Ils ont été entassés sur un terrain, près du Palais des sports de Givors après les inondations du 17 octobre. Que faire de ces milliers de tonnes de déchets récoltés par la Métropole de Lyon ? Qui va payer la note ?
Des gravats, des meubles et de l'électroménager endommagés par la boue, des objets du quotidien rendus inutilisables mais aussi des pneus, des jouets, des vêtements... À Givors, l'eau a charrié des tonnes de déchets. Des détritus ont également été déposés sur la voie publique par les sinistrés du 17 octobre dernier. C'est la métropole de Lyon qui a géré l'urgence et collecté ces immondices pour les stocker sur deux sites. Ces déchets, bien encombrants, attendent toujours d'être évacués. Que vont devenir ces mètres cubes d'immondices en tous genres et quand vont-ils disparaître du paysage ?
Gérer l'urgence
La crue exceptionnelle du mois dernier a encore des conséquences bien visibles Givors. Près du Palais des sports, le terrain sur lequel les déchets ont été déposés a totalement disparu. Des barrières ont été installées pour sécuriser les lieux et de la surveillance a également été organisée.
Risque sanitaire, problème de sécurité, espace public encombré... dans un premier temps, c'est la Métropole de Lyon qui a été contrainte de gérer l'urgence que représentaient ces tonnes de déchets présents dans les rues. Sans attendre une prise en charge de l'Etat. "Face à l'urgence, on ne pouvait pas laisser les habitants et la voirie avec ces déchets. On prend en charge l'urgence de la situation, ce qui nous paraissait indispensable", a expliqué Isabelle Petiot, vice-présidente de la Métropole de Lyon en charge de la propreté.
On répond à l'urgence, on ne peut pas faire autrement. (...) On n'attend pas d'avoir des financements de l'Etat, on gère la situation.
Isabelle PetiotVice-présidente, Métropole de Lyon, en charge de la propreté
"On est sur des quantités exorbitantes et l'ampleur de la situation est assez inédite". L'élue métropolitaine évoque le chiffre de 8000 mètres cubes de déchets entreposés sur les deux terrains. Sans compter les 500 mètres cubes de boues qui ont dû également être évacuées par les services de la métropole. Encore une évaluation à cette heure.
Stockage temporaire
Il fallait sécuriser la voirie et l'espace public au plus vite. Une tâche qui dépassait du champ de compétence de la collectivité, selon la vice-présidente.
"Les déchets amenés pas les habitants dans la rue ont dû être ramassés par la Métropole de Lyon. Ce n'étaient pas forcément notre rôle mais on les a acheminés vers deux terrains : un terrain communal et un terrain de la métropole", a indiqué Isabelle Petiot. Gestion de crise oblige, ce stockage sur les deux terrains de Givors n'est que temporaire.
Ces déchets vont être ensuite triés et on espère en valoriser 70% pour éviter au maximum qu'ils soient envoyés à l'enfouissement.
Isabelle PetiotVice-présidente Métropole de Lyon, en charge de la propreté
L'enlèvement de ces déchets, "c'est une question de jours, voire de semaines", a assuré la vice-présidente qui se veut rassurante. La Métropole dit agir au plus vite malgré cette situation exceptionnelle. "On est hors de notre champ de compétence habituel", rappelle-t-elle.
Qui va payer ?
Une vingtaine d'agents ont été déployés au quotidien pour débarrasser la voirie des déchets déposés par les habitants. "C'est bien au-delà du service habituel que l'on fait à Givors", a indiqué Isabelle Petiot. Concernant les coûts de ces opérations, le bilan n'est pas encore définitif. Mais l'évaluation donne déjà le vertige. Pour la collecte et le traitement de ces déchets à Givors, la facture s'élève déjà à environ 800 000 euros. La facture pourrait encore grimper selon la vice-présidente.
Sur l'ensemble de la métropole, on est sur une enveloppe qui est bien plus conséquente pour recouvrir l'ensemble des dégâts. On est sur 10 millions d'euros.
Isabelle PetiotVice-présidente Métropole de Lyon, en charge de la propreté
Ville, État ou Métropole. Qui va payer la note ? Après la gestion de l'urgence, la commune de Givors, la Métropole de Lyon et les services de l'Etat vont devoir ensuite s'accorder sur la prise en charge de ces déchets. "Les discussions sont déjà en cours, les modalités restent encore à définir.", a assuré Isabelle Petiot. Si des fonds liés aux catastrophes naturelles existent, reste à savoir "combien l'Etat va pouvoir prendre en charge". Mais il est encore trop tôt pour le dire, selon elle. Le 24 octobre dernier, quelques jours après le sinistre, le président écologiste, Bruno Bernard en visite sur les lieux, avait estimé que la Métropole avait déjà largement fait sa part."Ce n'est ni à la commune, ni à la métropole de gérer les déchets qui viennent des habitations sinistrées, avait déclaré le président écologiste, c'est lié aux assurances. Nous aimerions que les assureurs prennent leur part sur ce sinistre".
Le coût de cette catastrophe vient aujourd'hui "s'ajouter aux difficultés financières" des collectivités locales.
Quant aux déchets, leur gestion ne sera pas si simple. Ils devront également être triés. "On espère en valoriser 70% pour éviter au maximum qu'ils soient envoyés à l'enfouissement", a ajouté Isabelle Petiot.
Catastrophe naturelle
Pour les Givordins qui veulent se rendre à la déchèterie de la commune de Grigny, pour se débarrasser gratuitement de leurs derniers déchets, les restrictions ont été levées. "On a fait sauter toutes les limites d'accès : les habitants de Givors qui ont été touchés par la catastrophe naturelle, peuvent aller sans contrainte en déchèterie à Grigny", indique-t-on du côté de la métropole de Lyon. Plus globalement, la métropole compte 19 déchèteries.
Comme 40 autres communes du Rhône et de la Métropole de Lyon, la ville de Givors a été reconnue en état de catastrophe naturelle. Les victimes disposent d'un mois, jusqu'au 4 décembre, pour déclarer leur sinistre auprès de leurs assurances. Les collectivités doivent faire appel à l'Etat et à un fonds de solidarité.