Laura a l’habitude de se lever aux aurores. Sa passion : la chasse. Une pratique qui séduit de plus en plus de femmes. Une passion qu'elles mettent en avant sur les réseaux sociaux. L'équipe de VOST a suivi la jeune femme et son chien Oslo à travers champs pour recueillir son témoignage.
Avec ses longs cheveux blonds et ses yeux bleus-gris, Laura est féminine jusqu'au bout des ongles. Elle n'économise pas ses sourires. Mais la jeune rhodanienne a un truc en plus : elle aime la chasse et l'affiche clairement sur Instagram.
Chasseuses 2.0 : une tendance en vogue
Ce matin-là, il fait à peine jour. Dans les champs, de la rosée et beaucoup d'humidité. "C'est pas mal. Il y aura pas mal de places chaudes. Il vaut mieux une chasse où il fait froid qu'une chasse où il fait trop chaud. C'est très compliqué pour les chiens de chasser avec la chaleur, il n'y a pas d'odeurs", explique la chasseuse.
Agée de 26 ans, Laura décroche son fusil deux fois par semaine : le jeudi et le dimanche. Par tous les temps. Une passion pour cette lève-tôt qui n'est rebutée ni par le froid, ni par la brume, ni par la pluie.
Des jeunes femmes comme Laura font désormais partie intégrante du paysage cynégétique français. Elles s'imposent même sur les réseaux sociaux, à l'instar de Johanna Clermont, influenceuse. Sur son compte Instagram ou sur Facebook, l'influenceuse poste régulièrement des photos d'elle : tenue vestimentaire à dominante kaki, feutre visé sur sa tête, carabine à la saignée du bras et canon pointé vers le sol. Les photos se suivent mais elles illustrent son tableau de chasse mais pas seulement. Laura affiche surtout de nombreux clichés de son setter anglais nommé Oslo.
Elle est une incarnation de cette jeune génération de chasseuses. Laura est une chasseuse 2.0 qui entend concilier tradition et modernité. Sorte de Diane chasseresse des temps modernes.
La féminité, un atout ?
La chasse, traditionnellement vue comme une activité masculine, se féminise donc depuis quelques années. Une tendance appréciable selon elle. "Il y a une majorité d'hommes mais de plus en plus de femmes chassent. Alors pourquoi pas changer un peu l'image des chasseurs, celle du garçon un peu bourrin parfois..." explique Laura en riant, non sans ironie.
J'ai participé à un concours de beauté, celui de Miss Beaujolais. Etre une princesse le temps d'une soirée, c'est cool mais ce n'étais pas fait pour moi.
Laurachasseuse
Son physique, c'est aussi un "atout", la belle l'admet. Elle est d'ailleurs très régulièrement contactée par des marques pour faire la promotion de vêtements ou d'accessoires. La beauté "ce serait mentir de dire que ça ne sert pas. On peut avoir des partenariats avec des marques de chasse qui souhaitent féminiser la discipline". Et la rajeunir aussi grâce au jeu des réseaux et des influenceurs. Le secteur de la chasse, activité traditionnelle par excellence, n'échappe pas à la tendance 2.0.
"Un vrai moment de bonheur avec mon chien"
"Oslo est arrivé quelques mois après la validation de mon permis. C'est 5 ans de bonheur avec lui à la chasse". Le gibier à plumes, Oslo a ça dans le sang. Il ne dédaigne pas les lièvres non plus. Sa maîtresse est raide dingue de son compagnon à quatre pattes, elle l'avoue. Elle veille sur lui comme sur la prunelle de ses yeux. Oslo a même son petit gilet pour se protéger des barbelés.
Lorsque le duo arpente la campagne pour débusquer faisans, bécasses, perdrix ou canards, c'est la parfaite symbiose. Le gros gibier, c'est une autre affaire. Laura encourage Oslo de la voix. Le chien file comme le vent, remonte les pistes, flaire les traces des oiseaux. Seul le petit grelot accroché à son collier résonne à travers les fourrés. "Lorsque le grelot s'arrête, ça veut dire qu'il a repéré quelque chose", explique-t-elle. Oslo obéit au doigt et à l'œil mais pas toujours. Et si sa maîtresse ne lui prête pas attention parce qu'elle bavarde avec nous, l'animal part chasser "de son côté", en toute indépendance.
La chasse rime avec plaisir simple pour la jeune femme. "Ce que j'aime, c'est être avec mon chien, dans la nature, c'est profiter de moments à deux avec lui. J'adore l'observer chasser. C'est un moment de partage avec les chiens mais aussi avec des chasseurs ou des non-chasseurs", assure-t-elle.
Passion précoce
Pour Laura, cette passion dévorante a débuté dès son plus jeune âge. "Haute comme trois pommes", elle suivait son père. Mais elle ne détient son permis de chasse que depuis 5 ans. Elle espère chasser le plus longtemps possible.
Parallèlement à ce loisir, la jeune femme exerce depuis 7 ans la profession de responsable animalière. Paradoxal? Pas pour Laura qui explique : "on ne peut pas chasser si on n'aime pas les animaux". Mais elle l'admet : "Si je n'avais pas été élevée dans ce milieu de la chasse, compte-tenu de tout ce qu'on voit sur les réseaux sociaux, je pense que j'aurai été contre. Elevée dans ce milieu, c'est différent".
Au début je chassais avec le fusil de mon papa qui était très lourd. Le mien (un Marocchi) est très léger, c'est un calibre 20. Beaucoup disent que c'est un calibre de fille. Moi ça me convient très bien.
Laurachasseuse
Le revers de la médaille : des militants anti-chasse à l'affût parfois très virulents, voire menaçants face à une pratique qui souffre d'une "image pas très glorieuse". "Des menaces de mort, des menaces de s'en prendre au chien, j'en reçois régulièrement sur les réseaux sociaux. Ça peut aller loin mais on en prend, hélas, l'habitude", explique-t-elle, sans sourciller. Laura n'en a cure. Si elle ne se formalise pas, elle préfère tout de même rester discrète. "On a choisi cette passion et on sait que ça peut ne pas plaire à tout le monde. On fait avec," ajoute-elle avec un brin de fatalisme dans la voix. Elle n'en dira pas plus.
Et même si la chasseuse rentre bredouille ce jour-là, sans doute distraite par notre présence, elle garde le sourire : "il y a des journées sans, ça arrive fréquemment. Il ne faut pas croire qu'à la chasse on rentre toujours avec du gibier. Ça n'empêche pas d'en profiter. Et on s'est bien amusé". Et de conclure en riant, sans intention de plomber l'ambiance: "être dans la nature, c'est toujours mieux qu'être devant la télé ou les jeux vidéo".