Retraité, il redonne vie aux motocyclettes du siècle dernier

Depuis quatre ans, la vie a pris un nouveau tour pour Serge Dechelette, un passionné de motos depuis son adolescence. Mécanicien de formation, il redonne vie à des motos et mobylettes retrouvées dans un piteux état, au fond d'une grange, dans un pré, entièrement rouillées. Après être passées entre ses mains, elles évoquent un autre temps, des années 30 aux années 70.

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Dans l’ancienne boutique qu’il a tenu avec son épouse pendant trente ans, Serge Dechelette bricole les vieilles carcasses sur lesquelles il parvient à mettre la main. Dernièrement, il a dégoté deux motos par des connaissances en Ardèche. Dans un état délabré, il faut le reconnaître. Mais pour Serge, l’aventure n’a de sens que s’il remet sur pied des épaves.

Un "docteur" des motocyclettes

C’est son objectif : redonner vie à des squelettes sur lesquels personne ne parierait un kopeck. Tandis que l’un des machines attend patiemment que le “docteur” se penche sur son cas, une autre est installée depuis des mois sur l’établi autour duquel s’active notre mécano collectionneur“. Je remets un carter d’allumage sur une 125 Terrot de 1950, explique Serge en resserrant un écrou. C’est une connaissance qui me l’a donnée, j’y ai déjà passé un mois. Honnêtement, ça va très vite et j’ai bien avancé, le moteur tourne, je l’ai retouché. Mais le problème c’est d’arriver à trouver des pièces manquantes ! Et ça, ce n’est pas toujours facile. Certaines pièces sont de plus en plus difficiles à trouver, et donc de plus en plus chères. Mais je retrouve tout, avec la patience, je re-fabrique un petit peu, quand je peux”. Parfois, il se tourne vers les blogs spécialisés, les bourses d’échange, où des passionnés comme lui postent des annonces, répondent à d’autres mentionnant telle ou telle recherche de pièces. Et des fois, bingo, ça marche, la pièce est disponible à l’autre bout de la France, celle sur laquelle il misait ses espoirs.  

Cinq motos remises en état par an

Aujourd’hui, il en est à sa 19e moto ou mobylette. Ce qui fait tout de même une moyenne de cinq engins remontés par an. Pas vraiment un rythme à petit régime... Mais l’amour de ces "brelles" l’emporte par-dessus tout ou presque. Car Serge aime encore "vadrouiller" sur sa grosse cylindrée pour descendre ici ou là, dans le Midi parfois. Dans l’atelier qu’il a transformé en mini-musée décoré avec des objets des années 50, il aime passer de l’une à l’autre, les regarder mais aussi y mettre un coup de chiffon doux pour les lustrer. Les bichonner : voilà, entre deux parties de mécanique les mains dans le cambouis, son plaisir. Si bien entendu, toutes ces deux-roues sont un peu ses “bébés”, il y a en quelques-unes qui affectivement sortent du lot. C'est le cas de cette 100 CC, une Automoto de 1933, qui lui plaît du fait de sa forme tout en finesse, réservoir compris, ... Et son frein arrière au pied, eh oui ! “Et sans embrayage, vous montez dessus, vous pédalez, vous partez.” Comme les vélos à assistance électrique d’aujourd'hui, mais ici avec un monteur thermique. Côté mobylettes, son coup de cœur est immédiat. Et penche pour une Peugeot BIMA, une “bicyclette à moteur auxiliaire”, concurrente en son temps du célèbre et fameux Solex à galet de Jacques Tati, moteur placé à l’avant. 

 

J'ai toujours été motard. Je me suis dit qu' en arrivant à la retraite, il fallait que je trouve quelque chose pour m'occuper un petit peu. J'ai retrouvé des passions, refaire de vieilles motos, à l'heure où je veux, aujourd'hui, pas demain ou après-demain peut-être.

Serge, retraité dans le Beaujolais

Patience et passion conjuguée, 

Les moteurs, il avoue les connaître presque tous. À tout le moins ceux qu’il a déjà remontés. En bon horloger, il les reprend pièce par pièce, durite par durite, carburateur par carburateur, vis par vis. Mais il faut être patient. Une patience qu’il a désormais à sa disposition depuis qu’il a pris sa retraite. Avec ce sentiment de ne pas être aux pièces justement. “ Être à la retraite, ça change tout. Je peux faire les choses aujourd’hui, pas demain ou après-demain. Telle ou telle journée consacrée à l’atelier dépend de mes envies du jour, mais je ne vous cacherai pas que je passe beaucoup de temps à retaper mes acquisitions.” Pêle mêle, on croise des Peugeot 102 de 1967, des Italiennes, les Vespino GL, des Drevon Sachs de 1953, une Motoconfort Mobux des années 70, et même une Peugeot de 1929 de 220 CC, une puissance de dingue à l’époque.  

 

Tombé dedans quand il était petit

Tourneur ajusteur de formation quand il avait 14 ans, Serge va rapidement devenir le mécanicien incontournable dans son quartier. Ses amis qui ont une "brelle" viennent le voir pour la faire réparer. Serge le fait volontiers et acquiert une première expérience, “à l’époque, c’étaient des moteurs très simples à réparer ”. Avoir une "mob’" en état de marche, c’était capital pour se déplacer à une époque où les voitures étaient rares, en tous les cas inaccessibles pour la plupart. Puis il sera gareur, autrement dit mécanicien d’entretien et d’ajustement sur les métiers à tisser du textile. Tout cela lui servira pour remettre les motos à niveau, chacune possédant un petit truc, une petite chose, qui deviennent rares. Une page de notre patrimoine en somme qui, grâce à Serge, continue d’exister et de rouler sa bosse.  

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