Le 13 novembre 2015 une famille accueille les blessés du Bataclan errants dans la rue. Avec sa mère et ses sœurs, Sophia Gharnouti, qui vit à Lyon désormais, a soigné les blessés. Un drame qu'elle revit avec la tenue du procès à Paris, ville qu'elle a dû quitter, trop choquée par ce qu'elle a vécu.
Le traumatisme est encore bien présent. Dans sa voix, dans son regard... La nuit du 13 novembre 2015, Sophia Gharnouti a vu passer des ombres apeurées, des spectres entre la vie vie et la mort devant chez elle. Naturellement, sans trop s'expliquer comment, ni pourquoi, elle a ouvert sa porte. Avec sa famille, elle a porté les premiers secours aux blessés.
"Ma chambre, c'était l'hôpital de fortune"
" Il y avait urgence, on leur a tout de suite dit de venir se réfugier chez nous. Le salon, c'était la pièce où les gens soufflaient. La cuisine c'était l'espace fumeur, où les gens s'ouvraient un peu plus, parlaient un peu plus. Et ma chambre, c'était l'hôpital de fortune, c'est là où ma soeur a prodigué des soins, là où les gens qui avaient besoin pouvaient s'allonger.
A un moment j'ai regardé la scène et j'ai eu un énorme sentiment d'impuissance. Je n'avais jamais ressenti autant de tristesse, entre les personnes qui avaient vu mourir leur proches, celles qui ne savaient pas où étaient leurs proches, c'était le chaos!"
Abandonées
Le sentiment d'insécurité était trop fort à Paris. A Lyon, elle a réussi a sereconstruire, après une analyse mais sa vie reste bouleversée. "On a reçu une invitation à la cérémonie d'hommage, on a été entendues par la cellule psychologique qui a constaté que ça n'allait pas. Mais à coté de ça on a été complètement oubliées, abandonnées."
Les six années passées n'ont pas suffit à dépasser ce traumatisme. En parler, fait remonter les images et les sanglots qui les accompagnent. Mais restent aussi des souvenirs de solidarité, de force collective :
"Avec certains, on a partagé un sentiment d'amour, de soutien ... ça reste un sujet qui prend aux tripes" conclut sobrement cet héroïne qui aura sans doute toujours en tête cette nuit interminable où elle a ouvert sa porte à l'impensable.
Le procès des attentats du 13 novembre 2015 s'est ouvert le 8 septembre 2021, à Paris, six ans après les attaques terroristes les plus meurtrières sur le sol français : 131 morts et 413 blessés.
Parmi les 20 accusés ugés pendant près de huit mois, figure le seul survivant des commandos, Salah Abdeslam. Près de 1 800 victimes des attentats, proches de disparus, de blessés ou de rescapés, se sont constituées parties civiles pour ce procès.