Situé en plein cœur de Lyon, un centre de santé social, dédié aux personnes les plus précaires, va fermer ses portes. Trop endetté, l'établissement va être vendu.
7000 patients en situation de précarité sont désormais sans médecin traitant. Le dispensaire de Sévigné, situé en plein cœur de Lyon dans le 3ᵉ arrondissement, fermera ses portes en janvier 2024 après 205 ans d’activité.
L’établissement de la Fondation dispensaire général de Lyon a accumulé les difficultés économiques et ne peut plus continuer à fonctionner contrairement à ses deux autres centres de Vaulx-en-Velin et de Gerland. “Mais combien de temps vont-ils durer ?” se demande André-Marc Sirot, l’un des médecins généralistes du dispensaire de Sévigné et délégué syndical CFE-CG.
Médecine générale et spécialisée, gynécologie ou encore dentaire, les soignants accueillent les patients sans avance de frais. Chaque année, environ 100.000 consultations permettent aux patients les plus précaires de bénéficier de soins et d'un suivi à moindre coût.
“On ne fait pas de la médecine rentable”
Les 60 soignants du centre qui ont accueilli la nouvelle “avec beaucoup de tristesse”, vont être redéployés dans les deux autres dispensaires. Une solution qui ne règle pas toutes les difficultés pour André-Marc Sirot. On ne fait pas de la médecine rentable. On s’occupe de personnes en situation de précarité. On est en secteur 1 sans dépassement d’honoraires et on est quasiment les seuls à faire ça sur Lyon. Ce n’est pas un modèle de médecine facile”.
Une perte de chance pour les patients
Quelles solutions pour les patients du centre Sévigné ? Les deux autres dispensaires de la fondation à Vaulx-en-Velin et Gerland, “sauf qu’une grand-mère de 80 ans qui se déplace avec une canne et qui n’avait que quelques mètres à faire pour rejoindre le centre de Sévigné ne pourra pas traverser le périph alors que celui-là était en plein cœur de Lyon. C’est une perte de chance pour elle. On s’occupait de beaucoup de personnes fragiles et peu autonomes. On a l'impression de les abandonner et ça nous rend malades”, assure le praticien de Sévigné.
En conséquence, ces patients risquent de se tourner vers les urgences amplifiant l'effet d’engorgement des services. “Ce n’est pas un cadeau que l'on fait à nos collègues”, regrette André-Marc Sirot.