Le baromètre 2024 du Secours Populaire pointe l'augmentation de la précarité en France. Les personnes interrogées estiment qu'on est pauvre en dessous de 1396 euros par mois pour une personne seule, soit deux euros seulement de moins que le salaire minimum. Dans les épiceries du Secours Populaire, les familles monoparentales et les étudiants sont de plus en plus nombreux.
Un savon : deux points. Un tube de dentifrice : 6 points. Une boîte de champignons en conserve : 4 points. Des points pour faire les courses... Il ne s'agit pas de points cumulés sur une quelconque carte de fidélité mais de la valeur de tel ou tel produit de base, alimentaire ou d'hygiène, dans les rayons de cette épicerie du Secours Populaire, dans le 7ème arrondissement de Lyon. Le nombre de points dont disposent les bénéficiaires, c'est hélas leur degré de précarité qui le détermine, via le quotient familial.
Une aide alimentaire indispensable
Machado est père de famille nombreuse, il a 7 enfants. "Nous sommes 9 à la maison, et ici j'ai 150 points pour faire les courses... Je viens ici depuis un peu plus d'un an. Au début, je venais deux fois par mois, maintenant une seule."
Jessica vient de finir de remplir son chariot de courses. Mère de deux filles de 2 et 6 ans, elle vient ici deux fois par mois. "J'ai commencé à venir ici quand j'étais demandeuse d'asile. Si je n'avais pas cette aide alimentaire, ce serait très compliqué. Ici, je privilégie les produits pour faire plaisir à mes enfants, des gâteaux, des céréales pour le petit déjeuner, des fruits. Et puis la viande, qui est trop chère dans les magasins."
Deux euros de différence entre le smic et le seuil de pauvreté ressenti
Ici, ce sont les bénévoles du Secours Populaire qui remplissent les rayons et aident les bénéficiaires à remplir leur panier. Il faut faire des choix en fonction de son nombre de points et de ses besoins. Arbitrer entre la confiture et les fruits et légumes, entre le gel douche et les céréales du petit-déjeuner. Thierry Delattre est bénévole au Secours Pop, comme il dit, depuis 4 ans. "Il y a de plus en plus de femmes seules avec leurs enfants. Sans oublier les étudiants qui connaissent eux aussi la grande précarité".
Cette augmentation, qui semble inexorable, de la précarité et de la pauvreté, le baromètre annuel du Secours Populaire publié ce 12 septembre 2024 la constate sans appel. Pour les personnes interrogées, une personne seule doit désormais disposer de 1396 euros nets par mois pour ne pas être considérée comme pauvre... soit deux euros seulement de moins que le SMIC. Le seuil officiel de pauvreté reste lui fixé à 1200 euros par mois.
La crainte de tomber dans la pauvreté augmente aussi chez les Français interrogés. 62% d'entre eux ont déjà traversé une période de précarité, soit 4 points de plus qu'en 2023.
Dans le détail, les dépenses d'énergie et les vacances sont les deux postes sur lesquels près d'une personne interrogée sur deux reconnait des difficultés financières.
Les zones rurales ne sont pas épargnées
Le baromètre 2024, d'après une enquête réalisée du 24 au 26 mai 2024 sur un échantillon de 996 personnes interrogées par téléphone, montre que cette précarité a aussi gagné les zones rurales, une pauvreté amplifiée par les inégalités territoriales, les difficultés d'accès aux droits, aux soins ou encore à l'emploi. Pour apporter de l'aide aux zones peu urbanisées, le Secours Populaire du Rhône vient d'ailleurs d’ouvrir une antenne dans le Beaujolais.