Quelle orientation professionnelle pour les jeunes en situation de handicap ?

Ce jeudi 9 novembre, à Lyon, se déroulait un rendez-vous annuel indispensable pour les jeunes scolaires et étudiants en situation de handicap. Un atelier "découverte des métiers" pour leur offrir un contact direct avec les professionnels. France 3 y a participé. 

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité
Des rencontres inattendues

Au total, pas moins de 200 jeunes ont arpenté les allées de cet atelier. Certains à pied, d'autres en fauteuil roulant, d'autres encore, accompagnés d'interprètes en langue des signes. Tous avec le même objectif : rencontrer les représentants des entreprises, identifiés selon leur branche professionnelle. 
Parmi eux, nous avons reçu la visite de Sami. En faisant, sur son fauteuil, le tour des interlocuteurs disponibles, il a remarqué notre écriteau "Métiers de l'audiovisuel", sans savoir, à priori, ce qu'il pouvait y trouver. Mais avec -tout de même- une idée derrière la tête. 

Nous lui énumérons les différents métiers que comprend la filière audiovisuelle. Journalistes, techniciens, documentalistes, monteurs... Ses yeux s'illuminent. Monteur, ça l'intéresse! Il nous apprend alors que, lui-même, fait un peu de montage, chez lui, à Montélimar... "la ville du nougat", nous précise-t-il. La conversation nous enseigne que Sami est, comme beaucoup des jeunes de son âge, un passionné de jeux vidéos. Il lui arrive, régulièrement de monter des mini tutos, sur la base d'images de jeux, et de les proposer aux abonnés de sa page youtube "Sami le crafteur". "Il faut pas les mettre à l'envers, sinon personne ne comprend rien", tient-il à préciser. Avant de nous quitter, nous lui proposons de postuler pour un stage d'observation au sein de France3, afin, pourquoi pas, de voir si le montage réalisé par des professionnels pourrait l'intéresser pour son avenir. Nous avons un échange sur les possibilités existantes, de nos jours, de travailler avec un matériel à l'ergonomie adaptée. Certains de nos collègues en bénéficient déjà. Alors pourquoi pas lui?


Un peu plus tard, c'est un autre jeune homme qui nous aborde. Très dynamique, il a une idée assez précise de son avenir. Lohann a 14 ans, et souffre d'une dislexie et d'une dyspraxie. Ce qui ne l'a pas empêché de créer, à Lausanne, sa propre radio "LDC" sur internet. "On a des programmes, de la musique, des débats. Et moi je gère le morning en voice-track." nous explique-t-il. Nous sommes bluffés. Lohann a développé son propre média, a même trouvé des petits financeurs pour l'aider. Il a déjà fait des stages dans une télévision locale et d'autres entreprises. Nous n'avons plus grand-chose à lui apprendre. Bénédicte Croly-Labourdette, en charge du développement RH à France 3 Pôle Sud-Est, lui glisse simplement son adresse email, car il souhaite nous faire parvenir une demande de stage.

Interview : "Accueillir un jeune handicapé, c'est valorisant pour l'entreprise. On peut même parler de marque-employeur"

Nicolas Rivier est chargé de mission à l'Association Arpejeh

Yannick Kusy : Arpejeh, c'est quoi ?
Nicolas Rivier : Arpejeh, c'est un acronyme qui signifie "Accompagner la Réalisation des Projets d'Etudes de Jeunes Elèves et Etudiants Handicapés". Son rôle est d'acccompagner, autant que possible les jeunes en situation de handicap vers l'employabilité. En fait, on ne fait pas de recherche d'emploi, car on pense que le travail doit être fait en amont. Les entreprises auront bon mettre du budget sur les missions "handicap" ou le recrutement, il faut que l'on travaille pour accompagner les jeunes dès la 3ème, pour mieux les orienter et qu'ils arrivent, in fine, aux qualifications et aux compétences que les entreprises attendent.

YK : Arpejh se charge donc d'établir un lien entre les entreprises et le monde du handicap ?
NR : Oui, nous sommes vraiment sur l'objectif de la rencontre. Cela parait banal mais en fait c'est ainsi que cela fonctionne. Il existe beaucoup d'informations via l'Onisep sur des plaquettes, etc... mais ce sont des jeunes qui ont vraiment besoin d'être rassurés. Et donc oui, il y a besoin de rencontrer les personnes pour leur dire que, finalement, l'entreprise peut être ouverte aux jeunes en situation de handicap. Pour les question d'orientation, nous avons vraiment besoin d'orientation "terrain" très concrête. Finalement, personne d'autre qu'un journaliste, ou un électro-technicien, par exemple, pourra mieux parler de son métier, de ses contraintes de travail. Cela a énormément de répercussion sur les aménagements possibles de poste de travail par rapport au handicap. C'est difficile pour tout le monde de se ré-orienter mais lorsqu'il y a, en plus, des besoins spécifiques, il est nécessaire de connaître les conditions, le rythme, l'organisation du travail dans l'entreprise. Et cela, ce n'est pas le Conseiller d'orientation qui va nous le dire. C'est vous... les "personnes du terrain".


