La société de livraison à domicile de produits alimentaires Place du Marché (ex-Toupargel) a été placée vendredi en liquidation judiciaire, entraînant la suppression de 1.900 emplois, selon un délibéré du tribunal de commerce de Lyon.
1.600 salariés de Place du Marché (ex-Toupargel), ainsi que les 300 autres des sociétés sœurs Eismann et Touparlog, ont perdu leur emploi. Cette décision était attendue par les salariés, en l'absence de candidat à la reprise. Cette entreprise était en redressement judiciaire depuis octobre 2022.
Un sursis de 48 heures
Deux jours plus tôt, une centaine de salariés s'étaient rassemblés devant l’instance juridique. Le tribunal avait décalé sa décision au vu de "l'importance du dossier et le nombre de salariés", selon Wafaa Kohily, secrétaire du Comité social et économique (CGT). En dépit de ce sursis, d'après elle, "il n'y [avait] aucun espoir de reprise".
Le président de la Place du Marché, Brieuc Fruchon avait lui-même confirmé cette fin, très probable. Il avait alors assuré : "Concrètement, notre priorité est de travailler sur la préparation de cette liquidation et accompagner au mieux avec les services de l'Etat les salariés, pour qu'ils rebondissent le plus rapidement possible".
Wafaa Kohily (CGT) relève : "Le juge a été assez attentif aux différentes demandes par rapport à la protection des salariés. On demande clairement d'être respectés dans notre dignité". Elle réclame le versement d'une prime supra-légale de licenciement de "100.000 euros par salarié, vu le patrimoine des Bahadourian". Les deux actionnaires n'avaient pas assisté à l’audience mercredi dernier.
Une entreprise reprise en 2020
En 2020, Léo et Patrick Bahadourian, les deux frères actionnaires de Grand Frais, avaient repris Toupargel. Un an plus tard, la société s'était rebaptisée Place du Marché. Au-delà du surgelé, l'ambition était d'étendre alors son offre, vers les produits frais et l'épicerie, dont certains venaient des mêmes fournisseurs que Grand Frais.
Le projet visait aussi à accélérer les ventes en ligne, alors que l'entreprise a bâti son modèle sur les ventes par téléphone. Une centaine de centres d'appels maillait en effet le territoire, notamment les zones rurales, d'où partaient une partie des livraisons à domicile, acheminées depuis trois grandes plateformes.
Le groupe, leader du surgelé dans les années 2000, n’a pas sur prendre le tournant du numérique, ni des nouvelles consommations comme le « drive », ou les points de vente dans des lieux commerciaux. Ce qui peut expliquer la chute des ventes. En 2017, elles représentaient 271 millions d'euros contre 200 millions en 2021-2022.
L’entreprise, créée en 1947 à Lyon termine ainsi son histoire dans la même ville. La liquidation pourrait causer un des plus importants plans sociaux de ces derniers mois. L'un des derniers en date est celui de Camaïeu en septembre : l'enseigne textile employait alors 2 100 salariés.
(Avec AFP)