Le deuxième évêque de Lyon, Saint-Irénée, fait dorénavant partie du groupe très restreint de docteurs de l'Eglise.
Irénée fut évêque de Lyon entre 177 et 202. Il vient d'être reconnu Docteur de l'Eglise de l'unité, un évènement rare dans la Chrétienté. Le Vatican a publié le décret vendredi 21 janvier reconnaissant ainsi la doctrine de la foi transmise par le saint comme particulière et éminente. C'est une reconnaissance très rare.
On connait assez peu de choses de l'homme qui traversa la Méditerranée pour s'installer dans la communauté de Lugdunum au 2e siècle mais il est considéré comme le premier grand théologien de l'Occident…
On trouve dans la personnalité et les écrits du deuxième évêque de Lyon une fraîcheur évangélique dynamisante, joyeuse et lumineuse pour partager la foi aujourd'hui
Frère Elie Ayroulet, vice-doyen de la faculté de théologie de Lyon
Frère Elie Ayroulet, fait partie de ceux qui ont a porté cette proclamation. Le processus a débuté en 2017 sous l'autorité du cardinal Barbarin qui a fait la demande au pape. Ce fut un long processus international de validation au sein de l'Eglise catholique latine qui fit également appel à d'autres églises pour légitimer le titre de docteur de l'unité. Des lettres postulatoires ont ainsi émané de différents patriarcats orthodoxes et du conseil œcuménique des églises incluant des églises protestantes. Autant de symboles pour témoigner de "l'universalité de la réception de la pensée d'Irénée et valider l'opportunité de le reconnaître comme docteur au-delà même de l'église catholique romaine".
Iréné ramène l'église de Lyon à ses origines
Le frère Elie Ayroulet est intarissable sur le saint. Son visage s'illumine dès qu'il parle de son héritage. "Avec Iréné, on touche un peu la tunique de Jésus puisqu'il a été disciple de Polycarpe en Asie mineure, lui-même disciple de Jean, un des douze apôtres. Il y a avec lui quelque chose de la fraîcheur de l'évangile en ces commencements, de son dynamisme, de sa joie et de sa paix aussi partagée par les premiers chrétiens qui, aujourd'hui, peut apporter au sein de l'église de Lyon, un grand bien".
Marcher vers le meilleur pourrait être sa devise
Pour les spécialistes, les écrits de ce Saint décrivent une pensée dont la résonance est encore très contemporaine.
Marie-Laure Chaieb, professeure à l'Université Catholique de Lyon, considère Irénée comme un ardent défenseur de l'anti-sectarisme. Devenu évêque, il veille sur la communauté chrétienne de Lugdunum et de Vienne visées par la persécution en 177. Il voit arriver par le Rhône des gens qui ont un discours déviant, particulier, qu'on appelle les gnostiques qu'il a déjà rencontrés en Orient. Il a voulu comprendre leurs arguments et expliquer aux fidèles pourquoi leurs propos ne sonnent pas juste. Il va écrire un livre de 600 pages pour expliquer ce qui déviait. Ces courants gnostiques voulaient séparer les gens de façon élitiste dans des petits groupes et lui refusait l'idée que le christianisme puisse être réservé à quelques élus.
"Sa façon de faire était de se documenter. Il n'est pas parti en disant les mouvements gnostiques se trompent et on est les seuls à avoir raison. Il a cherché à dialoguer et à comprendre [...]. Il transmet ce qu'il veut sans écraser l'adversaire de façon méprisante. C'est un beau modèle de sagesse".
La rénovation de l'Eglise Saint-Irénée vient tout juste de démarrer. La crypte, où repose son tombeau, va aussi être restaurée et devenir peut-être, à terme, un lieu de pèlerinage…