Recherche : la start-up lyonnaise Novadiscovery réinvente les essais cliniques avec des équations mathématiques

Face à la difficulté de recrutement des patients en période de pandémie, de nombreux essais cliniques ont dû être interrompus dans le monde. A Lyon, l'entreprise Novadiscovery innove. Elle propose de simuler les effets d’une ou plusieurs molécules sur une population de patients virtuelle.

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Jamais la recherche n'aura été aussi cruciale. Trouver de nouvelles molécules, des traitements pour les patients est indispensable. La crise liée au nouveau Coronavirus et ses contraintes sanitaires ont malheureusement aggravé la situation. La continuité de la recherche est en effet entravée, désormais, par l'impossibilité de réunir, en milieu hospitalier, les patients test.

Or les firmes pharmaceutiques investissent massivement dans ces recherches, soit entre 17 et 19% de leur chiffre d'affaire annuel. Malheureusement, elles investissent plus d'argent qu'elles n'en gagnent. "Aujourd'hui le paradigme de recherche et de développement de nouvelles thérapies est très inefficace. Et cela coûte cher à l'industrie pharmaceutique : environ 2 milliards d'investissement depuis la recherche fondamentale jusqu'à la mise sur le marché d'un produit pour permettre aux patients d'accéder à de nouvelle thérapie, ce qui prend environ 15 ans. Avec une promesse de succès de l'ordre de... seulement 1 à 5 %" explique le PDG François-Henri Boissel de cette start-up.

Novadiscovery propose une nouvelle méthode

Cette entreprise lyonnaise, fondée en 2010, et composée de 36 salariés -dont l'essentiel sont des ingénieurs spécialisés en biologie et des développeurs informaticiens- propose de révolutionner ces essais cliniques. "On utilise toujours des approches très expérimentalistes, avec une succession d'essais et d'erreurs. Il n'est pas rare, par exemple, que l'on pousse un programme jusqu'à la dernière étape avant sa mise sur le marché... juste avant de s'apercevoir que le projet de nouveau médicament n'est pas nécessairement plus efficace que le traitement qui était déjà proposé depuis une dizaine d'années". Dans un tel cas, il devient très difficile, ensuite, d'obtenir une autorisation de mise sur le marché ou un éventuel remboursement par les organismes payeurs.

Les équations mathématiques en soutien des expérimentations 

En support des tests réalisés "in vivo" (sur des cellules) et "in vitro" (sur des êtres vivants), Novadiscovery propose d'introduire des tests "in Silico" : importer dans les process habituels les sciences de l'ingénieur. L'idée est simple : proposer des technologies prédictives : le traitement et la pathologie sont modélisés sous la forme d’équations mathématiques. L’utilisation de ces données précliniques et cliniques permet, dès le départ, de calibrer puis de valider les hypothèses. "L’in silico permet d'accélérer et dérisquer les essais cliniques. Les échecs sont rapidement écartés et les entreprises pharmaceutiques peuvent se concentrer sur les molécules les plus prometteuses et les profils de patients les plus réceptifs." précise la start-up. "Ce qui permet à ces groupes pharmaceutiques de s'épargner des approches très consommatrices en temps et en argent. "

Un bac à sable digital

Pour y parvenir, Novadiscovery a créé une plateforme nommée "Jinko". "C'est une sorte de bac à sable digital, mis à disposition pour tester de multiples hypothèses, plus rapidement et de façon moins coûteuse." résume François-Henri Boissel. "Soyons clair : les essais cliniques sur les êtres humains ne disparaitront pas. Mais, en amont, on va permettre à nos partenaires de tester un plus grand éventail de scénarios. Ils pourront identifier et prédire ceux qui, à priori, vont fonctionner le mieux. Charge à eux, ensuite, de les valider lors d'essais sur l'homme."  A en croire cette entreprise, il ne s'agit donc pas de bousculer un processus très réglementé, mais simplement de le rendre plus efficace. 

Des contacts pour travailler sur le Coronavirus

Novadiscovery entretient des discussions avec des partenaires potentiels, en Europe et aux Etats-Unis concernant la recherche sur la Covid19, et espère pouvoir présenter un projet dans les mois qui viennent, car ce nouveau coronavirus restera d'actualité "Malheureusement, le problème se représentera, soit à l'occasion d'une seconde vague de contamination, soit d'une mutation du virus, l'an prochain. Les modèles que nous développons sont assez flexibles. On pourrait donc en toute logique être en capacité de réagir assez rapidement sur un covid20 ou même 21".

Une start-up qui intéresse le Ministre de la Santé

Novadiscovery espère pouvoir s'implanter aux Etats-Unis d'ici à la fin de l'année, et s'adresse autant aux grands groupes pharmaceutiques qu'aux entreprises de biotech plus modestes. Récemment, elle a été sélectionnée pour participer au "Start-up tour America", une compétition destinée aux start-up françaises qui souhaitent se développer à l'international. Ses activités intéressent déjà sans doute nos dirigeants. L'actuel ministre de la Santé Olivier Veran avait d'ailleurs rendu visite à cette entreprise prometteuse alors qu'il n'était encore que député, il y a quelques mois. 

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