La grève des avocats contre la réforme des retraites a eu des conséquences sur le procès de Bernard Preynat, accusé d'agressions sexuelles sur des scouts de la région dans les années 80-90. Le procès a réellement débuté ce matin. Au cours des débats, Bernard Preynat n'a cessé de faire son mea culpa.

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Bernard Preynat vient de quitter la salle d'audience.

18h40 l'audience est suspendue. Elle reprendra mercredi matin 9h30.

Ce troisième jour d'audience débutera avec le témoignage de deux dernières victimes. Ensuite le tribunal se penchera sur la personnalité de Bernard Preynat.


17h45 Bernard Preynat ne se souvient pas d’Anthony Gourd

Le cas d'Anthony Gourd est le dernier cas qui sera évoqué ce jour devant la 17e Chambre. Pour cette partie civile, « tout est remonté » après avoir pris connaissance des témoignages récoltés par la Parole Libérée.
Il évoque des attouchements vécus de manière « très violente ».
Lors de l’enquête, Bernard Preynat a indiqué se souvenir très peu d’Anthony Gourd. « Il a déclaré dans un reportage à la télévision que j’étais son bourreau. Je me souviens de lui comme scout mais je ne me souviens pas de l’avoir agressé, » explique à la barre Bernard Preynat. "Je l’ai reconnu sur la photo, vêtu en scout mais je ne me rappelle pas d’avoir quelque agression sur lui," persiste Bernard Preynat face aux questions de Me Cauzit. 

A la question de savoir s’il reconnaît les agressions commises sur Anthony Gourd, "Je ne vais pas reconnaître quelque chose dont je ne me souviens pas," répond avec fermeté Bernard Preynat à Me Cauzit. "Mais je ne permettrais pas de dire qu’il est menteur," ajoute-t-il.

Le procureur interroge également Bernard Preynat sur le cas d’Anthony Gourd. Sans succès, comme l'avocate de la partie civile. « La réalité, c’est la réponse qu’il vous donne…il faut s’en satisfaire, » s’agace Me Doyez.

18h12 : Anthony Gourd s'avance pour témoigner
Il évoque son amnésie traumatique. Il confie que ses souvenirs sont revenus peu à peu, notamment par le biais de sensations. "J'ai revécu au niveau sensoriel, ce que je revis lors de mes crises épileptiques. Mon neurologue m'a confirmé que c'était des crises traumatiques," explique Anthony Gourd qui parle de "descente aux enfers". Ses crises qui ont débuté vers l'âge de 17 ou 18 ans. "Que M.Preynat ne se souvienne pas, aujourd'hui j'ai pris acte. On me l'a annoncé il y a deux ans, j'ai eu beaucoup de mal à m'en relever," déclare-t-il.

Anthony Gourd, qui ne travaille plus depuis cinq ans, évoque son handicap et ses problèmes de santé d'aujourd’hui. Il fait le lien avec les actes dont il accuse Bernard Preynat. "Quand je parle de bourreau, j’évoque toute la douleur que j’ai eu après cet acte," explique A.Gourd.
Quelles sont ses attentes avec ce procès ?

« C’est clairement d’être reconnu en tant que victime du Père Preynat, c’est un acte important dans ma reconstruction, pour pouvoir continuer à avancer, » résume-t-il. « Malgré sa mémoire défaillante, ce qu’il pensait être un plaisir personnel avec les petits jeunes de l’époque détruit des gens. Aujourd’hui j’ai une vie pourrie à cause d’un homme qui ne me reconnait pas, je ne peux pas l’admettre, » conclut-il.


Bernard Preynat revient à la barre pour répondre : « j’ai bien écouté ses difficultés avec beaucoup d’émotions, je ne pense pas être le responsable de tout ce mal, mais j’ai écouté avec beaucoup de respect »

 

16h40 : le cas de Pierre Emmanuel Germain-Thill


L’audience reprend avec le cas de Pierre Emmanuel Germain-Thill : les accusations portent notamment sur des faits d’attouchements sexuels. Bernard Preynat indique se souvenir de la partie civile, se souvenir de lui avoir caressé le sexe, plusieurs fois, sans pour autant se souvenir de scène précise, ni du nombre de fois. « Je ne me souviens pas de la scène ».

