Pauvreté en Auvergne-Rhône-Alpes : qui sont les plus touchés et où vivent-ils, selon l'Insee

Absence de revenus, petite retraite, charges familiales élevées : la pauvreté est liée à diverses situations professionnelles et personnelles, selon une étude de l'Insee publiée ce mardi 3 octobre 2023. 12,7% de la population régionale se situait sous le seuil de pauvreté en 2020. L'Insee définit six profils de ménages pauvres.

L’Insee Auvergne-Rhône-Alpes vient de publier un panorama des situations de pauvreté dans la région. Selon l'Insee, être pauvre au sens monétaire, c'est vivre chaque mois avec moins de 1120 euros pour une personne seule, 1680 euros pour un couple sans enfant et moins de 2350 euros pour un couple avec deux enfants de moins de 14 ans. 

Zones urbaines, périurbaines ou rurales : où est-on le plus pauvre ?

Dans la région, la proportion de personnes en situation de pauvreté est un peu plus faible qu'en France métropolitaine, mais elle concerne tout de même près d'un million d'individus. Parmi les 13 régions, Auvergne-Rhône-Alpes est la troisième région métropolitaine la moins pauvre, après Pays de la Loire et Bretagne : elle compte près d'un million de personnes pauvres (12,7%). La moyenne nationale s'établit en 2020 à 14,4%. Dans la région, "le taux de pauvreté est relativement modéré malgré des disparités territoriales importantes," note le rapport.

La pauvreté se concentre dans les métropoles (quatre habitants sur dix) et dans les espaces très peu denses de l’ouest et du sud de la région. La proportion de personnes pauvres diffère selon la densité du territoire dans lequel elles vivent. Elle est plus forte dans les communes urbaines denses comme Lyon, Grenoble ou Clermont-Ferrand : elle y touche 17% de la population des ménages. Le rapport note cependant que le taux de pauvreté est moins élevé dans les ceintures urbaines ou centres urbains intermédiaires comme Annonay, Thiers ou encore Privas (12,2%).

Enfin, dans les zones rurales, les zones dites "périurbaines" sous influence d'un pôle sont moins défavorisées (7,7%). Dans les communes rurales plus isolées, la population est plus touchée par la pauvreté (12,4%). À titre d'exemple, les intercommunalités du Vivarais, du Diois ou encore des Baronnies font partie des 10% des établissements publics de coopération intercommunale présentant les taux de pauvreté les plus élevés du pays.

En règle générale, dans les zones urbaines, sans distinction, le taux de pauvreté reste nettement inférieur au taux observé dans le reste de la France (8,8% contre 13,6%). 

L'Allier et la Loire, les plus touchés par la pauvreté

L’Allier, la Loire et la Drôme sont les départements les plus touchés. L’Isère, l’Ain, la Savoie et la Haute-Savoie figurent parmi les départements les plus préservés. 

C'est l'Allier qui est en tête des départements les plus pauvres avec un taux de pauvreté monétaire de 15,3%, talonné par le département de la Loire (15%).

C'est en Haute-Savoie que les ménages affichent le plus bas taux de pauvreté : il est inférieur à 10% (9,4%). La Haute-Savoie se démarque avec le 2ᵉ taux de pauvreté le plus bas de France.

Des trois départements alpins, l'Isère affiche un taux de 11,3%, inférieur de trois points aux départements du Rhône (14,1%), de Drôme (14,3%) et d'Ardèche (14,4%), dont le pourcentage de pauvreté monétaire s'établit autour de la moyenne nationale. Mais de fortes disparités existent : dans certaines communautés de communes en Ardèche, le taux de pauvreté peut atteindre 23%, indique le rapport à titre d'exemple.

L'Ain (10,5%) arrive en bonne place avec un taux de pauvreté inférieur de 4 points à la moyenne nationale, comme la Savoie (10,3%). Ain et deux Savoie sont les trois départements qui tirent leur épingle du jeu.
En Auvergne, c'est dans le département rural de la Haute-Loire que les ménages ont le plus d'argent dans leur porte-monnaie : c'est le taux de pauvreté monétaire le plus faible (11,9%). Les deux autres départements auvergnats, Puy-de-Dôme et Cantal, affichent un taux de pauvreté de 13,2%, inférieur à la moyenne nationale. 

Jeunes, retraités et familles monoparentales

D'après le rapport de l'Insee, le taux de pauvreté "varie inversement avec l'âge, les jeunes étant les plus touchés." Mais la région Auvergne Rhône-Alpes fait partie des quatre régions de l'hexagone où les jeunes sont moins fréquemment pauvres".
Toujours selon les auteurs, "la situation familiale est encore plus discriminante que l'âge : les familles monoparentales et les personnes seules sont plus exposées à la pauvreté."

En Auvergne Rhône-Alpes, 25,7% de la population des familles monoparentales vit sous le seuil de pauvreté. Elles sont 28,2% au niveau national.

