Le tribunal correctionnel de Lyon a condamné, mercredi 5 septembre, 5 militants d'extrême droite qui avaient agressé des jeunes gens pour leur appartenance à l'extrême gauche. Le principal prévenu, auteur de coups de couteau sur 2 victimes, a écopé de 2 ans de prison.
Une condamnation plus lourde que la peine requise par la procureure. Alors que celle-ci avait demandé 18 mois de prison dont une partie avec sursis contre l’auteur des coups de couteaux, le principal prévenu a été condamné à deux ans de prison ferme, mercredi 5 septembre, par le tribunal correctionnel de Lyon.
Une rixe entre extrême droite et mouvements de gauche
L’homme, âgé de 27 ans, était accusé d’avoir asséné deux coups de couteaux à deux jeunes garçons, lors d’une rixe qui avait éclaté dans le quartier du Vieux Lyon, le 14 février 2014. Un petit groupe de jeunes, venu fêter un anniversaire dans le quartier, avait été pris à partie par 6 individus issus de l’extrême droite. Membres de réseaux identitaires lyonnais, les agresseurs avaient identifié le groupe d'amis comme étant des militants de la gauche alternative.
Prison ferme et sursis
Sur les 6 agresseurs, 5 comparaissaient devant le tribunal mercredi, alors que le sixième agresseur, mineur, a été condamné par le tribunal pour enfants. Tous ont été reconnus coupables. Outre la condamnation de 24 mois de prison ferme pour l’auteur des coups de couteaux, un autre prévenu a été condamné à une peine de 6 mois de prison ferme. Les trois autres accusés ont écopés de peines allant d’un an de prison avec sursis, à 18 mois de prison dont 9 avec sursis.
Les dérives identitaires à Saint Jean
Le tribunal a fait preuve de fermeté vis-à-vis des prévenus, membres plus ou moins assumés de mouvances d'extrême droite, qui entendaient "faire du quartier Saint-Jean leur territoire", selon la formule de l'avocat des parties civiles, maître Bertrand Sayn. Depuis plusieurs années, des membres du GUD (Groupe Union Défense), du Bastion Social, et des Identitaires, investissent visiblement le quartier, à travers l'implantation de commerces et locaux associatifs notamment. "Ces violences ne sont pas gratuites mais bien politiques, les victimes ont été attaquées pour leurs idées", a plaidé l'avocat des victimes, tandis que ces contradicteurs tentaient de circonscrire les faits à une affaire de droit commun.
Le tribunal s'est concentré sur les faits, mais n'en a pas moins demandé aux prévenus de méditer sur l'affaire Clément Méric, militant antifasciste mort dans une rixe, et dont les agresseurs présumés, issus de l'ultra droite, sont jugés en même temps, à Paris.
Reportage de Sophie Valsecchi et Mathieu Boudet