PHOTOS. Quand les quadras se mettent à nu sur les réseaux sociaux

Ce ne sont pas des modèles professionnels. Juste des femmes et des hommes qui au tournant de la quarantaine ont besoin de retrouver une image séduisante à leurs propres yeux. Des photos dites "de boudoir" qu'ils postent parfois sur les réseaux sociaux. Sans volonté de provoquer.

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Un virage à 180 degrés. Du moins c'est ce que l'on se dit à propos du parcours de Chloé, 45 ans, professeur des écoles pendant 20 ans. Depuis deux ans, elle a quitté les salles de classe pour les studios photos.  Elle poste régulièrement sur son compte Instagram des photos d'elle, en lingerie ou toute nue. "Ce n'est ni de l'exhibitionnisme, ni de la provocation. Je n'ai jamais eu de problèmes d'image. Je me suis aperçue que faire des photos me permettait de lâcher prise, moi qui suis toujours dans le contrôle" explique-t-elle en toute franchise.

Cette Lyonnaise, mère de trois enfants, est devenue modèle par le biais de la pole dance. Depuis quelques années, cette danse sexy autour d'une barre verticale fait un carton auprès des femmes de (presque) tous les âges. Loin du cliché de la strip-teaseuse, la pole dance est devenue une vraie discipline sportive. "Le père de mes enfants m'avait offert un premier cours. J'ai été mordue tout de suite. Depuis 5 ans, je n'ai jamais arrêté et j'ai fini par créer ma propre école".

Poser pour se re-trouver belle

Et puis l'an dernier, nouvelle découverte : Chloé se lance dans la photo, face à l'objectif. Pas question d'entamer une carrière de modèle. "C'est juste pour me trouver belle. Et j'ai décidé de poster ces photos sur mon compte Instagram, qui n'est ouvert qu'aux personnes que je choisis".

Le choix des photographes n'est pas simple. Il faut être extrêmement prudent. "Il ne faut pas se le cacher, il y a pas mal de pervers. Donc je choisis presque exclusivement des photographes professionnels".

Vincent est l'un d'entre eux. Lui aussi a vécu un virage professionnel radical. Avant de se lancer dans la photo, ce quadra était gendarme ! "En même temps, ça m'a appris des tas de choses qui me servent aujourd'hui" s'amuse-t-il. "Une capacité d'écoute, savoir mettre les modèles en confiance, ne pas juger". 

Pour ces modèles amateurs, Vincent insiste aussi sur l'importance de la vigilance. "Une grosse partie de mon travail consiste à leur donner les outils pour repérer ce que j'appelle les "faux-tographes". Parmi les portraitistes amateurs, il y a 80% de voyeurs. Le danger est bien présent. Donc quand on choisit un photographe, il faut absolument prendre contact avec plusieurs modèles qui ont déjà travaillé avec lui. Savoir comment les shootings se sont passés". Et surtout pour les femmes ne jamais se rendre seule à un shooting.

La spécialité de Vincent, ce sont les photos "de boudoir". "Je déteste l'expression "photo de charme". Les photos de charme sont faites pour plaire aux hommes. Là, ce n'est pas du tout le cas. 95% des modèles non professionnels que je photographie sont des femmes. Elles veulent faire des photos pour elles-mêmes, se retrouver belles après une séparation, une grossesse, une maladie. Retrouver de la confiance en soi".

La moitié de ses modèles postent leurs photos sur Instagram. La plupart du temps sur un compte privé. Curieusement, leur motivation relève de l'intimité. "C'est pour ça que je parle de photo-thérapie" précise Vincent. "Souvent quand elles arrivent pour le shooting, elles me disent qu'elles sont bien moins belles que mes modèles habituels. Mon rôle, c'est de leur prouver le contraire". Et ça marche : nombre d'entre elles pleurent d'émotion en découvrant les clichés.

Au masculin, un outil de séduction plus qu'une thérapie

Les hommes viennent aussi se faire photographier. "Mais ils n'ont pas les mêmes motivations. Eux recherchent plutôt des outils de séduction. Ils veulent des photos qui les subliment aussi mais plutôt dans le style "dieux du stade". Ils sont plus rarement dans une démarche introspective ou thérapeutique" souligne Vincent. Et s'ils postent leurs photos sur les réseaux, c'est essentiellement pour trouver des camarades de jeu.

Quant à Chloé, sa passion pour la pole dance et son nouveau hobby de modèle ne lui ont pas juste permis de retrouver toute sa confiance en elle. "Ca m'a vraiment servi de déclic pour changer d'univers professionnel" conclue-t-elle. "Je suis passée d'un métier-raison à un métier-plaisir. Ca n'a pas de prix !"

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