« Je reconnais, je reconnais lui avoir caressé le sexe, mais je n’ai pas de raison particulière à expliquer, » répète le mis ne cause. L’ancien scout était enfant de chœur lors des messes à Sainte-Foy-les-Lyon. « La phrase qui tue pour un enfant de mon âge alors qu’il savait que mes parents avaient divorcés : tu es mon préféré, » a déclaré lors de l’enquête l’ancien scout qui accuse aujourd’hui Bernard Preynat. « C’est là que l’emprise a commencé », selon lui. Ce dernier se défend d’avoir su que les parents de Pierre Emmanuel Germain Thill étaient divorcés. « Je ne pense pas avoir dit tu es mon préféré, » précise l’ancien prêtre.

Plus tôt dans la matinée, l’ancien prêtre a également contesté avoir utilisé le terme « chouchou ». Des termes repris par les parties civiles. « Je ne me souviens pas de ces termes que j’aurai pu employer, » indique Preynat. Ce dernier reconnait en revanche qu’il réclamait le secret à ses victimes.
Pierre Emmanuel Germain-Thill indique avoir subi de nombreux attouchements : une cinquantaine de fois. « C’est impossible, » s'exclame Bernard Preynat, « je veux bien aller jusqu’à une dizaine de fois, mais je n’ai jamais reconnu que ça c’était passé une cinquantaine de fois, ce n’est pas le souvenir que j’ai, » affirme-t-il.

Me Haziza demande à Bernard Preynat de « libérer » sa parole, « c’est le moment ! ». « Pourquoi n’êtes-vous pas allé vous-même à la police pour vous dénoncer ? » demande l’avocate un peu plus tard, qui s’interroge sur le fait que le prêtre ait demandé à sa hiérarchie de l’arrêter.

« Pour aller se dénoncer, il fallait le courage que je n’ai pas eu, » résume Bernard Preynat.
 

Pierre Emmanuel Germain Thill appelé à la barre (17h15). Avant de commencer à parler, il fait un geste très symbolique : il ôte de son cou le foulard de scout qu'il arborait depuis le matin. Un foulard qu'il a récemment retrouvé ainsi que des photos. Un geste de libération. 


Enfance et adolescence compliquée, adulte dit à « haut potentiel », échec au bac … PE Germain-Thill affirme qu’il n’était pas très intégré chez les scouts et timide, marqué par l’absence du père. Un père avec lequel il n’a aujourd’hui plus aucun contact. La présidente souligne cependant que depuis 2015, il  a trouvé une certaine stabilité. PE Germain Thill est aujourd’hui coach personnel. « Le fait d’avoir libéré la parole a aidé, » selon lui.
Avec le père Preynat, PE Germain Thill avait trouvé une valorisation : « quand je deviens enfant de chœur ou que j’obtiens un badge de mérite, j’étais fier, » déclare-t-il. Il a finalement retrouvé une relation apaisée avec sa mère il y a quatre ans seulement.
 

En s’adressant à Bernard Preynat « tous les gens qui sont là ont envie de tourner la page, et j’espère que vous aurez la décence de faire comme votre ex-confrère Régis Peyrard, de ne pas faire appel, » conclu Pierre Emmanuel Germain-Thill.
 

Bernard Preynat de retour à la barre « reconnaît toutes les agressions dont il a été question dans le cadre du scoutisme, mais pas celle dans le cadre du collège de la Favorite alors qu’il était enfant de chœur. » Il conteste aussi une agression dans le cadre de la paroisse Saint-Luc alors que PE Germain Thill était enfant de chœur. "Je n'accuse pas les gens de mensonge, je vous dis les souvenirs que j'ai; matériellement je ne vois pas comment les agressions auraient été possibles au moment de la messe," explique Bernard Preynat. Sur le nombre d'agressions, Bernard Preynat se dit "incapable" de donner un chiffre, à la demande du procureur. 
 

16h30 suspension d'audience de 10 minutes

15h40 : Bernard Preynat, un homme tourmenté

 

En milieu d'après-midi, place au cas de Benoît Repoux. Ce dernier a été contacté par François Devaux. Deux faits concernent cette partie civile à Sainte-Foy et en Irlande. « Il était gros, il avait un gros ventre… il se servait de moi pour prendre son plaisir, » a-t-il déclaré lors de l’enquête. « Je n’en ai pas parlé à mes parents». Il a même nié quand ses parents lui ont demandé s’il avait été victime du prêtre. 
Une fois encore, Bernard Preynat fait ses excuses. 

