POLEMIQUE. Un voyage scolaire à Auschwitz annulé pour des collégiens de Lyon

Une centaine d’élèves des collèges de l’agglomération lyonnaise devaient se rendre au camp d’extermination d’Auschwitz. Pour des raisons de sécurité, la métropole préfère différer le voyage et propose une alternative au camp de Natzweiler-Struthof, un camp de concentration nazi implanté en 1941 sur le territoire de l'Alsace annexée par l'Allemagne nazie.

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Les collégiens du Grand Lyon n’iront finalement pas à Auschwitz. En cause : la guerre en Ukraine qui s’intensifie et le site du camp qui se trouve à un peu plus de 200 km de Lviv, une zone de forte tension, proche de la frontière polonaise.

Dans le même temps, les collégiens rhodaniens, qui dépendent du Conseil départemental du Rhône, vont pouvoir continuer de s’y rendre avec leurs enseignants en avion, comme cela se pratique depuis des années. Direction identique, double décision. Mais double langage ?

Une petite phrase prononcée pendant des voeux

Depuis que le sujet a été évoqué à l’occasion des vœux de Christophe Guilloteau, le président du Conseil départemental, en milieu de semaine dernière, un début de polémique a vu le jour. Un motif clef a été avancé par les détracteurs de la Métropole, pointant du doigt une vision anti-avion de la vice-présidente de la Métropole, chargée des collèges et de la mémoire.

Ce lundi 23 janvier, à l’occasion de l’examen du budget primitif de la Métropole, le sujet est revenu sur le tapis. Philippe Cochet, président du groupe d’opposition Métro positive, s’avoue très choqué de l’abandon de ce voyage. « On nous a expliqué que cela était dû aux risques liées à la guerre. Mais je rappelle que nous avons effectué ce même voyage à l’automne dernier, des collégiens issus de plusieurs communes et tout s’est parfaitement passé », souligne le maire (LR) de Caluire-et-Cuire, « une ville où nous sommes particulièrement attachés à l’histoire de cette époque, à celle de la résistance avec Jean Moulin. »

Le maire (LR) de Saint-Priest, Gilles Gascon, avait soutenu un voyage similaire en octobre 2022 avec le même résultat selon lui satisfaisant. « En fait, on a du mal à comprendre la raison de l’annulation de ce voyage par la Métropole. »

« Cette annulation est totalement liée au contexte politique actuellement [dans cette région de l’Europe]. En 2022 déjà nous avions déjà renoncé à ce voyage à cause de la guerre. »

Véronique Moreira, vice-présidente EELV de la Métropole

Trop à risques selon l'exécutif métropolitain

Vice-présidente chargée des Collèges, de l’Education et de la Mémoire, Véronique Moreira se retrouve en première ligne. C’est elle qui pilote ces voyages mémoriels. Enseignante de formation, membre d’EELV, elle est sensible aux questions d’environnement et de précarité. Mais dans ce dossier, elle invoque tout autre chose que les avions et leur bilan carbone détestable : « Cette annulation est totalement liée au contexte politique actuellement [dans cette région de l’Europe]. En 2022 déjà nous avions déjà renoncé à ce voyage à cause de la guerre. »

Presque un an après l’invasion russe, l’intensité de la guerre s’est accrue, fait remarquer l’élue. Cette dernière ne cache pas avoir consulté les parents d’élèves, les enseignants, le rectorat, des associations qui portent la mémoire de la Shoah et de la résistance. Tout le monde était d’accord pour ne pas tenter le voyage dans les conditions actuelles, laisse-t-elle entendre. « De notre responsabilité, nous avons considéré que ce n’était pas le moment d’envoyer des jeunes dans un pays très proche de l’Ukraine.»

Mais prévient Véronique Moreira, inutile d’alimenter la polémique. Et d’arguer qu’il n’y a absolument pas de remise en cause du devoir de mémoire qui, pour nous, est essentiel. « Ne faisons pas d’amalgame entre une annulation de voyage à Auschwitz  et un éventuel refus de prendre en compte la mémoire. »

Pour la Métropole, la question de la mémoire est capitale, « surtout en direction des jeunes qui constituent un public qu’il faut sensibiliser sur cette question car ils sont en train de construire leur citoyenneté. Très important de faire ce travail de mémoire. »

 

D'autres visites mémorielles de qualité

Une alternative va être proposée très prochainement, moins loin, comme cela s’est fait dernièrement à la Maison des enfants d’Izieu. Un voyage au camp de de concentration du Natzweiler-Struthof, implanté en Alsace en 1941.

Cet ancien camp vient de compléter son parcours mémoriel avec une partie consacrée aux expérimentations des nazis pour essayer de prouver l’existence d’une "race qui serait propre aux Juifs".  « C’est un lieu de mémoire très sensible et très impactant pour les jeunes. On va envoyer deux fois plus de jeunes qu’on en avait envoyés en Pologne. Les associations tout comme les experts de la Shoah seront du voyage. » précise Véronique Moreira.

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