Accusée d'avoir assassiné ses deux filles de trois et cinq ans en 2018, une mère a avoué, après des mois de dénégation, avoir été à l'origine de leur mort devant la cour d'assises de Lyon. Elle a été condamnée à 28 ans de réclusion criminelle, ce vendredi 17 décembre.
"C'est moi qui ai provoqué cet accident", avait d'emblée déclaré Jamila El Rhoufi lord de son interrogatoire, le jeudi 16 décembre. Jusque là, elle avait toujours nié les faits. La cour d'assises du Rhône a retenu la préméditation pour ce double infanticide commis, en juin 2018, dans l'appartement familial à la caserne de Limonest, près de Lyon. Son mari, un gendarme, s'était absenté pour participer à une épreuve sportive dans les Pyrénées.
"Ce n'est pas une folie meurtrière, ce n'est pas un délire, c'est un acte préparé, calculé, prémédité", a estimé l'avocate générale Charlotte Millon lors de son réquisitoire, réclamant une peine de 30 ans assortie d'une période de sûreté.
Alors qu'elle craignait la mise en place d'une garde alternée dans le cadre du divorce qui se profilait au sein de son couple, la quadragénaire a reconnu avoir asphyxié ses deux filles de trois et cinq ans avec des coussins. Pour l'avocate générale, la responsabilité pénale de l'accusée est "entière", "aucune cause psychique" ne pouvant "excuser et expliquer son passage à l'acte". "La société ne peut pas accepter qu'on enlève la vie par vengeance, qu'on enlève la vie à ses propres enfants", a dit la magistrate, reprochant à l'accusée de mentir "tout le temps" et de se poser "en victime".
Dans leurs plaidoiries, les avocats de la défense ont demandé au jury de tenir compte des aveux et du parcours de l'accusée. "Il lui a fallu de l'énergie et du courage, une lutte interne titanesque pour pouvoir enfin se confier", a plaidé Me Plantevin. Issue d'une famille de sept enfants, Jamila El Rhoufi a été placée en foyer à 16 ans en raison des violences de son père. Tentatives d'enlèvement, projet de mariage forcé, son parcours de jeunesse a été marqué par la brutalité. "Je ne veux pas qu'on la réduise à une mère criminelle par vengeance. Ce n'est pas le ressort essentiel", a ajouté l'avocat, pour qui la mère des fillettes a été "envahie d'une bouffée criminelle" à cause d'une "faille narcissique" et de ses "blessures d'enfance".
Des arguments qui n'ont pas convaincu le jury. Jamila El Rhoufi encourait la réclusion à perpétuité.