"Le fait d’être attiré sexuellement par des enfants , c’était un problème pour vous ?" demande la présidente à l'ancien prêtre.

" Un de mes éducateurs, quand j’avais 16 ou 17 ans m’avait dit que j’étais un malade ou un anormal, j’aurai préféré qu’on me donne les clefs"…. "J’ai toujours été tourmenté et ça m’a mené ici aujourd’hui," déclare Bernard Preynat.

"Par quel moyen avez-vous réussi à changer ?" demande Me Doyez. "J’avais fait une promesse au Cardinal Decourtray, j’ai tout fait pour mériter cette confiance. Je ne dis pas que je n’ai pas eu des tentations, mais j’ai tout fait pour résister," explique l’ancien prêtre qui répète s’être battu contre lui-même et parle aussi de "honte".

Benoît Repoux à la barre
Cette partie civile explique ne pas avoir pu avoir d’enfant. Un fait qu’il met sur le compte d'une "culpabilité" qui l’a empêché de faire ses choix pleinement. Les actes qu’il a subi ont eu des conséquences insoupçonnées selon lui; jusqu’à sa thérapie engagée après avoir dénoncé les faits. Aujourd'hui Bernard Repoux affirme avoir pardonné à Bernard Preynat avant même de l'avoir revu.  Pour lui "la parole était déjà libérée". Le procès est pour lui une étape sur son chemin, une étape pour avancer.
Aux propos de Benoît Repoux, Bernard Preynat fait encore une fois son " mea culpa ".

"Je lui dit un grand merci de m’avoir donné son pardon, j’espère que j’en serai digne."
 


Reprise de l'audience à 14h30 avec le cas de Jean-François G.

Après le huis-clos, l'audience reprend avec le cas de Jean-François G. Un homme traumatisé. Il situe les faits en 1986 ; « année des succès de l’OL » comme repère de temps. Commence alors le récit des actes de Bernard Preynat sur Jean-François G.… « Les faits se sont arrêtés quand il a quitté les scouts ». Lors de la confrontation durant l'enquête, Bernard Preynat a reconnu les attouchements (caresses sur le sexe). Bernard Preynat reconnait toujours les faits mais ne se souvient pas les baisers sur la bouche. 

Lors de l’instruction, il a repris trois faits distincts, en 1986, en 1989 lors de vacances en Normandie et lors d’un camp en Irlande en 1990. Durant de ce dernier épisode, " j’ai eu la sensation que les adultes savaient ce qui se passait et j’ai eu la sensation qu’un chef scout est venu le déranger pour éviter que je sois victime d’abus," a expliqué lors de l’enquête la partie civile. Les plus âgés savaient-ils quelque chose ? Bernard Preynat l’ignore.
" Je n’ai jamais compris pourquoi je n’arrivais pas à m’enfuir… le père Preynat avait une emprise sur moi, je pense qu’il était conscient de cela" a expliqué Jean-François G. lors de l'enquête. "Je n’avais pas cette impression," retorque aujourd'hui le prévenu.
Jean-François G.; a déclaré durant l'enquête que Bernard Preynat était "malade".  Se considère-t-il comme malade ? "J’ai quitté ma paroisse en 91 comme l’a demandé ma hiérarchie, quand je me suis rendu compte des conséquences de mes actes," explique Preynat. Il indique alors avoir compris que quelque chose n'était "pas normal" chez lui. "J’ai mené un long combat contre moi-même pour ne pas récidiver, comme je l’ai promis à l’archevêque," raconte Bernard Preynat.
Il reconnait la contrainte qu’il a exercée sur le jeune scout. " Si je sentais de la part des enfants une réticence, je m’arrêtais tout de suite…".

Jean-François G. à la barre. Il n’a alerté sa mère qu’après son dépôt de plainte il y a quelques années… L’homme, qui est également passé par une phase de consommation de cannabis, dit aujourd’hui encore être très affecté, même dans des détails très ordinaires: " je n’aime pas qu’on me touche, qu’on me mette la main sur l’épaule, je ne vais pas chez le coiffeur…". Concernant ses enfants, il a des difficultés à l’idée de les confier à un tiers. Jean-François G. indique cependant avoir une vie de couple équilibrée. Un article paru dans la presse locale parlant de La Parole Libérée a été un véritable « électrochoc » . Il a alors cherché à entrer en contact avec l’association.
En 1998, après avoir eu son permis de conduire, il a cherché à voir le père Preynat, mais ce dernier avait changé de paroisse. « Une déception » pour la partie civile. Il a ensuite renoncé à le rencontrer.
Me Doyez s’adresse à Jean-François G. : "vous souvenez-vous de ce que vous avez dit pour les actes survenus en Normandie ? Il ne m’a pas demandé de lui toucher le sexe, je en comprenais pas ce qui se passait… » lisant un extrait de sa déclaration. « Vous ne compreniez pas cette interruption (l'épisode du chef scout qui dérange le Père Preynat lors du camp en Normandie) ? » « Oui, et je ne comprenais pas ce que je faisais dans sa tente, » précise Jean-François G.