Insee

Les familles monoparentales représentent presque un tiers des personnes en situation de pauvreté au niveau national (28,2%), un pourcentage inférieur en Auvergne Rhône-Alpes de deux points et demi. À l'instar des familles monoparentales, les résidents des communes urbaines sont aussi concernés par des taux de pauvreté élevés.

Pauvreté : six profils socio-démographiques

L'Insee a identifié dans la région six profils représentatifs de la diversité des situations, en croisant situation face à l'emploi et conditions de logement. En règle générale, les prestations sociales constituent environ 35% du revenu disponible des ménages situés sous le seuil de pauvreté, contre 5,3% pour l'ensemble des ménages.

Les retraités pauvres sont souvent des personnes seules. Ils représentent 18,5% de la population pauvre de la région et 27,5% des ménages pauvres. Un profil "surreprésenté" dans le département du Cantal (46,6%). "Ce département, au 1ᵉʳ rang national, compte une part de personnes âgées et de personnes seules plus importantes qu'ailleurs", indique le rapport. En revanche, le département du Rhône enregistre seulement 20,4% de retraités pauvres.

En Haute-Loire, dans l'Allier et en Ardèche, plus de 30% des ménages retraités sont pauvres. 46,6% dans le Cantal.

Insee

À un niveau géographique plus fin, la communauté de communes du pays de Salers enregistre un record national avec 56,9% de ménages retraités pauvres. A contrario, c'est le Pays de Gex, avec une forte population d'actifs, qui compte le moins de ménages retraités pauvres : 15,9%. 

Viennent ensuite les travailleurs pauvres : des couples avec enfants, insérés sur le marché du travail, représentent 26,2% des personnes en situation de précarité (la part la plus élevée) et 19,4% des ménages pauvres dans la région. Ils sont particulièrement présents en Savoie (23,1%), dans l'Ain, la Haute-Savoie et l'Isère.  

Dans l'Ain, la Haute-Savoie et l'Isère, plus d'un ménage inséré dans l'emploi sur cinq est pauvre.

Insee

Les personnes de moins de 30 ans, majoritairement seules, non insérées sur le marché du travail et qui se logent dans le parc privé, représentent plus de 8% des personnes pauvres de la région et 11,5% des ménages pauvres. Elles résident principalement dans les métropoles. Le Rhône, en raison du poids de Lyon, est le département le plus touché par ce profil de pauvreté : 16,2% des jeunes ménages sont pauvres, 5 points de plus qu'au niveau national. Le Rhône est même 2ᵉ au niveau national. Les quatre métropoles régionales, Lyon (17,9%), Grenoble (18,8%), Clermont-Ferrand (22,7%) et Saint-Etienne (13,8%), concentrent de nombreux jeunes non insérés dans l'emploi et pauvres. 

Les ménages, installés en zones urbaines denses et quartiers prioritaires. Ces familles sont souvent monoparentales et non insérées sur le marché du travail, locataires dans le social. Ce profil qui bénéficie de prestations sociales importantes représente 22,5% des personnes pauvres de la région et 17% des ménages pauvres en Auvergne-Rhône-Alpes. Ces foyers sont surreprésentés dans le Rhône.

Viennent, enfin, deux autres catégories de personnes, toutes non insérées sur le marché du travail, mais qui se logent dans le privé, qu'elles soient locataires ou propriétaires. Ces deux profils sont concentrés dans le département de l'Ardèche, indique le rapport. Les ménages pauvres et non insérés dans l'emploi, mais propriétaires, sont des ménages relativement âgés, ce sont davantage des couples avec enfants que dans le reste de la région. Ils représentent 9,7% des ménages pauvres (et 10,3% de la population pauvre).

Quant aux ménages, non insérés dans l'emploi, mais locataires du privé, ils se retrouvent dans les secteurs où l'offre de logement social est faible. Ils représentent 14,9% des ménages pauvres et 14,4% de la population précaire.

Logement, situation familiale, transports : les fragilités

Au-delà de la dimension monétaire, la pauvreté peut recouvrir d’autres formes de difficultés sociales. Problèmes de logement, de transports, situation familiale ou encore accès aux soins et aux services publics, sont des facteurs potentiellement aggravants. Dans certains territoires exposés à la pauvreté, ces fragilités se cumulent.

La région Auvergne Rhône-Alpes se distingue par un niveau élevé de fragilité au niveau du logement, souligne le rapport. 21,5% de sa population vit dans une intercommunalité classée comme "très fragile" sur cette question, et 23% dans une intercommunalité jugée "fragile". 

Outre le logement, c'est la situation familiale qui est pointée du doigt (41,8%), puis l'accès aux services publics (22,3%), mais aussi l'accès aux soins (11,6%), l'insertion professionnelle (11,3%) ou encore la mobilité (11,1%).

En France, plus de neuf millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, dont un million de personnes, en Auvergne-Rhône-Alpes. Une situation qui concerne près d'un enfant ou jeune sur cinq, une famille monoparentale sur quatre. 

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité