Michel Chomarat, militant et activiste historique de la communauté gay revient sur plusieurs rencontres avec Robert Badinter à Lyon. En plus de l'abolition de la peine de mort, il restera aussi celui qui a obtenu la dépénalisation de l'homosexualité en 1982.
Robert Badinter était un homme de combats, "un homme qui a lutté jusqu'à la fin" commente avec respect Michel Chomarat. À 75 ans, le Lyonnais, activiste gay et ancien élu du 1er arrondissement de la capitale des Gaulles a de nombreux souvenirs avec Robert Badinter.
"Je l'ai rencontré à plusieurs reprises. Il est venu de nombreuses fois à Lyon rue Sainte Catherine, pour les commémorations de la rafle des familles juives. Lyon a très tristement marqué son histoire..." Pendant la guerre, en effet, la famille Badinter avait quitté Paris pour se réfugier à Lyon, rue Sainte Catherine, où le père de Robert Badinter sera raflé avant d'être déporté. Une histoire qui marquera définitivement l'homme, l'avocat, et le militant acharné des droits de l'homme que devint Robert Badinter.
"Il s'est battu pour la dépénalisation de l'homosexualité car il n'avait pas peur d'être à contre-courant. C'est tellement quelqu'un comme on en rencontre très peu dans un siècle", ajoute Michel Chomarat. Après un court silence, comme si les mots manquaient pour décrire cette vie de combats et l'admiration qu'elle suscite, le militant ajoute : "il avait un courage énorme, quand on est activiste on se bat toute sa vie et c'est ce qu'à fait Robert Badinter".
En 1942, le régime de Vichy avait réintroduit l'homosexualité comme un délit pénal par la loi du 6 août 1942. Un texte du 30 juillet 1960 décrit ensuite l'homosexualité comme un des "fléaux sociaux à combattre" et les peines pour homosexualités sont doublées d'un délit "d'outrage à la pudeur".
Dans les années 80, après l'élection de François Mittérand, la question et portée devant l'Assemblée Nationale par Robert Badinter et Gisèle Halimi.
"L’Assemblée sait quel type de société, toujours marquée par l’arbitraire, l’intolérance, le fanatisme ou le racisme, a constamment pratiqué la chasse à l’homosexualité" déclare robert Badinter devant l'hémicycle. "Cette discrimination et ces répressions sont incompatibles avec les principes d’un grand pays de liberté comme le nôtre. Il n’est que temps de prendre conscience de tout ce que la France doit aux homosexuels comme à tous les autres citoyens dans tant de domaines".Le 27 juillet 1982, la loi est adoptée. Elle restera dans l'histoire comme la loi Forni, du nom du député Raymond Forni, alors président de la commission des lois et futur président de l’Assemblée nationale.
"Les vrais politiques, sont ceux qui s'accrochent à leurs idées même quand ils sentent qu'ils heurent l'opinion publique". Michel Chomarat en sait quelque chose, arrêté à de nombreuses reprises et condamné trois fois entre 1978 et 1981, il poursuit cette lutte politique dans le cadre d'une une proposition a adoptée le 22 novembre en première lecture au Sénat pour réhabiliter les personnes condamnées pour homosexualité en France,
Robert Badinter avait parrainé le premier congrès mondial contre l'homophobie et la transphobie qui s'est déroulé au Quai d'Orsay à Paris le 15 mai 2009.
"Le combat que nous avons lancé et que Robert Badinter a porté continue", estime Michel Chomarat. Il y a quelques mois, dans le courant de l'année 2023, les deux hommes participaient ensemble à une conférence devant des étudiants. Robert Badinter était intervenu à distance, en visio, car son état de santé ne lui permettait pas de se déplacer. "Je me souviens" raconte Michel Chomarat "qu'il a insisté pour dire qu'il fallait se battre pour tous les autres pays où l'homosexualité est toujours condamnée."
Le combat n'est donc jamais terminé c'est une notion que partageaient les deux hommes. En France, l