Bernard Preynat revient à la barre pour réagir : « Je reconnais ce dont il m’accuse. Comme je l’ai déjà fait au moment de la confrontation, je lui demande pardon pour les conséquences sur sa vie personnelle et familiale, » déclare l’ancien prêtre. La présidente revient sur le fait que Bernard Preynat était attiré selon les experts par des jeunes effacés et timides :  « Je ne pense pas avoir profité de sa timidité pour l’entraîner dans mes turpitudes, » dit-il.
 

Interruption de séance à 12h20.
Les débats reprennent à 13h45.


L'une des parties civiles a formulé une demande de huis clos partiel pour son audition. Une demande au nom du respect de sa vie privée et en raison de sa maladie. Le tribunal examine ce cas à partir de 13h45.
 

11h30 : le tribunal revient sur le cas de Matthieu F.

C'est le cas de Matthieu F. a déposé plainte en 2016, qui est ensuite exposé. Lors de l'enquête, ce dernier a évoqué des caresses et des baisers… mais les souvenirs sont flous, selon la présidente. Bernard Preynat appelé à s'exprimer confirme les caresses mais conteste le reste des faits reprochés : "je n’ai jamais mis la main dans son slip, je ne lui ai jamais touché le sexe, ça j’en suis sûr," affirme le prévenu. "Comment en êtes-vous aussi certain ?" demande la présidente. "Je me souviens bien de lui. Quand sa mère est venue me voir au moment où l’affaire a éclaté, je lui ai dit qu’il n’y avait rien eu de grave," affirme-t-il. Bernard Preynat insiste sur ce fait. 
Bernard Preynat avait-il conscience de commettre une agression sexuelle ? demande l’avocat de Matthieu F. au mis en cause. Bernard Preynat répond par la négative. "Pour moi, c’était des caresses en cachette," se justifie l’ancien prêtre.


Ce dernier reconnait une partie des faits seulement. "Sur Matthieu F. ​​​​​, je reconnais l’avoir souvent caressé. Mais je le redis, je ne lui ai jamais touché le sexe," répète une nouvelle fois Bernard Preynat. Il conteste également la réciproque. Concernant la fréquence des faits, le septuagénaire dit ne plus se rappeler précisement.

Matthieu F. est appelé à la barre peu avant midi.  La présidente l'interroge sur la récurrence des faits: "je suis incapable de dire le nombre de fois que les choses se sont passées, au moins une dizaine de fois," raconte timidement ce dernier. Caresses sous le short, sous le slip ? Le plaignant ne se souvient pas exactement…
Il évoque cependant devant le tribunal le besoin de protéger sa mère, veuve, et les difficultés familiales. Et d’ajouter un peu plus tard : « la possibilité de remettre en cause ces actes était impossible pour moi. En tant qu’enfant, on ne comprend pas vraiment ce qui nous arrive, » affirme-t-il.

Matthieu F. parle aussi d'une « culpabilité » dont il a du mal à sortir. L’ancien bon élève a débuté une thérapie voilà quelques années. Il n’a pas été confronté au Père Preynat avant ce jour.

« Chouchou, privilégié, garder le secret »… autant de termes qui reviennent aussi dans la bouche de Matthieu F., comme dans celle de François Devaux. Me Doyez lui demande si les choses ont évolué pour lui depuis son dépôt de plainte : « ce que j’ai subi, il n’y a qu’un seul responsable, c’est le père Preynat, » réagit le plaignant qui est aussi engagé dans une procédure parallèle contre l'Eglise.

