PFAS : le PFOA, autrefois contenu dans le Téflon, est un cancérogène avéré

Cette molécule perfluorée utilisée pendant des années dans la fabrication de revêtements pour les poêles antiadhésives vient d’être déclarée cancérogène avéré par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), basé à Lyon. Le PFOS, autre composé de la famille des PFAS, est classé “cancérogène possible”.

La décision était redoutée par des industriels du monde entier, scrutée par des lobbyistes du monde entier, attendue par des citoyens du monde entier. C’est désormais officiel : le PFOA est un cancérogène avéré pour l’homme.  

L’acide perfluorooctanoïque a été utilisé notamment dans la fabrication du revêtement antiadhésif de type Téflon pendant des années, ou encore dans les emballages alimentaires, les tissus déperlants et dans des milliers d’autres produits du quotidien. S’il a été interdit en 2020 par la Convention de Stockholm, le PFOA a contaminé la faune et la flore de toute la planète, depuis les eaux du Rhône jusqu’aux ours polaires. L’acide perfluorooctanesulfonique (PFOS), utilisé par le passé dans les mousses anti-incendie AFFF et interdit depuis 2009, a été, lui, classé cancérogène “possible”. 

Une annonce du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) qui intervient, ce vendredi 1er décembre, alors que les cas de pollution de l’eau potable par ces molécules sont de plus en plus révélés et relayés par la presse. Ils sont également présents dans de nombreux aliments. Cette vidéo postée sur instagram de l'influenceuse Girl Go Green, dénonçant l'utilisation passée de PFOA dans la fabrication des poêles antiadhésives, montre bien que le sujet inquiète les consommateurs.

 

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Des preuves "suffisantes" 

Le PFOA rejoint le groupe 1 dans la classification établie par le CIRC, au côté de 121 autres agents, comme l’amiante, la pollution de l’air ou encore le benzène. Le PFOS, lui, fait désormais partie, avec 320 agents, du groupe 2B, c’est-à-dire du troisième niveau de gravité. Concrètement, cela signifie que le niveau de preuves scientifiques est encore insuffisant, à la différence du PFOA, pour qualifier définitivement le PFOS d’agent cancérogène, mais que de sérieux signaux existent. Le PFOA avait été précédemment classé dans le groupe 2B en 2014 avant de rejoindre le premier.  

À la mi-novembre, trente experts indépendants d’une dizaine de nationalités différentes se sont réunis à Lyon et ont passé en revues toutes les études scientifiques concernant la molécule, notamment les plus récentes. Pour pouvoir qualifier le PFOA de cancérogène avéré, il fallait disposer de suffisamment de données concernant l’exposition humaine via l’environnement, l’alimentation ou le travail, mais également d’études épidémiologiques réalisées sur des personnes exposées, d'essais biologiques sur les animaux ainsi que des preuves mécanistes pouvant relier les observations chez la faune à l’homme. 

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Une molécule mutagène et immunosuppressive 

S’intéressant donc aux mécanismes d’action de la substance sur l’organisme, le panel de chercheurs a ainsi identifié des preuves “solides”, le PFOA pouvant induire des altérations épigénétiques et être immunosuppresseur. En affaiblissant l'immunité, le PFOA peut faciliter la cancérogenèse.

Plusieurs études épidémiologiques ont en effet montré des associations entre la présence d’acide perfluorooctanoïque dans le sang des mères et la méthylation de l'ADN spécifique à un gène, c’est-à-dire à sa modification chimique, chez leurs enfants. D’autres travaux conduits sur des populations exposées montrent que l’exposition au PFOA est associée à un risque élevé d’attraper une maladie infectieuse et à la diminution de la réponse vaccinale. 

Concernant les expériences menées sur les animaux, le CIRC a estimé que l’incidence accrue de néoplasmes bénins et malins observée chez les deux sexes de la même espèce constituait une preuve “suffisante”.  

Des molécules qui se transmettent aux enfants 

En 2012, suite au scandale Téflon et à l'issue de la plus vaste étude épidémiologique jamais conduite aux USA, les scientifiques du C8 Panel Research concluaient que l’exposition au PFOA était probablement liée à six maladies : hypocholestérolémie, maladies de la thyroïde, usure du foie, hypertension pendant la grossesse, cancer des testicules et cancer des reins. Le CIRC a estimé que les preuves reliant le PFOA à ces deux types de cancer étaient “limitées”.  

Le PFOS induit également des altérations épigénétiques et est immunodépresseur chez les humains exposés. Mais les études expérimentales sur les animaux et les données épidémiologiques n’étaient pas “suffisantes” pour le qualifier de cancérogène avéré.  

Ces deux perfluoroalkylés sont aujourd’hui présents dans le sang de toute la population mondiale. On les retrouve aussi dans le placenta, le cordon ombilical et les tissus embryonnaires, ils peuvent être transmis aux enfants via l’allaitement.  

Mais ces travaux du CIRC, qui n'ont aucune valeur réglementaire, ne permettent absolument pas de dire à partir de quel taux de PFOA dans le corps humain le risque de maladie apparaît, ni dans quelles proportions. Alors à la question que se posent les populations aujourd’hui exposées à la pollution de l’eau : faut-il continuer à boire au robinet ? Les scientifiques n’ont pas encore apporté de réponse.  

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