne suscite d'interrogations".
L'OL, l'ambition d'une vie
Plus ancien président de club de football en exercice, Jean-Michel Aulas a toujours eu pour "son" OL des ambitions énormes.
Des ambitions sportives bien sûr. Il y a d'abord une équipe professionnelle masculine sept fois championne de France et son centre de formation aux qualités unanimement reconnues.
"JMA" peut aussi s'enorgueillir d'avoir porté le football féminin avec son équipe féminine : une des meilleures du monde, si ce n'est la meilleure du monde (quinze titres de championnes de France et 8 titres continentaux).
A cela s'ajoute désormais le club de football féminin américain OL Reign et un tiers du capital du club de basket de l'Asvel Lyon-Villeurbanne.
JMA un patron "visionnaire"
Des ambitions économiques aussi : le groupe, c'est aussi l'OL Vallée avec son vaisseau amiral : le Groupama Stadium, possédé en propre par l'entreprise, qui est une enceinte multifonction accueillant des événements extra-sportifs comme des concerts, et des espaces dédiés aux séminaires ou salons professionnels.
Tout autour, c'est un écosystème dédié au "sportainment", expression chère à Jean-Michel Aulas (contraction de sport et d'entertainment, divertissement en anglais) qui s'est développé.
On y trouve du surf indoor, du bowling ou du fitness mais aussi une offre de restauration étoffée, sur un site qui accueille désormais des structures gérées en dehors du groupe comme un hotel 4*, propriété du Groupe Lavorel, ou encore un pôle de santé.
Dernier bébé en date : une Arena multifonctions de 12.000 places sur le site d'OL Vallée, dont l'inauguration est prévue à l'automne 2023.
Des développement qui font dire à Lionel Maltese, maître de conférence à l'Université d'Aix-Marseille et spécialiste de l'économie du sport, que Jean-Michel Aulas a une politique entrepreneuriale cohérente, engagée dans un territoire, "une vision qu'il a su exécuter, avec ses succès et ses échecs". Un cas quasi unique dans le monde du sport en France.
Un business model venu du Danemark ?
Toutes ces activités diversifiées, mais centrées autour du sport et du loisir, ne sont pas sans rappeler les exemples cités en 2007 par le président Aulas au moment lancer la cotation en bourse du groupe.
A l'époque, un des "business models" était la société Parken, propriétaire du FC Copenhague. Une entreprise propriétaire de son stade multifonction, investissant dans la restauration, le fitness, une compagnie de taxi, etc.
France 3 Rhône-Alpes avait réalisé une série de reportages sur place qui font écho aujourd'hui à l'heure de la "succession". (Ci-dessous, notre reportage du 8 avril 2007 : "le FC Copenhague, modèle de l'OL")
Quid de l'avenir d'OL Group?
Pour le spécialiste de l'économie du sport Lionel Maltese, l'avenir n'est pas acquis pour le groupe OL et pour le club de football en particulier.
Les exemples d'actionnaires étrangers qui pénètrent le milieu du foot sans grand succès sont légion. On pense à Frank Mc Court à Marseille ou encore, l'exemple est extrême, King Street à Bordeaux qui a lâché le club après la chute des droits TV liée au retrait de l'Espagnol Médiapro et à la crise Covid.
Pour lui, la question centrale est la gouvernance du groupe et du club. Si le nouvel actionnaire s'appuie sur les compétences forgées au fil des années, s'il sait assurer un "tuilage" (une transmission des savoirs) entre les équipes en places et les futurs nouveaux entrants, la sauce peut prendre. En somme, pour Lionel Maltese, "le nouvel actionnaire sera-t-il prêt à apprendre d'un patron cédant expérimenté?"
C'est peut-être la direction que Jean-Michel Aulas voudrait faire prendre à cette "succession" en s'assurant de rester 3 ans de plus à la tête du club.