Le négationniste Robert Faurisson, 88 ans, a été , de nouveau, débouté par la justice face à la journaliste du Monde Ariane Chemin, qui l'avait qualifié de "menteur professionnel", de "falsificateur" et de "faussaire de l'histoire".
Le négationniste Robert Faurisson perd son procès en diffamation contre @ArianeChemin qui l'avait qualifié de "faussaire de l'histoire".
— Grégoire Allix (@gregoireallix) 6 juin 2017
L’exception de vérité
C'est une chose rare, voire exceptionelle. Dans son arrêt, le tribunal correctionnel de Paris a retenu "l'exception de vérité".
L’exception de vérité est un terme juridique du droit français qui indique qu’une personne poursuivie pour diffamation pourrait échapper à une condamnation si elle prouve la vérité de ses allégations. Cette exception de vérité est prévue par l’article 35 de la loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881.
L’exception de vérité est rarement admise à cause de la procédure stricte qu’elle implique, comme la présentation de la preuve dans les 10 jours, et à cause de ses propres exceptions. Cette preuve n'est jamais admise en matière de diffamation raciale.
Dans cette affaire, les juges ont estimé que la journaliste poursuivie apportait la preuve de la véracité de ses propos. Comme le prévoit la loi, cette preuve de la vérité doit être "parfaite, complète et corrélative aux imputations dans toute leur portée et leur signification diffamatoire", rappellent les juges dans leur décision.
En août 2012, dans le cadre d'une série d'articles revenant sur des épisodes de l'histoire du quotidien du soir intitulée "Le jour où Le Monde", le journal était revenu sur la publication d'une tribune du négationniste en 1978.
Pour cet article, Robert Faurisson avait déjà poursuivi le journal et la journaliste pour injure publique, et avait été débouté, en première instance comme en appel.
L'article a été de nouveau publié dans un ouvrage commémorant les 70 ans du Monde, en septembre 2014. Robert Faurisson a encore porté plainte, cette fois pour diffamation.
A la lecture d'une série de décisions de justice concernant Robert Faurisson (en tant que partie civile et comme prévenu) rendues entre 1981 et 2014, le tribunal correctionnel de Paris a estimé qu'il "a bien été condamné pour avoir occulté et travesti la vérité historique".
La chambre de la presse a étendu à l'éditrice du livre, qui était également poursuivie, le bénéfice de l'exception de vérité.
Robert Faurisson persiste
L'ancien maître de conférences à l'université de Lyon II, qui soutient que le génocide des juifs par les nazis est un mensonge destiné à récolter des dommages de guerre, que les chambres à gaz n'ont jamais existé dans les camps et que les déportés y sont morts de maladie et de malnutrition, a été condamné pour contestation de crime contre l'humanité à plusieurs reprises.
Pourtant il continue à défendre les mêmes thèses, et cela même le 9 mai dernier où il fait réference à l'audience qui va l'opposer à Arianne Chemin.
Robert Faurisson a été le premier justiciable français à avoir été condamné en vertu de la loi Gayssot de 1990 visant à réprimer tout acte raciste, antisémite ou xénophobe. Loi qui, note le tribunal, confère à ceux qui persistent à contester l'existence de la Shoah et des chambres à gaz "la double qualité de délinquant et de menteur". Il avait fait un procès à l'ancien ministre Robert Badinter, qui l'avait qualifié de "faussaire de l'Histoire", et avait été débouté en 2007.