Parmi les femmes illustres de la ville de Lyon : Philomène Magnin s'est illustrée par ses engagements et son idée révolutionnaire dans les années 1950, créer des lieux d'accueil pour les personnes âgées dépendantes.
Philomène Magnin est quasiment née avec "le siècle des excès", en 1905, et a traversé neuf décennies avec un courage déterminé. Celui d'une femme, née fille d’un père jardinier et d’une mère, femme de ménage, devenue domestique, vendeuse dans un magasin de chaussures, puis dans une maison de parapluies. Un chemin qui aurait pu être tout tracé mais, sur sa route, la jeune Philomène croise une autre trajectoire : celle de lutte syndicale et de la révolte contre les inégalités. Elle adhère notamment à la CFTC (Confédération Française des Travailleurs Chrétiens) aujourd’hui CFDT, créée en 1919. Manifestement convaincue que rien n'est prédéterminé, elle suit des cours du soir en Droit et s’initie aux Sciences Politiques.
Une histoire d'engagements
Fervente militante pour le vote des femmes, Philomène Magnin sera en première ligne des combats sociaux de l'entre-deux guerres notamment pendant le Front Populaire en 1936. Pendant la seconde guerre mondiale, elle fait partie de ces résistants et militants qui donneront à Lyon une empreinte marquée par le catholicisme social, solidaire et opposé à la barbarie nazie. En 1944, Philomène Magnin est la première femme à siéger dans le conseil municipal de Lyon et devient administratrice des Hospices Civils de Lyon de 1944 à 1959.
Adjointe aux affaires sociales, elle lance de nombreux projets de solidarité publique et sera la première à avoir l'idée d'un lieu d'accueil conçu pour les personnes âgées.
"Elle ne voulait pas que sa mère dont elle était très proche finisse dans un hospice" raconte Michel Loude, écrivain et biographe de Philomène Magnin.
Elle a créé "Ma Demeure", le premier Etablissement Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD) en Europe, une maison de retraite qui existe encore à Lyon dans le troisième arrondissement et accueille 72 résidents. Une révolution à l'époque, car le sort des personnes âgées constituait alors une urgence sociale. Beaucoup trouvaient refuge dans les hospices qui ne laissaient que très peu de place à la dignité. "Elle a été la pionnière qui a inspiré ce système de résidents autonomes avec leur appartement, leurs meubles, leur cuisine" précise Michel Loude. "Avec une volonté de fer et un courage sans égal" ajoute Dorothée Compan, l'actuelle directrice de "Ma demeure" soucieuse notamment que l'établissement reste ouvert sur l'extérieur, et que les résidents soient considérés comme des citoyens à part entière.
Qu'est-ce qu'une vieillesse heureuse et digne?
Au milieu des années 1960, les nouveaux logements pour retraités vont se multiplier accompagnant les transformations familiales de l'époque. Basés alors sur une philosophie de "vieillesse heureuse et indépendante des enfants", avec des prix accessibles et des activités diverses. Le mot EHPAD, quant à lui, fera son apparition en 2002, avec des structures médicalisées où les résidents arrivent plus tard que par le passé et où les tarifs souvent élevés et le manque de moyens humains freinent l'accès de tous au "bien vieillir".
Indéniablement, Philomène Magnin a ouvert une voie qu'il s'agit de poursuivre avec les enjeux de solidarité de notre époque et notamment la place des personnes âgées ou en fin de vie dans notre société. Des questions restées trop longtemps sans réponses, et devenues aujourd'hui d'urgentes priorités comme le démontre la crise que nous traversons depuis le début de la pandémie de Coronavirus.
Auvergne-Rhône-Alpes : la région de France qui compte le plus de place en EHPAD
En 2050, Auvergne-Rhône-Alpes compterait 1,4 million de personnes âgées de 75 ans et plus. Parmi elles, 410 000 seniors seraient concernés par la dépendance, soit près de deux fois plus qu’en 2015 selon l'Insee.
L’offre institutionnelle régionale, constituée essentiellement d’Ehpad, est de 34,5 places pour 100 seniors dépendants. Elle est légèrement plus importante que celle de France métropolitaine (33,2 pour 100). Auvergne-Rhône-Alpes est aujourd’hui la région de France qui compte le plus grand nombre de places en Ehpad