"On ne peut pas garantir la sécurité à 100 %" : La préfète du Rhône s'explique après les violences et dégradations du 1er mai à Lyon.

54 interpellations, 6 manifestants et 19 policiers blessés dont un grave, des dizaines de commerces saccagés et pillés... Le bilan des débordements de la manifestation du 1er mai est particulièrement lourd. Nous avons interrogé Fabienne Buccio, préfète du Rhône, sur l'efficacité du dispositif de sécurité. Pour elle, le bilan des forces de l'ordre reste largement positif.

Lyon a vécu lundi un 1er mai sans précédent. Tant du point de vue de la mobilisation, avec 17 000 manifestants, que du point de vue des dérapages : abribus détruits, vitrines fracturées, véhicules incendiés... Des scènes de guérilla urbaine se sont déroulées dans différents secteurs de la ville.

Un millier de black blocks 

La préfète du Rhône et préfète de région a suivi les événements depuis la salle CIC (Centre d'information et de Commandement) de l’Hôtel de Police de Lyon, où elle dirigeait les opérations aux côtés du Directeur Départemental de la Sureté Publique. Pour la première fois dans un dispositif de sécurisation d’une manifestation lyonnaise, le CIC recevait les images de deux drones engagés sur le terrain. Sur ces 17000 personnes”, précise-t-elle, “il y avait, à l’avant, un groupe de 2000 personnes “à risque” et notamment 1000 black blocks que l’on identifiait par leur habillement et par les parapluies qu'ils utilisaient pour échapper aux caméras des drones. Ce groupe-là n’était pas là pour passer des messages, mais pour casser et pour attaquer la police et tout ce qui représente l'ordre dans notre pays.”   

Pour Fabienne Buccio, le niveau de violence constaté lundi n’est pas propre à Lyon, ni même à la France :c'est un phénomène que l'on retrouve dans de nombreux pays, ce sont plutôt des jeunes qui sont pour le désordre permanent, l'anarchie, et qui sont formés et entrainés. Et puis il y a, autour d'eux, une foule qui se laisse emporter. Le reste du cortège ne pose pas de problème et, pour l’essentiel, n'a pas conscience de ce qui se passe à l'avant et le découvre en cheminant.”

L'efficacité des drones ?

La surveillance par drone n'a pas empêché les violences mais, pour la préfète, elle a tout de même permis d'éviter le pire. "On n'a pas eu de blessé très grave, ni parmi les manifestants ni parmi les forces de l'ordre", tient-elle à rappeler. "Et grâce aux images que nous renvoyait l'un des drones, on a pu voir très distinctement un groupe d'une quinzaine de personnes qui sortait de la manif et se dirigeait vers la mairie du 7e arrondissement. L'équipe de police qui était à proximité a pu intervenir très vite et empêcher que le bâtiment soit fracturé, saccagé, voire incendié".

Fabienne Buccio comprend toutefois que les citoyens, et notamment les commerçants, se posent des questions au lendemain d'une telle journée. Elle en appelle à leur compréhension : "quand un commerce est attaqué, on ne peut pas forcément agir immédiatement : avec la présence de la manif ordinaire, il faut d'abord dégager le terrain et mettre en position la police. Malheureusement, pendant ce temps, il peut y avoir beaucoup de dégâts."

Une passivité des forces de l'ordre ?

"L'ordre public se fait dans certaines conditions pour ne pas prendre de risques pour l'humain, qu'il soit manifestant ou qu'il soit policier," ajoute la haute-fonctionnaire. Et elle défend bec-et-ongle les forces de l'ordre face aux critiques : "On ne peut en aucun cas accuser nos policiers de passivité. Nous leur avons parfois demandé d'être passifs, à la sortie du pont de la Guillotière, par exemple, on leur a donné l'ordre de pas bouger pour former un rempart, alors qu'ils recevaient de nombreux projectiles. Cela a duré un long moment et, croyez-moi, ils n'ont pas bronché et c'était tout à fait remarquable. Et sinon ils ont été extrêmement actifs !". 

Fabienne Buccio renvoie d'ailleurs chacun à ses propres responsabilités. "La sécurité, ça se co-construit, dit-elle. Les policiers passent voir les commerçants avant toute manifestation  pour organiser ce qu'on appelle la "sécurité passive", tout ce qui peut être fait pour protéger les magasins, pour retarder le plus possible l'introduction ou la casse de vitrines." 

Pour conclure sur l'efficacité du maintien de l'ordre, la préfète du Rhône rappelle que 54 personnes vont être présentées devant la justice. "J'espère que nous pourrons apporter les preuves des actes violents commis", indique-t-elle. Le procureur a possibilité de solliciter les images des drones que nous ne pouvons conserver que 7 jours, conformément à la loi." 

Un fond d'indemnisation de l'Etat ? 

Le maire de Lyon, l'écologiste Grégory Doucet, a appelé à la solidarité nationale. Venu à la rencontre des commerçants touchés, il a réitéré sa demande au lendemain des faits. 

Les assurances vont jouer leur rôle, mais il faut la mise en place d'un fond d'indemnisation pour que les professionnels puissent entrer dans leurs frais.

Grégory Doucet

Maire de Lyon (EELV)

Fabienne Buccio explique que ce sont d'abord les assurances qui doivent jouer leur rôle. Pour les demandes d'indemnisation, les sinistrés peuvent toujours faire appel à la justice.

Je ne pense pas que ce soit une bonne solution que de passer tout de suite au fond d'indemnisation, parce que, quelque part, c'est dire qu'on peut casser sans impunité. Si l'État paie, c'est nous tous qui payons.

Fabienne Buccio,

Préfète du Rhône

À Paris ou même à Lyon, l'État a déjà été condamné par le passé à verser des aides financières.

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