Sa voiture verbalisée pendant les émeutes, elle n'aura finalement rien à payer

Très mauvaise surprise pour une habitante du centre de Lyon au lendemain des violences urbaines du 30 juillet. Alors qu'elle avait correctement garé son véhicule, Lucie a dû le récupérer à la fourrière. Pire, sa voiture vandalisée a été verbalisée pour stationnement gênant. Depuis un mois, Lucie enchaîne les démarches pour faire annuler ce PV et obtenir un dédommagement.

Lucille Lopes habite en centre-ville de Lyon. Lors des émeutes, qui se sont produites il y a un mois, sa petite voiture a été retournée sur la chaussée. La police municipale l'a verbalisée le 1er juillet dernier et envoyée à la fourrière.

Un mois plus tard et après s'être débattue entre assurance et administrations, elle a finalement obtenu gain de cause. Son PV sera bien annulé et les frais de fourrière devraient être remboursés selon nos confrères du Parisien.

Une nuit agitée place Bellecour

Lucie travaille dans l'hôtellerie restauration dans le 7ᵉ arrondissement. Ses horaires sont très variables, mais souvent tardifs. Elle a donc besoin d'un véhicule pour rentrer chez elle après sa journée de travail. 

Le 30 juin, elle se gare correctement en début de soirée, rue Gasparin dans le 2ᵉ arrondissement de Lyon, une rue qui débouche sur la place Bellecour, théâtre d'affrontements au moment des émeutes.

Au cours de la nuit, les violences urbaines la tiennent éveillée jusqu'à 3h et demi, 4h du matin.

"Il y avait des interpellations place Bellecour, se souvient Lucie, c'était très mouvementé. Lorsque je me suis réveillée le lendemain matin, j'ai reçu sur mon téléphone un tas de notifications d'amis qui ont vu ma voiture sur les réseaux sociaux… "Regarde, on dirait ta voiture !", Et c’était bien ma voiture… Ma Twingo verte".

Lucie sort alors de chez elle à toute hâte, mais rue Gasparin là où était garée sa voiture, point de véhicule. Catastrophée, Lucie est assise en larmes sur le trottoir quand un riverain l'aborde. "Il me résume ce qui est arrivé à ma voiture la veille et le matin. Il a vu toute la scène depuis chez lui. II n’a pas pu filmer quand les émeutiers ont retourné ma voiture, car il y avait énormément de gaz et de fumées dans la rue, il a dû fermer ses fenêtres".

Lucie apprend par le même témoignage qu'elle a manqué la fourrière d'une poignée de minutes.

"Je n’ai reçu aucun appel de la police, ni de la fourrière pour me dire que ma voiture avait été remorquée jusqu’à la fourrière, ni qu'elle avait été endommagée lors des émeutes. Si ma voiture n’avait pas fait le tour des réseaux sociaux, je l’aurais imaginé volée."

Des démarches sans fin et sans effets

Elle se déplace donc au commissariat pour déposer une plainte, mais elle n'est pas la seule : huit heures d'attente avant d'être entendue.Lucie dépose alors une préplainte sur internet et tente d’appeler la fourrière. "Une fois sur place, ils m’ont expliqué que ma voiture n’était plus là ! Un des employés de la fourrière m’a même sermonné, «Mais enfin pourquoi vous êtes vous garée en centre-ville, vous saviez bien ce qui allait se passer !»."

Le véhicule ne se trouvait pas à la fourrière municipale de Lyon, mais à celle de Vaulx-en-Velin.Pour l’aider dans ses démarches, son père a perdu quatre journées de travail, il habite Saint-Étienne. Il a fait quatre allers-retours entre la capitale ligérienne et celle du Rhône.Le véhicule est emmené par le dépanneur de l’assurance de la jeune fille dans un garage à Vénissieux. Un expert a estimé le coût des réparations à 6 000 €.Le véhicule en vaut 1 200 à l’argus.

Les frais de réparations de Lucie, assurée au tiers, ne sont pas pris en charge par son assurance.L’assurance évalue la possibilité de prendre en charge les frais de fourrière qui ont été avancés par Lucie. Le montant s’élève à 186 € (146 € auxquels s'ajoutent 10 € par jour de fourrière).

"Je suis victime de vandalisme et en plus on me demande de payer"

Lucie Lopes

Victime de vandalisme lors des émeutes à Lyon

Cela fait maintenant un mois que Lucie et son père remuent, ciel et terre pour obtenir un dédommagement et contester le PV pour "stationnement gênant".

Une situation kafkaïenne

"Je voulais me constituer partie civile, reprend la jeune femme, je ne peux pas, car il n’y a pas "d’auteur précis" à nommer pour les faits. J’ai rempli un signalement au CIVI (Commission d’indemnisation des victimes d’infractions) pour lequel je suis éligible puisque je gagne moins de 28 000 € par an. Avec mon père, nous avons envoyé un courrier au procureur, un autre au juge délégué des victimes de Lyon, à la préfecture, à la mairie et au pôle circulation qui se trouve à Rennes".

En attendant d'obtenir une quelconque réparation, elle sollicite ses collègues après leur service pour la ramener à son domicile, faute de transports.

"Je n'en finis pas de demander de l'aide, en vain, déplore-t-elle. J’en suis à 40 € de courriers recommandés envoyés avec accusé de réception. Pour l’instant, je n’ai aucune réponse"."Dès le début des émeutes, se souvient-elle, ce sont surtout les commerçants, particulièrement touchés dans le centre-ville de Lyon, qui ont été entendus par les autorités."

Si Lucie comprend la situation des commerçants, elle souhaite que celle des particuliers soit prise en compte, notamment la sienne, qui devient, au fil des semaines, invraisemblable.

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