YK : Quel est l'intérêt pour l'entreprise d'entrer en contact avec des personnes handicapées, voire de leur offrir des stages ?
NR
: C'est d'abord d'avoir un rôle social. On ne peut pas compter juste sur l'Académie pour avoir un rôle de formation. C'est valable au delà du handicap. Si on veut avoir une génération de jeunes qui va vers l'emploi, il faut que les entreprises, les organisations leur tendent la main. C'est donc une nécessité. cela varie selon certains types de secteurs. pour l'industrie, c'est une évidence : c'est comme cela qu'elles recruteront, qu'elles formeront. Ca fait partie de leur culture, cette transmission. C'est aussi une fierté de transmettre aux jeunes sa passion du métier, les informations, les gestes... Cela lui apporte un vivier de futurs collaborateurs qui, en plus, ont été formés en interne, connnaissent un peu mieux les process.
C'est utile aussi pour les entreprises pour se former elle-mêmes. Lorsque l'on parle du handicap,une entreprise peut avoir des apréhensions : "comment faire? puis-je vraiment recruter un handicapé en cdi?" Souvent après avoir accueilli un stagiare (handicapé) beaucoup d'idées reçues tombent.
Ensuite je crois que cela motive les collaborateurs en interne. Cela leur donne un autre aspect de leur appartenance à l'équipe. ils peuvent être fier que leur managers, leur RH, leur donne du temps pour faire autre chose que leur tâche quotidienne. Donner du temps à un jeune, c'est quand même quelquechose qui fait du bien.

YK : Donc c'est valorisant dans tous les sens ?
NR : Par exemple, l'usineur, qui est passé par un CAP...on le valorise...on lui donne la responsabilité pédagogique d'accueillir un jeune. Et il est fier de transmettre... mais on peut même parler de "marque-employeur". une entreprise qui s'engage complètement dans des actions sur le handicaps et auprès des jeunes. Elle aura beau communiquer... on attend du concrêt. Si l'entreprise donne des moyens pour accueillir des jeunes stagiaires... même le salarié sera rassuré. Il se dira "si un jour je suis malade, ils ne vont pas se débarrasser de moi.. c'est important"

Nicolas Rivier est chargé de mission à l'Association Arpejeh

Yannick Kusy : Arpejeh, c'est quoi ?
Nicolas Rivier : Arpejeh, c'est un acronyme qui signifie Accompagner la Réalisation des Projets d'Etudes de Jeunes Elèves et Etudiants Handicapés. Son rôle est d'acccompagner, autant que pososible les jeuens en situation de handicap vers l'employabilité. En fait, on ne fait pas de recherche d'emploi, car on pense que le travail doit être fait en amont. les entreprises auront bon mettre du budget sur les missions "handicap" ou le recrutement, il faut que l'on travaille pour accompagner les jeunes dès la 3ème, pour mieux les orienter et qu'ils arrivent, in fine, aux qualifications et aux compétences que les entreprises attendent.

YK : Arpejh se charge donc d'établir un lien entre les entreprises et le monde du handicap ?
NR : Oui, nous sommes vraiment sur l'objectif de la rencontre. Cela parait banal mais en fait c'est ainsi que cela fonctionne. Il existe beaucoup d'informations via l'Onisep sur des plaquettes, etc... mais ce sont des jeunes qui ont vraiment besoin d'être rassurés. Et donc oui, il y a besoin de rencontrer les personnes pour leur dire que, finalement, l'entreprise peut être ouverte aux jeunes en situation de handicap. pour les question d'orientation, nous avons vraiment besoin d'orientation "terrain" très concrête. Finalement, personne d'autre qu'un journaliste, ou un électro-technicien, par exemple, pourra mieux parler de son métier, de ses contraintes de travail. cela a énormément de répercussion sur les aménagements possibles de poste de travail par rapport au handicap. c'est difficile pour tout le monde de se ré-orienter mais lorsqu'il y a, en plus, des besoins spécifiques, il est nécessaire de connaître les conditions, le rythme, l'organisation du travail dans l'entreprise. Et cela, ce n'est pas le Conseiller d'orientation qui va nous le dire. C'est vous les "personnes du terrain".

YK Quel est l'intérêt pour l'entreprise d'entrer en contact avec des personnes handicapées, voire de leur offrir des stages ?
NR : C'est d'abord d'avoir un rôle social. On ne peut pas compter juste sur l'Académie pour avoir un rôle de formation. C'est valable au delà du handicap. Si on veut avoir une génération de jeunes qui va vers l'emploi, il faut que les entreprises, les organisations leur tendent la main. C'est donc une nécessité. cela varie selon certains types de secteurs. pour l'industrie, c'est une évidence : c'est comme cela qu'elles recruteront, qu'elles formeront. Ca fait partie de leur culture, cette transmission. C'est aussi une fierté de transmettre aux jeunes sa passion du métier, les informations, les gestes... Cela lui apporte un vivier de futurs collaborateurs qui, en plus, ont été formés en interne, connnaissent un peu mieux les process.
C'est utile aussi pour les entreprises pour se former elle-mêmes. Lorsque l'on parle du handicap,une entreprise peut avoir des apréhensions : "comment faire? puis-je vraiment recruter un handicapé en cdi?" Souvent après avoir accueilli un stagiare (handicapé) beaucoup d'idées reçues tombent.
Ensuite je crois que cela motive les collaborateurs en interne. cela leur donne un autre aspect de leur appartenance à l'équipe. ils peuvent être fier que leur managers, leur RH, leur donne du temps pour faire autre chose que leur tâche quotidienne. Donner du temps à un jeune, c'est quand même quelquechose qui fait du bien.

YK : Donc c'est valorisant dans tous les sens ?
NR : Par exemple, l'usineur, qui est passé par un CAP...on le valorise...on lui donne la responsabilité pédagogique d'accueillir un jeune. Et il est fier de transmettre... mais on peut même parler de "marque-employeur". une entreprise qui s'engage complètement dans des actions sur le handicaps et auprès des jeunes. Elle aura beau communiquer... on attend du concrêt. Si l'entreprise donne des moyens pour accueillir des jeunes stagiaires... même le salarié sera rassuré. il se dira "si un jour je suis malade, ils ne vont pas se débarrasser de moi.. c'est important"

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information