L'Opéra de Lyon a présenté, ce samedi 17 mars, sa nouvelle saison 2018/2019. Elle est décrit comme audacieuse, décalée et caractérisée par la volonté d'explorer des franges peu connues du répertoire. Un parti pris, qui lui a récemment valu deux prestigieuses distinctions.
"Rien ne doit devenir routine. Cette "intranquillité" doit rester au coeur de notre projet", a souligné son directeur général Serge Dorny, lors d'une conférence de presse.
A la tête de l'opéra lyonnais depuis 2003, M. Dorny a revendiqué sa "conception plus dynamique du répertoire": "explorer cet immense jardin pour y découvrir des fleurs et des fruits plus rares"...
La plupart des oeuvres qui seront présentées la saison prochaine ne l'ont jamais été à Lyon et souvent même en France. Et certains chefs feront aussi leurs débuts dans le pays, comme l'italien Michele Spotti (24 ans).
Continuant son exploration du mythe de Faust, l'Opéra de Lyon donnera ainsi le "Mefistofele" d'Arrigho Boito (octobre), "oeuvre somptueuse, de grande dimension".
Un habitué des incursions de Lyon dans le baroque, Stefano Montanari dirigera la "Rodelinda" de Haendel (décembre), "une de ses oeuvres les plus réussie du point de vue théâtral" avec son livret inspiré de Corneille.
L'Opéra de Lyon a aussi pris le risque de confier à Krzysztof Warlikowski le soin de revisiter "De la maison des morts", le dernier opéra de Leos Janacek, inspiré de Dostoïevski, alors que la mise en scène de Patrice Chéreau
est restée dans les mémoires.
Dans son cycle d'"opéras de poche" d'un heure, permettant "d'aller à la rencontre d'un nouveau public" sera présentée une "Heure Espagnole" de Maurice Ravel (novembre) illuminée par les vidéos de Grégoire Pont. Le même avait déjà présenté sur cette même scène "L'enfant et les sortilèges" du grand compositeur français.
Commande de l'opéra lyonnais et de plusieurs autres maisons d'opéra, "Lesson in Love and Violence" de George Benjamin sera donnée en mai 2019.
Avec "Barbe-Bleue" (juin 2019), Laurent Pelly s'attaquera à une pochade de Jacques Offenbach, dont il avait donné l'an dernier une réjouissante version du "Roi carotte".
L'intervention de M. Dorny était programmée pour coïncider avec le mini-festival qu'organise chaque année l'opéra lyonnais: on peut y voir cette année trois opéras de Verdi en trois jours. En mars 2019, ce seront trois portraits de femmes ("L'enchanteresse" de Tchaïkovski, "Le retour d'Ulysse" de Monteverdi et "Didon et Enée" de Purcell).
"Ce sont le même orchestre et le même choeur qui assurent les trois partitions. C'est un défi extraordinaire qui permet de faire grandir cette institution".
"L'enchanteresse", a noté M. Dorny, "n'a pas bonne réputation: c'est une partition extrêmement exigeante, notamment pour les chanteurs". Elle sera mise en scène par l'Ukrainien "hors norme" Andriy Zholdak.
"Didon et Enée", montée par David Marton, se verra accoler un contrepoint du guitariste underground finlandais Kalle Kalima. Le "Retour d'Ulysse" mêlera lui sur scène chanteurs, marionnettes et vidéo dans une mise en scène de William Kentridge.
L'an dernier, l'Opéra de Lyon, qui a fortement rajeuni son audience, a reçu le prix de Maison d'opéra de l'année des presses anglo-saxonne et allemande. Serge Dorny prendra les rênes du Bayerische Staatsoper de Munich en septembre 2021. Mais il a assuré que la "trame" de la programmation de l'établissement lyonnais était d'ores et déjà définie jusqu'en janvier 2022.