"On veut montrer qu'on est perdus", les agriculteurs en colère déposent les panneaux dérobés aux pieds des élus

Les agriculteurs du Rhône ont été rejoints par huit parlementaires ce 18 novembre lors de leur mobilisation devant le musée des Confluences, à Lyon. Un temps d'échange facilité par la dénonciation des deux camps de l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et les pays du Mercosur.

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Ils avaient déjà mis à contribution les panneaux de communes, il y a quelques mois, lors de leurs premières mobilisations. Les agriculteurs veulent de nouveau faire entendre leur colère, avec cette fois une action choc devant le musée des confluences, toujours avec des panneaux de signalisation.

Saint-Forgeux, Morance, Saint-André-la-Cote, Tarare... Les panneaux ont été dérobés la veille par les agriculteurs et sont disposés devant le musée des Confluences. Il s'agit de "montrer à tout le monde qu'on est perdus", justifie Luc Pierron, secrétaire général FDSEA.

Des parlementaires rhodaniens sur le terrain

Pour mieux porter leurs revendications la FDSEA du Rhône et les Jeunes Agriculteurs ont invité des parlementaires à les rejoindre. "Aujourd'hui, cinq députés et trois sénateurs se sont déplacés. C'est un petit peu faible", affirme Élise Michallet, présidente de la FDSEA du Rhône, rappelant que le département compte au total 21 parlementaires. "Il faut que [tous] prennent conscience de l'enjeu de l'agriculture de demain pour leur territoire."

Un enjeu déjà martelé lors de la mobilisation de janvier dernier. Le blocage du pays avait ouvert la porte à des décisions politiques, laissant entrevoir un futur meilleur pour l'agriculture française. "On avait lancé la mobilisation à la suite d’un ras-le-bol, un trop-plein, un malaise du monde agricole. On avait l’impression d’avoir été entendus. On est repartis dans nos fermes. On a eu une année difficile aux niveaux climatique, sanitaire et politique. On a eu l’impression d’être laissés-pour-compte", rappelle Luc Pierron, secrétaire général de la FDSEA du Rhône.

Mais Thomas Gassilloud, député (groupe "Ensemble pour la république") de la 10e circonscription du Rhône, veut se montrer rassurant : "Depuis 2017, étant député, on a fait ensemble de belles choses. En moins d’un an, beaucoup des mesures annoncées se sont déclinées : les trois quarts ont été faits. Le projet de loi d’orientation agricole sera au Sénat début 2025 mais là encore un délai d’un an entre la loi et la déclinaison."

Envoyer une "image positive" de la profession

Même s'il reconnaît que "les choses ne vont pas assez vite", il invite les agriculteurs à "envoyer une image positive de la profession. Il faut qu'on arrive, dans les mois et années à venir, à porter une vision positive pour veiller à l'attractivité du métier", affirme-t-il.

Puis un agriculteur prend la parole à son tour : "Pour que l'agriculture puisse donner une bonne image, il faut qu'on ait une vision à long terme. Aujourd'hui, [...], on n'a pas de vision, seulement à un ou deux ans. Je ne peux par me lever en ayant le sourire le matin", rétorque-t-il.

Mercosur

Mais il y a un point sur lequel agriculteurs et parlementaires s'entendent : ils dénoncent à l'unisson la possible ratification de l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur.

S'il était signé, il "ouvrirait notre marché avec des produits soumis aux normes environnementales et sanitaires bien moins strictes que les nôtres", dénonce Élise Michallet, présidente de la FDSEA du Rhône. Mais  "Ce traité n'est pas "signable" en l'état, rassure le député Thomas Gassilloud. Aujourd’hui, sur les questions de souveraineté, il y a des évolutions importantes et positives dans notre pays : on se rend compte dans notre pays qu’on a besoin de conserver notre souveraineté et on est tous convaincus de ça", poursuit-il.

"Nous avons des délégations au Parlement européen qui vont porter notre voix pour qu’il ne soit pas signé", renchérit  rappelle Sandrine Runel, députée (Socialistes et apparentés) de la 4e circonscription du Rhône. Nous sommes un certain nombre de parlementaires de tous bords politiques à soutenir cette mobilisation", conclut-elle.

Mais ce soutien politique ne semble pas aveugler les agriculteurs. "Quand on est dans un jour comme aujourd’hui, tout est tout beau et tout rose. Ils sont tous de notre côté. On verra dans les jours à venir si la positive attitude qu’ils ont eue face à nous durera, et on saura leur rappeler si tel n’est pas le cas", prévient Élise Michallet, présidente de la FDSEA du Rhône.

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