La journée du 14 janvier consacrée à l'audition des victimes a été forte en émotions. Pierre Emmanuel, victime du père Preynat, n’est pas dupe face à son agresseur : "il répond façon papy qui aurait perdu la mémoire."
Mardi 14 janvier au Tribunal correctionnel de Lyon, lorsque Pierre Emmanuel Germain-Thill, est arrivé à la barre, il portait symboliquement son foulard de scout autour du coup, il l’a enlevé devant toute l’assistance et surtout devant Bernard Preynat : "je voulais montrer que l’emprise n’était plus là."
"Ce que je vois, c’est d’abord quelqu’un qui reste très intelligent et très malin, qui tente de minimiser, quelqu’un qui prend la fuite" : Pierre Emmanuel voit le père Preynat "façon papy qui aurait un peu perdu la mémoire". Mais Pierre Emmanuel n’est pas dupe.
A la barre Pierre Emmanuel a pris le temps d’énumérer pas mal de faits, comme "la peur qu’il [Preynat] imposait au sein du collège et de la paroisse Saint-Luc. C’était bien lui le patron ! Tout le monde rasait les murs quand le père Preynat était là, même le prêtre titulaire."
Bernard Preynat, lors de sa prise de parole pendant le procès, dit "qu’il ne se rendait pas compte du mal qu’il faisait". Pour Pierre Emmanuel, "ce n’est pas audible pour aucun d’entre nous, de dire une chose pareille !"
Autre réaction de cette victime qui parle d’une cinquantaine de faits alors que Bernard Preynat, lui, ne parle que d’une dizaine : "quand la procureure a posé la question, lui-même ne l’a pas confirmé. Clairement en regroupant le groupe de scouts, les offices de Saint-Luc, plus le collège une fois par semaine, sur 3 ans d’abus, ça fait quand même beaucoup."
A la question posée, "pensez-vous qu’il dirait toute la vérité ?", Pierre Emmanuel est convaincu "Non il ne dit pas toute la vérité."
Maintenant Pierre Emmanuel se dit soulagé d’avoir passé cette deuxième journée de procès, d’avoir pu affronter le regard de son "bourreau". "Je n’attendais rien de lui parce qu’il est dans une posture fuyante, il ne confirme pas vraiment grand-chose."
Une des victimes de Bernard Preynat a accepté son pardon, mais pour Pierre Emmanuel, c’est impossible : "je pardonne à l’enfant qu’il a été, parce qu’il a été agressé sexuellement voire violé. Par contre, je ne peux pas pardonner à l’adulte, parce que moi-même j’ai été agressé sexuellement par mon prêtre et que je n’ai pas envie de me taper des gamins."