Le maire de Moûtiers, Fabrice Pannekoucke est devenu ce jeudi 5 septembre 2024 le nouveau président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Ce dernier a été choisi comme candidat de la majorité de droite par Laurent Wauquiez. Les conseillers régionaux d'opposition interrogés craignent que l'ombre de l'ancien président ne plane sur la collectivité.
Dans son premier discours, le nouveau président a salué son prédécesseur. "Je sais Laurent que tu resteras à nos côtés et que nous pourrons compter sur toi", a-t-il lancé à l'égard de celui qui reste conseiller régional.
Fabrice Pannekoucke, fraîchement élu à la tête de la Région Auvergne-Rhône-Alpes ce jeudi matin, s'est largement imposé sur les deux autres candidats déclarés avec 132 voix. Une élection qui n'était qu'une pure formalité au regard du poids des conseillers LR et centristes de l'assemblée. Tous les opposants à Laurent Wauquiez le soupçonnent de vouloir peser sur le nouvel exécutif.
Choix du candidat de la majorité, attentes par rapport au nouvel homme fort de la Région et bilan de la présidence Wauquiez... Des réactions à chaud après l'élection de Fabrice Pannekoucke.
Chez les écologistes
Maxime Meyer, candidat à la présidence ce jeudi, a recueilli 51 voix. À propos du nouveau président de région, "c'était une personne un peu effacée. C'est une grande surprise de voir que son nom a été retenu", estime Maxime Meyer. "J'ai l'impression qu'on essaie d'éteindre les projecteurs sur la région Auvergne-Rhône-Alpes et sur le conseil régional". Un choix non dénué d'arrière-pensées selon le conseiller régional :
Ça permettra à Laurent Wauquiez d'avoir la main mise sur ce qui peut se passer au Conseil régional et de garder la main sur les politiques qui sont conduites. On est dans la continuité et la mise en place des projets que Laurent Wauquiez a lancés précédemment.
Maxime Meyervice-président du groupe Les Ecologistes (Région), candidat à la présidence d'Auvergne-Rhône-Alpes
"Avec Fabrice Pannekoucke, j'attends plus de respect par rapport aux élus d'opposition. On aura une personne plus apaisée (...) on espère une discussion plus apaisée", espère Maxime Meyer. Le regard qu'il porte sur le bilan de la présidence Wauquiez est sévère, voire accusateur : "il s'est servi de la région comme marchepied pour une ambition beaucoup plus forte".
Réactions à gauche
Sur le choix de Fabrice Pannekoucke pour prendre la tête de la Région, Jean-François Debat, maire socialiste de Bourg-en-Bresse, est tout aussi sceptique.
L'homme en lui-même est parfaitement estimable. C'est Laurent Wauquiez qui l'a choisi et qui l'a imposé. Il continuera la politique que Laurent Wauquiez voudra mener.
Jean-François Debatconseiller régional d'Auvergne-Rhône-Alpes
"Aujourd'hui, on fait sortir le capitaine du terrain, il devient entraîneur, sélectionneur et décidera de la tactique de jeu et de qui joue le jeu", déplore l'élu burgien.
Quelles sont ses attentes vis-à-vis du nouvel homme fort de la Région ? "Laurent Wauquiez a une pratique brutale de la gouvernance, brutale et violente des propos. Ça nuit à la démocratie. Il l'a fait à l'excès durant les huit années de sa présidence. Si Fabrice Pannekoucke adopte une autre attitude, tout le monde s'en satisfera. Ça permettra peut-être enfin de vrais débats sur le fond (...) mais ça ne changera pas l'orientation des politiques régionales", a estimé le conseiller régional d'opposition.
Ce qu'il retient des huit années de la gouvernance Wauquiez, c'est "une fracturation" de la Région organisée à travers ses choix politiques. "Ses choix en matière de politique de la ville, d'environnement et de formation, sont les choix d'une droite dure. Nous les combattions hier, nous les combattrons aujourd'hui", a-t-il conclu.
Ses opposants ne "le regretteront pas", comme l'écrit aussi l'ancienne ministre et cheffe du groupe socialiste Najat Vallaud-Belkacem dans une série de messages publiés sur X. Elle reproche notamment à Laurent Wauquiez de laisser une région "divisée, fragmentée, des services publics affaiblis et une accoutumance au clientélisme et à l'opacité".
Résultat? Une région divisée, fragmentée, des services publics affaiblis et une accoutumance au clientélisme et à l’opacité de gestion qui sera très difficile à remettre en cause. Merveilleux héritage, merci Monsieur #Wauquiez .
— Najat Vallaud-Belkacem (@najatvb) September 5, 2024
Vous l’aurez compris, on ne vous regrettera pas.
Pour l'ancienne ministre, la candidature du maire savoyard a été une surprise. Ce jeudi matin, elle a par ailleurs déploré le traitement réservé à Stéphanie Pernod. "La logique voudrait que ce soit la première vice-présidente qui soit présidente. Je ne peux pas m'empêcher d'y voir une mauvaise manière faite aux femmes". Stéphanie Pernod reste toutefois première vice-présidente en charge de l'économie.
Je retiens l'incapacité de Monsieur Wauquiez à reconnaitre ses erreurs (...) Il se raconte une histoire à lui-même dans laquelle sa gestion est absolument modèle.
Najat Vallaud Belkacemconseillère régionale d'Auvergne-Rhône-Alpes, Présidente du groupe Socialiste, Ecologiste et Démocrate
Le choix de Fabrice Pannekoucke pourrait être lié, selon Najat Vallaud-Belkacem, aux futurs JO d'hiver de 2030, "tous les élus de droite auraient été prêts à servir d'homme lige ou de femme lige à Laurent Wauquiez", assène-t-elle.
Réactions au RN
Enfin, Andrea Kotarac était aussi candidat à la succession de Laurent Wauquiez. Ce jeudi matin, il a recueilli 17 voix. Pour le chef de file du groupe Rassemblement National à la Région, le nouveau président de la collectivité va "obéir" à Laurent Wauquiez. Selon lui, l'ancien dirigeant de la collectivité va continuer à diriger la région "d'un peu plus loin".
"Monsieur Pannekoucke est un LR. Ce sont des gens qui au niveau national sont la béquille de la macronie (...) Le RN continuera sa route dans la région", a-t-il ajouté. Sur le bilan, "Laurent Wauquiez est quelqu'un qui dirige tout seul. C'est un solitaire".
"On n'est pas naïf, Laurent Wauquiez va garder la mainmise sur la Région, car ça lui sert de carte de visite pour 2027" et la présidentielle, pour laquelle il est un candidat potentiel de la droite, a estimé Michèle Morel du groupe RN.
Depuis 2016, la deuxième région la plus peuplée de France avec 8,1 millions d'habitants, tout juste née de la fusion entre Auvergne et Rhône-Alpes, était incarnée par Laurent Wauquiez, ancien maire du Puy-en-Velay et très attaché à son département de la Haute-Loire. Il a été élu député de Haute-Loire en juillet dernier. Frappé par la loi sur le cumul des mandats, il a démissionné de la présidence de la Région en août dernier.
Propos des élus recueillis par Olivier Michel