Le prêtre franco-canadien Johannes Rivoire, âgé de 92 ans, vit dans une maison de retraite de Lyon. Accusé d'avoir abusé de jeunes Inuits dans les années 70, il est visé par un mandat d’arrêt canadien. Une association a mené une action coup de poing ce lundi 16 janvier : elle exige son extradition, jusqu'à présent refusée par la France.
"Le prêtre et pédocriminel J.RIVOIRE vit dans cet Ehpad. Il fuit la justice". Ces mots ont été peints au pochoir, sur un trottoir de la Croix-Rousse à Lyon.
Des mots semés aussi sur la chaussée et qui mènent tout droit à l'entrée de la maison de retraite où vit aujourd'hui Johannes Rivoire, l'ancien missionnaire âgé de 92 ans.
Devant l'entrée de l'Ehpad Saint-François d'Assise, des militants ont déployés des banderoles et inscrit en lettres capitales sur la façade vitrée : "Ici vit le prêtre J.Rivoire. Il a violé des enfants Inuits. Nous exigeons Justice".
Une action au grand jour des membres du collectif Be Brave France. Une accusation et une dénonciation pour faire réagir les passants. Les militants veulent aussi pointer du doigt "l'indifférence" des autorités françaises.
Cette action choc vise un ancien membre de la congrégation des Oblats de Marie-Immaculée (OMI), dont le siège français se trouve dans le 5e arrondissement de Lyon. Elle avait été minutieusement préparée. Le collectif vise directement l'ancien missionnaire aujourd'hui âgé de 92 ans et qui coule une retraite paisible à Lyon.
Demande d'extradition rejetée
Le prêtre Johannes Rivoire est accusé d’avoir abusé de jeunes Inuits dans les années 60 et 70 alors qu'il était en poste dans le Grand Nord canadien. La demande d'extradition formulée par le Canada a été rejetée par la France. Les membres du collectif réclament aujourd'hui que l'ancien religieux soit livré à la justice sans tarder.
"Johannes Rivoire échappe à la justice depuis 30 ans. En tant que citoyennes et citoyens français, cela nous est insupportable. Nous exigeons que la France livre Rivoire à la justice canadienne” a indiqué Arnaud Gallais, cofondateur de Be Brave France et membre de la CIIVISE (Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants), dans un communiqué annonçant l'action du collectif.
Fin octobre, La France avait pas donné de réponse favorable à la demande d'extradition de Johannes Rivoire. Le Service des poursuites pénales du Canada (SPPC) avait alors expliqué dans un communiqué que le gouvernement français avait rejeté la demande au motif que la loi française interdit l’extradition de ses propres citoyens.
Des Inuits abusés réclament justice
Le 15 septembre dernier, une délégation d’Inuits était même venue soutenir cette demande d’extradition en France et alerter l'opinion publique. Parmi eux, victimes et familles de victimes. Steve Mapsalak, l'une des victimes présumées du père Rivoire, avait trouvé la force de témoigner publiquement devant la presse. Tout comme Steve et Tanya Tungilik, fils et fille de victimes, avaient parlé de leur enfance brisée par l'alcoolisme de leur père. Un homme mort prématurément, hanté par les agressions du prêtre.
Après de longues négociations, l'ancien missionnaire avait également accepté de rencontrer cette délégation venue du Grand Nord. Une rencontre arrachée à la dernière minute et qui n'a donné aucun résultat. Le prêtre avait de nouveau nié toutes les accusations, au grand dam des victimes.
"Mon père est mort sans avoir obtenu justice, sans obtenir de réponses. J'ai été capable de regarder le monstre en personne. J'ai regardé le diable dans les yeux. Il n'a aucun remords !", avait alors déclaré Tanya Tungilik. Même déni face à Steve Mapsalak : "Je voulais lui dire tout le mal qu'il m'a fait, tout le mal qu'il nous a fait. Il a répondu qu'il ne savait pas de quoi je parlais."
Face au refus du pays d'extrader le nonagènaire vers le Canada, la délégation Inuit n'avait alors qu'un espoir en se préparant à quitter le sol français : que Joannes Rivoire accepte de son plein gré de monter dans l'avion. La délégation avait même pris un billet Lyon-Montréal au nom de Rivoire. En vain.
Cinq mois après la venue de cette délégation à Lyon, le père Johannes Rivoire n'a pas l'intention de revenir au Canada.