14 Janvier : deuxième journée du procès de Bernard Preynat devant le tribunal correctionnel de Lyon, consacrée à l'audition des victimes. Des hommes, aujourd'hui adultes, agressés sexuellement par l'ancien prêtre du diocèce de Lyon, lorsqu'ils étaient des enfants. Réactions après ce face-à-face.
Pierre Emmanuel Germain-Thill est arrivé à la reprise de l'audience ce mardi 14 janvier, un foulard de scout autour du cou. Il est l'une des victimes de Bernard Preynat, l'ancien prêtre du diocèse de Lyon, poursuivi pour des agressions sexuelles sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité.
Lorsque vient son tour d'être appelé à la barre, Pierre-Emmanuel retire son foulard. Tout un symbole. Et il déclare : "je veux me libérer de ça, montrer que l'emprise n'est plus là".
#ProcesPreynat #Lyon Pierre Emmanuel Germain-Thill appelé à la barre pour faire face à Bernard Preynat vient de retirer symboliquement le foulard de scout qu'il portait depuis ce matin autour du cou : "je veux me libérer de ça" a-t-il déclaré en l'enlevant.
— France 3 Rhône-Alpes (@F3Rhone_Alpes) January 14, 2020
Pierre-Emmanuel estime avoir subi une cinquantaine d'agressions sexuelles. Bernard Preynat n'en reconnait qu'une dizaine. Mais l'ancien scout maintient son compte : "en cumulant les scouts le samedi, les offices le dimanche à Saint-Luc, plus le collège une fois par semaine, cela commence à faire beaucoup. Une cinquantaine, sur une durée de 3 ans, cela fait une semaine sur trois".
"Preynat ne dit pas toute la vérité" estiment plusieurs victimes
Aux demandes de pardon et déclarations de regret de l'ancien curé et responsable des scouts de Sainte-Foy-lès-Lyon, plusieurs victimes réagissent. L'une d'entre elles déclare avoir pardonné Bernard Preynat avant même de le revoir, en son for intérieur.François Devaux, lui, déclare "ne pas en avoir pensé grand-chose", gêné par "une lecture des faits discordante" entre celle des victimes et celle de Bernard Preynat.
Le président de l'association La Parole Libérée dit "avoir un doute sur le fait que Preynat dise toute la vérité. Je ne suis pas sûr qu'il soit capable de sincérité. Il regrette ? Je suis étanche à cela. Je ne l’apprécie pas plus, pas moins".
Quelques heures plus tôt, François Devaux révèle à la barre une tentative de suicide. "Là j’arrive à un moment où je ne peux plus fuir, je dois étaler ma souffrance et mon préjudice personnel, et je suis très mal à l’aise avec cela".
Des questions sur la responsabilité des parents
Avocat de Bernard Preynat, Me Frédéric Doyez a, dans la matinée, longuement questionné l'une des victimes sur l'attitude des parents. "Pourquoi j'ai questionné ainsi François Devaux ? Parce qu’il y a dans la procédure, des courriers adressés à l’évêque à l’époque. Et il y a notamment un brouillon qui remercie l’évêque d’avoir muté Preynat, qui continue en faisant part d’inquiétudes par rapport à un risque de tentative de suicide, et qui se finit par le parent d’une victime qui « raisonne en chrétien ». Il y a cette idée qu’en présence d’un péché, il faut d’abord penser au pêcheur. Ce qui conduit à une forme de traitement où la justice n’est pas saisie à cette époque."
#ProcèsPreynat : Pourquoi Me Doyez, avocat de B. #Preynat, a -t-il longuement questionné l'une des victimes, François Devaux, sur l'attitude de ses parents à l'époque ? #Lyon pic.twitter.com/2kMcGT3cW8
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Mercredi 15 janvier, le 3ème jour de ce procès débutera avec le témoignage de deux dernières victimes, puis le tribunal se penchera sur la personnalité de Bernard Preynat.