Portrait. Bayram Célik, cet enfant franco-turc devenu chef d'entreprise dans la boulangerie

Bayram Celik avait 8 ans lorsqu'il a découvert la France. Cet enfant turc venu d'un milieu modeste a découvert sa vocation en travaillant pour un boulanger. Aujourd'hui, c'est le patron d'une franchise dont le parcours est salué par ses pairs. Découverte, sur le plateau de "Vous êtes formidables", sur France 3

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C’est ce que l’on appelle une belle réussite... Ou une « success story » En particulier, pour un fils de paysan turc arrivé en France à l’âge de 8 ans. Boulanger de formation, Bayram Celik est aujourd’hui à la tête d’une société qui compte neuf boutiques, employant une centaine de personnes dans la région lyonnaise. Retour en arrière.


C’est près de Emirdag, petite ville de 19 000 habitants, située au sud-ouest d’Ankara, que son parcours a commencé. « J’y retourne de temps en temps », explique celui qui y a passé les huit premières années de sa vie. « Je suis né dans un petit village de 60 habitants, assez pauvre à l’époque. On n’avait ni eau, ni électricité. Les gens vivaient de l’agriculture essentiellement. Moi, j’y gardais les brebis jusqu’à mon arrivée en France, en 1974.»


Son père, paysan, s’était lui expatrié deux ans plus tôt, et s’est installé à Saint-Symphorien-sur-Coize, dans le Rhône. « Il est venu seul, car il avait trouvé un emploi dans la maçonnerie. Ensuite a eu lieu un regroupement familial. Il y avait 8 enfants, et moi, je suis le cadet des cinq garçons


Il se remémore son arrivée en France « comme si c’était hier », dans cette petite commune de 6000 habitants. « On avait été très bien reçus par tout le monde. Le directeur de l’école avait trouvé une institutrice en retraite, pour nous enseigner le français chez elle, gratuitement. Les commerçants, comme l’épicier ou le boulanger, nous offraient toujours quelque chose…», sourit-il en rassemblant ses souvenirs.

Je suis aussi fier d’être turc que d’être français


« La personne qui m’a le plus marqué était une jeune assistance sociale, prénommée Josette. Elle était chez nous du matin au soir et s’occupait de tout. Les papiers, et tout ce dont on avait besoin », raconte-t-il. Ils étaient alors les seuls turcs du village.


Il se sent très vite chez lui, même s’il n’oublie pas pour autant ses racines. « Je suis aussi fier d’être turc que d’être français, depuis 45 ans. Je suis clairement franco-turc », revendique Bayram, qui a cherché, durant quelques années, sa voie professionnelle.


Ce sera la boulangerie, presque par hasard. « Une boulangerie de La Verpillière avait besoin de personnel. Comme j’habitais assez loin, j’ai habité chez mon patron pendant trois ans. Puis j’ai monté ma première affaire en 1989 », explique-t-il. « Ce patron, qui m’a appris le métier, m’a aidé, au début. J’étais jeune, j’avais que 23 ans, et il m’a accompagné pour le financement. »


Il faut dire que Bayram avait mérité sa confiance. « Mon patron avait eu un accident grave. Pendant des mois, il était à l’hôpital. Je me suis occupé de son magasin comme si c’était mes propres affaires », confirme-t-il.


Très vite, il s’est attaché à cette profession de boulanger. « C’est difficile. Il faut se lever tôt le matin, faire beaucoup d’heures ». Mais c’est une autre raison qui lui a fait tenir bon. « Je n’aimais pas le froid. Et, comme à cet endroit, il fait toujours chaud, j’ai préféré rester là », s’amuse-t-il.

Aujourd’hui, quand je réussis, c’est une fierté


Il a aussi découvert la richesse de variétés des pains et viennoiseries françaises. Après avoir exercé sa profession durant trente années, il va décider de se développer et... de créer sa propre franchise. Il choisit de l’appeler « la boulangerie Millet », comme la céréale. « Il me fallait un nom court, que l’on retienne facilement, en rapport avec les produits », justifie ce chef d’entreprise.


Bayram Celik reconnaît avoir autant pris goût à son métier, qu’au plaisir de créer des entreprises. « Aujourd’hui, quand je réussis, c’est une fierté. Je suis content. Je ne considère pas cela comme prendre un risque, en fait », commente-t-il alors que son visage s’illumine.

Beaucoup de droiture, et une réelle humilité


Il a développé neuf boutiques dans l’agglomération lyonnaise, où travaillent d’ailleurs deux de ses enfants. Et il envisage d’en ouvrir deux supplémentaires. Lui qui estime « qu’il n’y aura pas de pain, si le boulanger ne se lève pas à 3 heures du matin », a quelque peu changé son rythme aujourd’hui. « Désormais, je me lève un peu plus tard, vers 6h. Mais je me couche plus tard. Il faut s’occuper du personnel. »

Son parcours est salué par les autres professionnels. « Derrière une telle réussite, il y a beaucoup de droiture, et une réelle humilité », confirme Franck Tedeschi, directeur d'une entreprise qui distribue des produits alimentaires à l'ensemble des métiers de bouche. Il a été un témoin attentif de l'ascension de son client. « Bayram a une grosse faculté à se remettre en question, et un profond respect des valeurs humaines, notamment pour ses fournisseurs, et tous ceux qui gravitent autour de l'entreprise. Et, bien sûr, énormément de travail. »

Cet ami n'a d'ailleurs pas été très surpris, lorsqu'en 2017, le boulanger a décidé de lancer sa propre franchise. « Bien sûr que l'on prend des risques lorsqu'on est chef d'entreprise. Mais il a une capacité d'analyse dans l'âme. Et il s'est rarement trompé », insiste-t-il.

Après avoir traversé des périodes plus ou moins difficiles, Bayram peut se retourner avec fierté son intégration exemplaire à une tradition bien française que représente cette profession. Et sur sa réussite d’entrepreneur. Aujourd’hui, ce père de famille compte sur son fils pour assurer le développement de ce qu’il a fondé. « A mon âge, je sais qu’il faut je ralentisse un peu mon rythme. Mais je pense que lui peut encore agrandir notre société », est-il convaincu.

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