Bernard Preynat à l'issue de ce nouveau témoignage réitère ses regrets: « je ne suis pas d’un tempérament qui exprime facilement ses sentiments mais je suis bouleversé, c’est quelque chose que je ressens profondément. »

10h30 : la parole à François Devaux, première partie civile à s’exprimer


Concernant François Devaux entendu pour la première fois en octobre 2015, la président explique qu'il fait partie des enfants dont "les parents ont été très protecteurs". Un courrier de ses parents figurait dans le dossier du père Preynat au Diocèse. François Devaux a d’emblée déclaré au sujet de Preynat : "son attitude était assez paternaliste, mon père me faisait des calins, le père Preynat aussi… J’étais son chouchou !"
"Mes parents ont voulu me protéger; J’ai été immédiatement retiré des scouts et je n’ai pas été immédiatement informé de ce qu’ils ont faits, des courriers et contacts avec le cardinal Decourtray." François Devaux à la barre évoque également "un sentiment de danger" face à Preynat. 


"Preynat était très admiré," rapporte le co-fondateur de la Parole Libérée, "un enfant cherche l’intérêt,  je voyais cet homme reconnu et adulé... J’étais le protégé de cet homme-là et l’enfant de 10 ans était persuadé d’être à la bonne place."

 

La présidente revient sur l’expertise de François Devaux. Ce dernier explique avoir eu "une scolarité catastrophique". Il évoque notamment une adolescence difficile. La Présidente veut des précisions. François Devaux reste vague : "avant cela, j’étais un enfant plutôt lumineux, d’après ce que l’on m’a dit. Après cela, j’ai vécu une relation très sombre, d’opposition, à la hiérarchie, à l’autorité, une tentative de suicide…". Une tentative de suicide que François Devaux n'a jamais évoqué auparavant.


A la question du procureur sur les faits dont il a été victime "je n’ai pas eu le réflexe de me dire que ce que j’avais vécu était mal. Même quand mes parents l’ont dit j’ai eu du mal à l’accepter (...). On peut faire ce qu’on veut à un gamin de 10 ans, il suffit d’avoir un peu d’autorité et de l’aura".

La question de la responsabilité des parents se pose du côté de la défense.
François Devaux explique que ses parents "ont vécu l’enfer"."Je leur en ai voulu… j’ai eu une réaction sauvage, mon investissement dans cette association en est une illustration mais je ne leur en ai pas voulu de ne pas avoir agi en justice, je ne voulais pas qu’on fasse de mal à ce personnage qui pour moi était quelqu’un de bien. J’avais rompu la confiance établi entre Preynat et moi. Ils ont respecté ma demande de ne pas faire de mal à Preynat… et mes parents ont eu très peur d’une action en justice."

"Croyez-vous Bernard Preynat quand il dit qu’il a arrêté ses agressions ?" demande Me Doyez avec fermeté. "Vous n’avez eu de cesse de donner des pistes au juge d’instruction pour démontrer qu’il ne s’était jamais arrêté".

François Devaux indique avoir eu des informations qui ont été transmises au parquet. Ce dernier n’a pas donné suite. "Ce qui a incité les victimes à témoigner : des faits qui ne se sont pas arrêtés. Moi je défends un homme qui dit avoir cessé ses agissements depuis 91 !" assène Me Doyez.

Lorsque Bernard Preynat revient à la barre pour réagir au témoignage de François Devaux : "je suis assommé par tout ce qu’il vient de dire, je mesure la responsabilité énorme de tout ce qu’il vient de dire, je ressens toutes les conséquences de cet acte que je regrette énormément…"

Sur l’acte unique dont François Devaux se souvient, "Je lui ai enlevé les lunettes pour des baisers sur les yeux et les sourcils." L’ancien prêtre conteste le baiser sur la bouche. 

 

9h45 Bernard Preynat exprime ses regrets à la barre


L'acte d'accusation a été lu la veille, la présidente fait à l'ouverture de la séance un rappel rapide de son parcours; "C’est bien décrit; ma nomination à St Luc, c’est en 1972 (jusqu’en 91), " précise Bernard Preynat. La présidente revient sur la manière dont les faits ont éclaté au grand jour : Alexandre Hezez a le premier dénoncé des faits d’agressions sexuelles entre 81 et 86. Il a écrit à Pierre Durieux : " j’ai croisé le père d’un petit garçon et il a eu cette phrase « toi aussi tu t’es fait tripoter par le père Bernard". Il indiquait avoir révélé ces faits à ses parents mais ces derniers n’ont pas fait de démarche particulière… A partir de sa plainte et la constitution de la Parole Libérée, les faits ont été révélés, la présidente évoque une "démarche originale",

"C’est l’heure des réseaux sociaux qui vous a rattrapé," déclare la président à Bernard Preynat

Ce dernier a été mis en examen en 2016. "Les victimes ont toutes rapporté qu’il n’y avait pas de violences physiques et que vous disiez à chacun qu’il était votre chouchou, et demandé de garder le secret ; les victimes ont mis en évidence votre très forte personnalité qui en imposait à tous, enfants et parents. Vous avez reconnu l’ensemble des faits qui vous sont reprochés ; et fait part de votre attirance pour les jeunes garçons depuis votre jeune âge. Vous n’avez pas contesté que ces attouchements et agressions ont été effectués en continu… » rapporte la Présidente.

"J'ai reconnu les faits qui me sont reprochés. A l’époque je ne me rendais pas compte de la gravité de mes actes et je ne pensais pas aux conséquences sur mes victimes, " répond Bernard Preynat.


Il poursuit : " c’est la réaction des parents qui m’a donné conscience de la gravité de ce que j’avais fait mais il m’a fallu des années pour comprendre. Ces actes étaient des gestes de tendresse dans lesquels je trouvais un certain plaisir mais il m’a fallu du temps pour comprendre que c’était mal étant donné l’âge des enfants…"

«Vous aviez de l’emprise »
retorque la présidente. « Je n’avais pas pris conscience de cette emprise. Certaines victimes ont gardé des contacts avec moi, certains ont demandé que je les marie, que je baptise leurs enfants… explique Bernard Preynat. 
La présidente interroge : "lors de la confrontation avec M. Sylvestre, on vous a demandé les noms des enfants et vous n’avez pas donné les noms …" L'ancien prêtre répond : "Je n’avais pas envie de donner les noms, je ne savais pas qu’elle aurait été leur réaction ; Ce n’est pas évident de dire facilement « je suis attiré par les jeunes garçons, je suis pédophile. Ce ne sont pas des aveux qu’on fait facilement…"
 

Le mouvement des avocats s'invite encore une fois dans le procès 


Le bâtonnier de Lyon rappelle que le barreau est en grève et fait le point sur la situation de crise « les avocats sont soucieux de garder leur indépendance ». Il rappelle que les avocats ont constitué une caisse de retraite « vertueuse » ; le bâtonnier revient sur les enjeux de la grève contre la réforme des retraites : « nous maintenons le mouvement de grève jusqu’au 21 janvier prochain, il est possible que le mouvement soit reconduit ». Le bâtonnier évoque une exaspération très forte de la part de la profession.  
 

 

9h30 le procès de Bernard Preynat reprend ce mardi matin


Me Sarazin toujours absent au procès. 

9h30, les parties civiles et leurs avocats ont pris place dans la salle d'audience. Me Doyez, avocat de Bernard Preynat est également présent.... Bernard Preynat a fait son entrée. L'audience commence à l'instant. La journée doit être consacrée à l'examen des faits. Bernard Preynat doit être confronté à chacune de ses victimes aujourd'hui.
 

 

Une première journée perturbée en raison de la grève des avocats


Lundi matin, alors que débutait le procès de Bernard Preynat devant la 17e Chambre correctionnelle, le bâtonnier du barreau de Lyon Serge Deygas est venu en personne réclamer le renvoi total de ce procès très attendu. Une demande de renvoi motivée par le mouvement de grève des avocats contre la réforme des retraites. Cette requête est intervenue après la lecture de l'acte d'accusation. Finalement, après avoir entendu parties civiles, avocats et accusé, le tribunal a décidé de suspendre l'audience jusqu'au mardi matin, 9h30. 

Le procès va pouvoir suivre son cours

Bernard Preynat, qui reconnaît la plupart des faits, est poursuivi pour des agressions pédophiles commises voici plusieurs décennies, alors qu'il officiait comme vicaire-aumônier scout à Sainte-Foy-Les-Lyon, dans la Métropole de Lyon. De nombreux faits ont été prescrits. Dix victimes mineures au moment des faits se sont constituées partie civile, en plus de cinq associations. Les plaignants, des scouts âgés de 7 à 15 ans à l'époque des faits. 
L'ancien prêtre, réduit à l'état laïc au terme de son procès canonique l'été dernier, encourt jusqu'à 10 ans d'emprisonnement et 150 000 euros d'amende.

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